Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bonneterie (suite)

Aspects techniques

Dans le tissage chaîne et trame, on obtient une surface textile en entrelaçant deux ensembles de fils, la chaîne et la trame, alors que les surfaces textiles obtenues par les techniques de tricotage sont dues à l’entrelacement de mailles. À moins d’être réalisés à partir de fils extensibles, les tissus chaîne et trame ne présentent que de très faibles allongements à la traction, tandis que les tricots, constitués de mailles, sont beaucoup plus déformables, même s’il ne s’agit pas de fils extensibles. On peut fabriquer les tricots selon deux techniques principales :
— le tricotage trame, ou tricotage à mailles cueillies, qui correspond, dans le cas de tricotage manuel, aux tricots obtenus avec des aiguilles à tricoter ;
— le tricotage chaîne, ou tricotage à mailles jetées, qui correspond aux tricots exécutés au crochet. Suivant le mode de fabrication, les produits de la bonneterie se divisent en deux grandes classes : les articles proportionnés, encore appelés diminués, ou fully fashioned, et les articles coupés cousus.

• Les articles proportionnés sont en quelque sorte façonnés sur le métier lui-même. Grâce à des diminutions et à des augmentations, on fabrique des panneaux présentant, tombé métier, la forme qu’ils auront une fois assemblés. L’avantage résulte de ce que les pertes sont extrêmement limitées (inférieures à 5 p. 100).

• Les articles coupés cousus sont réalisés à partir de tricots fabriqués en pièces. Les métiers rectilignes produisent des pièces ouvertes, tandis que les métiers circulaires produisent des pièces tubulaires. Dans le cas des tricots en pièces, les pertes à la coupe sont assez importantes, mais la production est très élevée et très diversifiée. Il existe en effet de nombreux types de métiers (jersey, côte, interlock, Jacquard) qui permettent la fabrication d’autant de types d’articles distincts. De plus en plus, les bonnetiers sont actuellement amenés à livrer à l’industrie de la confection du tricot en pièces. Parallèlement, on voit se créer de nouvelles entreprises dont les fabrications sont entièrement destinées à la vente au mètre. Les métiers à mailles jetées et ceux à mailles cueillies peuvent être équipés de deux types principaux d’aiguilles : les aiguilles à clapet et les aiguilles à bec.


Comparaison et développement des techniques


Tricoteuses ou métiers rectilignes à aiguilles à clapet

Métiers à mailles cueillies, les tricoteuses sont les machines de bonneterie dont les possibilités sont le plus étendues. Leurs possibilités Jacquard sont les plus complètes. Leur automatisation est très poussée, mais leur productivité est faible. Elles peuvent être utilisées pour la fabrication de panneaux à bord-côte tenant. En raison de leur grande souplesse pour la production de mailles variées, la fabrication de tricots layette est encore en majeure partie assurée par des tricoteuses ou des machines rectilignes à mailles retournées. Certaines fabrications peuvent exiger des possibilités Jacquard si étendues que le tricotage sur rectilignes reste valable même dans des jauges relativement fines comme les jauges 12 ou 14, la jauge correspondant au nombre d’aiguilles pour 1 pouce anglais, soit 25,4 mm ; c’est le cas pour les maillots de bain. Dans le domaine des grosses jauges (jusqu’à 7), ces métiers, même à faible cadence, sont suffisamment productifs pour être rentables, soit en Jacquard (pulls d’hiver), soit pour des articles plus simples tricotés sur machine à main. Les ouvrières, très habiles, produisent sur ces machines des panneaux fantaisie (mailles chargées, mailles coulées, chevalement, etc.). Par poinçonnage, elles font des augmentations et des diminutions pour obtenir des panneaux proportionnés. Les tricoteuses offrent, de plus, la possibilité de la mise en action d’un nombre d’aiguilles correspondant à la largeur du panneau à fabriquer. Cela diminue les pertes à la coupe.

Les tricoteuses à diminutions et augmentations peuvent produire des panneaux proportionnés comme les métiers Cotton, mais avec les avantages des deux fontures, c’est-à-dire avec la possibilité d’une gamme d’échantillonnages très large.

Quoi qu’il en soit, les tricoteuses sont principalement utilisées pour la fabrication de garnitures (col, bord-côte, etc.).


Métiers circulaires

La disposition circulaire des fontures a permis, grâce au mouvement circulaire continu ainsi qu’à la disposition tout autour des fontures d’un grand nombre de chutes (points de tricotage), d’augmenter considérablement la vitesse de production. Cet avantage est toutefois assorti d’un inconvénient. Alors que, sur les métiers rectilignes, le Jacquard intégral est possible par construction, il n’en est pas de même pour les circulaires, et l’obtention d’un motif Jacquard même simple et limité en dimensions est fort délicate et fort complexe sur les métiers circulaires. Les dimensions des motifs obtenus sur métiers circulaires sont donc pendant longtemps demeurées limitées. Malgré de très grands progrès, les dispositifs mécaniques ne permettront vraisemblablement pas la sélection individuelle des aiguilles sans répétition de celle-ci dans une rangée. En revanche, l’utilisation de l’électronique a permis d’y parvenir. Le motif Jacquard peut maintenant avoir toute la largeur de la pièce et pratiquement la hauteur que l’on veut.


Métiers Cotton

Ces métiers, bien qu’étant rectilignes et à mouvements alternatifs, sont très productifs. Les métiers modernes fonctionnent à 80 rangées par minute, ce qui permet de retenir, compte tenu des mouvements de diminutions qui nécessitent un ralentissement, une vitesse pratique de 60 rangées par minute. Cela donne, pour un panneau de 540 rangées, un temps de 9 mn. Chaque tête produira donc les éléments nécessaires à la confection d’un pull-over en 30 mn environ. Sur un métier à 16 têtes on obtient par demi-heure 16 pulls complets. Cette production élevée est rendue plus intéressante encore par l’économie de matière due au fait que les panneaux produits par les métiers Cotton sont proportionnés. Malheureusement, les possibilités de ces métiers sont très limitées, car ils ne permettent de produire que du jersey.

L’avènement des tricoteuses à diminutions, riches en possibilités d’échantillonnages, a provoqué une réaction des constructeurs de métiers Cotton. Ceux-ci se sont ingéniés à trouver des possibilités supplémentaires à leurs métiers et à mettre au point des métiers Cotton à deux fontures à diminutions.