Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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botanique (suite)

En France, les premières flores locales apparurent : Jean Bergeret (1751 - v. 1813) et l’abbé Pourret (1754-1814) écrivirent deux flores des Pyrénées ; Dominique Villars (1745-1814) étudia celle du Dauphiné ; Antoine Gouan (1733-1821) publia une flore de la région de Montpellier. La Flore française de Jean-Baptiste de Lamarck* (1744-1829), parue en 1778, domine toutes les autres par sa précision et son ampleur ; elle est la première à posséder des clefs dichotomiques qui servent à la détermination des espèces.

Dans tous les pays d’Europe, des flores générales et locales furent publiées. D’autre part, de nombreuses études, liées aux découvertes des voyageurs naturalistes furent entreprises dans les pays d’outre-mer.

• Cryptogamie. J. Dillen (Dillenius) [1687-1747] se spécialisa en bryologie et définit les trois grands genres : Hypnum, Bryum et Sphagnum. Le physicien Antoine de Réaumur* (1683-1757) s’intéressa aux « Nostochs » et aux Fucus, et en particulier à leur reproduction. Pierre Bulliard (1752-1793) fit de belles études de systématique sur les Champignons supérieurs. En Suède, Erik Acharius (1757-1819) étudia les lichens et en reconnut plus de huit cents espèces.

• Voyages. Explorations. Flores. Au cours de la croisière de Bougainville* (1766-1769), à laquelle il participa, Philibert Commerson (1727-1773) recueillit de nombreux végétaux au Brésil, en Terre de Feu et dans les principales îles du Pacifique et de l’océan Indien. Les expéditions de Cook* emmenèrent plusieurs botanistes, parmi lesquels Joseph Banks (1743-1820), Daniel Solander (1735-1782) et Reinhold et Georg Forster (respectivement 1729-1798 et 1754-1794). D’autre part, les voyages des naturalistes isolés se multiplièrent, et tous les continents furent visités : l’Amérique du Nord par Michel Sarrazin (1659-1734), André Michaux (1746-1803) et son fils François André (1770-1855), John Clayton (v. 1685-1773) ; l’Amérique du Sud par Louis Feuillet (1660-1732), Joseph Dombey (1742-1794), Joseph de Jussieu (1704-1779)... La flore d’Afrique fut surtout connue grâce à Adanson, qui vécut plus de cinq ans à Fort-Saint-Louis au Sénégal, et à Pierre Poivre (1719-1786) qui visita les îles Moluques, de France, de Bourbon, de la Réunion et de Madagascar, et créa dans les différents lieux de ses résidences de nombreux jardins botaniques. C’est à lui que l’on doit la diffusion de la culture des épices, jusque-là uniquement localisée aux Moluques et dont les Hollandais avaient pratiquement le monopole absolu. Les botanistes Jonas Bergius († 1790), Peter Thunberg (1743-1828) et Francis Masson (1741-1805) étudièrent la flore du Cap.

L’Afrique du Nord fut visitée par Jean Poiret (1775-1834) et René Louiche Desfontaines (1750-1833). Ce dernier collecta un magnifique herbier, base de sa Flora atlantica, qui fut à l’origine de l’herbier général du Muséum, qui comptait alors environ trois cents paquets (leur nombre, à l’heure actuelle, dépasse 30 000).

La Roque (1661-1745) voyagea en Arabie, décrivit, l’un des premiers, le Caféier et en donna les propriétés pharmacodynamiques. Auguste Lippi (1678-1704) étudia la flore de l’Égypte. La Syrie fut visitée par La Billardière, la Turquie par Buxbaum.

Les flores de l’Inde, du Cambodge, de la Cochinchine, de la presqu’île de Malacca, des Comores, de Java, du Japon et de la Chine furent connues dès cette époque. Parmi les botanistes qui travaillèrent sur les plantes des régions exotiques, on peut citer Basile-Valentin, Johannes et Nicolaas Burman, le P. Pierre d’Incarville (1706-1757), à qui l’on doit l’introduction en Europe de nombreuses plantes telles que l’Ailante, le Cedrella, le Gleditschia et cette belle Bignoniacée que Jussieu lui a dédiée sous le nom d’Incarvillea, ainsi que le P. Charlevoix (1682-1761), qui décrivit un des premiers le Ginkgo.

• Sexualité. Les travaux de Camerarius furent poursuivis au xviiie s. grâce aux expériences de Richard Bradley († 1732) sur les fleurs hermaphrodites ; ce dernier réussit les premiers hybrides scientifiques (Œillet, Tulipe). Wilhelm von Gleichen (1717-1783) décrivit la germination du pollen. J. Logan (1654-1751) démontra le rôle du vent dans la fécondation. Kurt Sprengel (1766-1833) expliqua le mécanisme de la fécondation entomophile et y vit une adaptation de la fleur et de l’Insecte ; il montra aussi que la fécondation croisée est souvent de règle même chez les fleurs hermaphrodites. Josef Gottlieb Kölreuter (1733-1806), qui poursuivit ses expériences de fécondation anémophile, effectua de remarquables travaux sur l’interfécondation entre espèces et précisa la notion d’hybrides « fertiles » ou « stériles ». Enfin, John Tuberville Needham (1713-1781) étudia de nombreux pollens et Antonio Vallisnieri (1661-1730) observa la curieuse fécondation (aquatique) de la plante qui porte maintenant son nom. Étienne François Geoffroy (1672-1731) pressentit dès 1714 le transport de substances du grain de pollen à travers le stigmate et le style pour arriver jusqu’à l’ovule ; cette idée fut reprise en 1717 par Sébastien Vaillant (1669-1722) dans son Discours sur la structure des fleurs ainsi que par Bernard de Jussieu. En 1764, G. Russworm identifia aux spermatozoïdes des animaux des « granules » qui se trouvaient à l’intérieur des grains de pollen.

• Physiologie. Au xviiie s., les recherches de physiologie et de chimie des plantes furent dominées par les découvertes de Lavoisier* (1743-1794), qui établit que la putréfaction et la combustion redonnent au milieu extérieur les éléments que le végétal leur avait pris. Joseph Priestley* (1733-1804) mit en évidence l’absorption du gaz carbonique de l’air par les plantes, et Johannes Ingen-Housz (1730-1799) découvrit la photosynthèse. Stephen Hales (1677-1761) précisa le mécanisme de circulation de la sève (action de la chaleur) et compara la quantité d’eau absorbée par les racines et celle émise par les feuilles. Ces travaux furent repris par Jean Étienne Guettard (1715-1786), qui effectua, en outre, des mesures de transpiration pour différents groupes de végétaux. N. Sarabat (1698-1737) mit en évidence le lieu de circulation de la sève brute en faisant absorber, par les végétaux en expérimentation, des jus colorés avec le suc du Phytolacca. L. Duhamel du Monceau, à côté de ses travaux d’agronomie, entreprit aussi des recherches sur les rejets de l’eau sous les formes liquide et gazeuse. Toutes ces idées furent reprises par d’autres chercheurs, tels que Mustel, Nicolas Louis Vauquelin, Augustin Bazin. Les mouvements des plantes, déjà étudiés par Denis Dodart au xviie s., furent l’objet de nouvelles recherches : Linné observa les mouvements de veille et de sommeil (il fonda son horloge de Flore sur ces remarques). Jean Senebier (1742-1809), ayant remarqué que la lumière était le facteur prépondérant pour l’obtention de ces mouvements, put les modifier grâce à l’application d’un éclairage artificiel.