Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Ābādān

V. d’Iran, au fond du golfe Persique ; 300 000 hab.


Îlot industriel implanté artificiellement par une société pétrolière dans un pays sous-développé, Ābādān représente un phénomène urbain unique en Iran.

Au début du xxe s., un village de quelques centaines d’habitants occupait une partie de l’île alluviale d’Ābādān, étirée entre le Bahmanchīr (émissaire du Kārūn) et le Chatt ul-arab. La découverte du pétrole dans le Khūzistān fit apparaître les conditions favorables à l’implantation d’une raffinerie dans l’île, proche du port de Khurramchāhr, au débouché du Kārūn (navigable jusqu’à Ahvāz). La construction de la raffinerie entre 1910 et 1913 provoqua un développement rapide de la localité. La population atteignait 100 000 habitants en 1943 (le quart de cette population était employée dans l’industrie pétrolière), 226 000 en 1956, environ 300 000 en 1965. Toutefois, l’emploi dans la raffinerie n’a pratiquement pas augmenté depuis 1943 : la quantité de pétrole raffiné plafonne légèrement au-dessus de 20 Mt, et la raffinerie ne fait plus guère appel qu’à la moitié de la population active de la ville. Le développement récent est pratiquement indépendant de l’industrie pétrolière. Ābādān a, d’autre part, cessé toutes ses activités portuaires. Le port, accessible seulement aux navires de moins de 20 000 t par le Chatt ul-arab, n’assure plus aujourd’hui l’exportation des produits de la raffinerie ; on utilise depuis 1966 le port artificiel de Bandar Machur, creusé à grands frais dans les alluvions du fond du golfe et accessible aux navires de 40 000 t. Une partie des produits est d’ailleurs dirigée vers l’intérieur du pays, essentiellement par le pipe-line tous-produits Ābādān-Téhéran.

Ābādān fait maintenant surtout figure de centre régional, attirant la population descendue des montagnes du Luristān, du Kurdistān et même du Fārs. Sa zone d’influence sur le plateau iranien approche Ispahan et n’est guère limitée que par celle de Téhéran.

Au centre de la ville s’étend la raffinerie. Les quartiers résidentiels, qui en groupent le personnel, sont d’aspect moderne et de conception planifiée et systématique, mais de niveau social soigneusement délimité. Les cités ouvrières proprement dites (Bahmanchīr, Farāhabād, Bahār, Djamchid) se groupent au nord-est de l’agglomération, à l’arrière de la palmeraie qui longe le Bahmanchīr ; elles alignent des files de petites maisons aux cours closes de murs stricts, encore très adaptées aux habitudes familiales orientales. Les quartiers de cadres moyens (Bawarda au sud) et supérieurs (Park Area et Braim au nord-ouest, près du Chatt ul-arab) présentent un aspect européen aisé avec leurs villas éparses.

Le développement spontané a aggloméré progressivement autour des créations de l’ex-Anglo-Iranian Oil Company des organismes beaucoup plus rudimentaires, sans équipement collectif, à habitat traditionnel beaucoup plus dense, où seul le quadrillage du plan révèle une certaine systématisation : Ābādān-ville, quartier du bazar, qui groupe commerce et artisanat au sud immédiat de la raffinerie ; Ahmadābād, quartier de résidence pauvre à l’est du bazar ; enfin de véritables bidonvilles (Kārūn, Kafīcheh, Abū al-Hasan), qui passent peu à peu à une banlieue rurale dans la palmeraie. À la ville « étrangère » s’est peu à peu soudée une agglomération autochtone spontanée.

X. P.

abattage

Opération primordiale de l’exploitation des mines et des carrières, consistant à fragmenter le terrain en morceaux qui seront chargés dans les engins de transport.



Abattage à l’explosif

Indispensable dans les terrains durs, il est remplacé dans les terrains plus tendres par l’abattage mécanique sans explosif. La frontière entre ces deux méthodes dépend de la puissance des machines capables de mordre dans le terrain. Chaque fois que c’est possible, on évite l’explosif, qui est coûteux et complique les opérations.


Principes d’emploi

Placé dans un trou de mine, l’explosif disloque le volume compris entre ce trou et une surface libre. Il doit se trouver à distance convenable de cette surface : trop loin, il fera camouflet ; trop près, il donnera trop de projections. L’objectif du tir est de fragmenter, non de projeter ni de broyer.

L’efficacité est optimale lorsque le trou de mine est parallèle à une surface libre. En mine souterraine, on cherche à créer, dans le front du chantier, une coupure ou un redent permettant d’avoir les trous parallèles à une surface libre ; en l’absence de redent, ou pour préparer celui-ci, on fore les trous en biais sur le front, mais l’efficacité de l’explosif y est moindre. En carrière, on travaille par gradins presque verticaux ; les trous de mine sont verticaux ou à l’inclinaison du gradin.

Le tir coup par coup est rare. On généralise le tir en volée d’un grand nombre de trous allumés simultanément, ce qui n’exige l’évacuation du chantier que pour chaque volée et améliore l’efficacité de l’explosif ; dans une carrière, la détonation d’une ligne de trous parallèle au gradin disloque la tranche de terrain délimitée par cette ligne, alors qu’un coup isolé n’abat que le dièdre dont il est l’arête. Les détonateurs allumés électriquement, amorces électriques instantanées, ont remplacé les mèches lentes et assurent la simultanéité des détonations. Habituellement, un détonateur est placé dans chaque trou. On peut aussi, en carrière notamment, relier les trous par un cordeau détonant ; il suffit alors d’un détonateur pour la mise à feu de la volée. Si la volée comporte des trous à inégales distances de la surface libre, ceux qui sont situés le plus près doivent détoner les premiers, créant ainsi une nouvelle surface libre utilisée par les trous suivants ; pour cela, on emploie des amorces à retard dans lesquelles une pastille combustible constituant le retard est intercalée entre l’allumette électrique et le détonateur. Les retards ordinaires sont calibrés en demi-secondes. On utilise souvent les microretards échelonnés en centièmes de seconde : l’ébranlement provoqué par les premiers coups n’est pas terminé quand survient la détonation des suivants, d’où une meilleure efficacité. Dans les exploitations à ciel ouvert, on tire avec microretards plusieurs lignes de trous parallèles, réalisant l’abattage de dizaines de milliers de tonnes, parfois un million de tonnes.