Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

botanique (suite)

• Anatomie. Très étudiée par Malpighi et Grew au siècle précédent, l’anatomie fit peu de progrès au xviiie s. Cependant, Joseph Gärtner (1732-1791) donna (1780-1791) un travail d’ensemble sur les graines et les fruits indéhiscents et déhiscents. Antonie Van Leeuwenhoek (1632-1723) décrivit un siècle après Malpighi les différents types de vaisseaux, en particulier les ponctués. La structure interne de la cellule fut annoncée par l’abbé Antonio Conti (1677-1749), qui découvrit à l’intérieur des cellules de Chara les mouvements de cyclose. Caspar Friedrich Wolf (1734-1794) rechercha (1759) l’origine et le mode de formation des cellules. Cet auteur, à la suite de Jung, précisa l’idée que les diverses parties des fleurs pourraient être des feuilles modifiées. W. von Goethe (1749-1832), dans son ouvrage les Recherches sur la métamorphose des plantes, reprit cette théorie avec beaucoup d’ampleur en 1790.

• Agronomie. Jardins botaniques. Au xviiie s., il faut citer en agronomie L. Duhamel du Monceau ; ses ouvrages principaux ont porté sur les fruitiers (Poiriers). André Thouin (1747-1823), professeur de culture au Muséum, put disposer, grâce à une décision de la Convention, de la fameuse collection d’arbres fruitiers provenant des « pépinières des Chartreux » de Paris ; ce fut une des bases des collections vivantes du Muséum ; quelques spécimens subsistent encore dans le domaine de Chèvreloup, près de Versailles. Une des préoccupations majeures de Thouin fut la diffusion en France des plantes exotiques, qu’il rassemblait au jardin du Muséum. Louis Bosc d’Antic (1750-1828) établit, entre autres plantations, une collection de vignes au jardin du Luxembourg. Antoine Parmentier (1737-1813) s’occupa surtout de plantes alimentaires ; on lui doit la vulgarisation en France de la Pomme de terre, qui, quoique introduite depuis 1555, n’était absolument pas considérée, tout au moins dans le Bassin parisien, comme un produit comestible, même pendant les temps de disette.

De nombreux botanistes créèrent des jardins en France, en particulier dans les grands ports, là où les naturalistes revenaient de leurs voyages (Toulon, Brest). En Angleterre, le jardin de Kew fut fondé en 1759 ; d’autres furent établis dans la plupart des grandes villes d’Europe (Francfort, Göttingen, Uppsala, Pise, Florence). Ces jardins permirent de plus en plus la diffusion d’espèces exotiques pouvant servir à l’agriculture, à l’horticulture et à la sylviculture. Les directeurs de jardins commencèrent en même temps la publication des catalogues des espèces cultivées, tradition qui s’est poursuivie depuis lors. Ainsi, on peut citer l’Index seminum hortis musei parisiensis collectorum (catalogue des graines proposées à l’échange avec les autres jardins botaniques), qui paraît depuis 1822 ! C’est aussi à cette époque que fut établi par John Bartram (1699-1777) le premier jardin botanique américain (1798). D’autres jardins furent créés dans l’Hudson et dans la Caroline du Sud ; il s’instaura alors un courant d’échanges permanent de plantes et de graines. C’est pourquoi, à l’heure actuelle, on peut, dans divers jardins (Muséum, Versailles, Rambouillet, Trianon par exemple), rencontrer des spécimens rares ayant même âge et correspondant aux premières introductions en France ou en Europe.


Le xixe siècle

• Évolution. Au fur et à mesure que la connaissance des flores augmentait, le nombre des espèces était devenu très grand et celles-ci étaient de plus en plus difficiles à distinguer les unes des autres. J.-B. Lamarck (1744-1829) se demanda si vraiment les espèces étaient bien immuables et si elles ne pouvaient pas se « transformer » en passant de l’une à l’autre.

Les modifications de l’espèce sous l’action du milieu firent l’objet d’un très grand nombre de recherches en biologie végétale (néo-lamarkisme). On étudia en particulier l’action du milieu souterrain (Julien Costantin [1857-1936]), de l’altitude (Gaston Bonnier [1853-1922]), des climats montagnard et polaire (G. Bonnier, Charles Flahault [1852-1935] et J. Bouget [1869-1953]), du climat marin (P. Lessage), et l’action de l’ombre et du soleil sur la structure des feuilles (Léon Dufour [1860-1942]). Ces études s’étendirent non seulement aux Phanérogames, mais aussi aux Cryptogames (Mousses et Champignons). D’autres expériences faites en laboratoire, ne faisant varier qu’un seul caractère, confirmèrent la plasticité des espèces : disparition du tissu de soutien pour les plantes aériennes submergées (J. Costantin), apparition de feuilles à la place de piquants pour les plantes des lieux arides mises en atmosphère saturée (A. Lothelier), variation de la structure anatomique des feuilles en présence de certains sels dans les milieux de culture. Alexis Jordan (1814-1897), en étudiant des Draba (Crucifères), put montrer que de très nombreux petits caractères étaient héréditaires et qu’ils pouvaient ainsi définir beaucoup d’espèces, toutes bien distinctes. Ces faits, qui, pour lui, étaient la preuve de la fixité de l’espèce, servirent au contraire à Charles Naudin (1815-1899) pour démontrer que ces variations pouvaient se faire brutalement (1852) à partir d’un nombre restreint de types initiaux ; Naudin n’admettait en effet ni les modifications progressives ni l’hérédité constatée par Jordan.

Cette théorie fut reprise par Hugo De Vries (1848-1935), qui l’exposa en se servant des multiples variations qu’il trouva en 1910 dans une population d’Œnothera lamarckiana ; mais ces mutations furent contestées par Mathieu Leclerc du Sablon (1859-1944), qui, tout en acceptant l’idée, montra que, dans ce cas, on était seulement en présence de la disjonction des caractères d’un hybride.

• Systématique.
Phanérogamie. Flores.
Au xixe s., la systématique va se transformer profondément, grâce surtout aux travaux de Darwin* et d’Alfred Russell Wallace (1823-1913), et va essayer de rendre compte de l’évolution des espèces.

On doit à Robert Brown (1773-1858) une très grande amélioration de la classification, car il montra que les Conifères et les Cycadées ont des graines nues et des carpelles sans stigmate. Brown opposa alors, grâce à ce caractère, Angiospermes et Gymnospermes, qui étaient pour lui les deux grands groupes des Phanérogames.