Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Blaue Reiter (Der) (suite)

(Torchok, près de Tver, 1864 - Wiesbaden 1941) est le plus important des artistes russes proches du Blaue Reiter. Il a quitté la carrière d’officier de la garde impériale pour la peinture. Arrivant à Munich en 1896, il y rencontre Kandinsky, mais les influences les plus marquantes qu’il subit sont celles de Gauguin et de Matisse. Peintre de portraits avant tout, il compose par grands aplats colorés, sombres ou stridents. Au cours de la Première Guerre mondiale, il connaît une crise mystique et se consacre dès lors à décrire toujours le même visage, géométrisé à l’extrême.

LES ALLEMANDS


Franz Marc

(Munich 1880 - Verdun 1916) ne découvrira véritablement sa voie propre qu’après la rencontre, en 1910, de Macke et surtout de Kandinsky. Non qu’il ignore les mouvements de l’art moderne, mais parce qu’il ne veut pas sacrifier au seul renouvellement formel la communion qu’il cherche à atteindre avec les forces naturelles. Ce romantique mystique verra dans le Douanier Rousseau un encouragement à conserver la pureté de sa vision, dans Kandinsky l’exemple d’une recherche de la spiritualité au-delà des apparences matérielles, dans Delaunay une proposition technique propre à servir son message. Aussi, du Rêve, de Destins des animaux et de la Tour des chevaux bleus parviendra-t-il à Tyrol (1913-14), où son âme généreuse s’épanouit en énergie pure.


August Macke

(Meschede 1887 - Perthes-les-Hurlus, Marne, 1914) est par excellence le peintre de la promenade sous les arbres, au bord de l’eau, au jardin zoologique ou devant les rutilantes vitrines de modes. Mais sa sensibilité à la couleur, avivée par l’exemple de Delaunay et un voyage en Tunisie, en 1914, avec Klee et le Suisse Louis Moilliet (1880-1962), va le conduire, à la veille de sa mort, à une abstraction éblouie.


Gabriele Münter

(Berlin 1877 - Murnau 1962) a gravement pâti, en tant qu’artiste, du fait d’avoir été jusqu’en 1914 la compagne de Kandinsky, dont elle était devenue l’élève en 1902. Ses paysages bavarois, solidement construits, sont d’un coloris à la fois intense et sourd. On dirait que le dynamisme introduit par Kandinsky dans les mêmes paysages l’a poussée à en souligner le côté hiératique et comme immuable.


Heinrich Campendonk

(1889 - 1957) se situe entre Chagall et Marc, mais il n’a ni l’élégance du premier, ni la sincérité du second. Il s’est installé à Amsterdam en 1933.


Paul Klee*,

en dépit de l’intérêt manifesté pour lui dès cette époque par Herwarth Walden, n’est encore que l’illustrateur ironique et léger de Candide. Mais nul doute que l’amitié de Kandinsky, de Macke et de Marc lui ait beaucoup apporté. Quant à Alfred Kubin, originaire de Bohême (1877-1958), son univers fantastique n’a rien de commun avec l’idéalisme du Blaue Reiter.

Blériot (Louis)

Ingénieur, industriel et aviateur français (Cambrai 1872 - Paris 1936).


Ingénieur de l’École centrale, il se fait d’abord connaître comme constructeur de phares et d’accessoires pour autos, puis, en 1900, il cherche à mettre au point un moteur léger à acide carbonique. Dès 1903, il commence à s’intéresser aux recherches sur les moteurs plus lourds que l’air et, en 1905, il s’associe avec Gabriel Voisin pour réaliser deux grands planeurs, qui sont essayés sur la Seine, remorqués par un canot rapide. En 1907, il construit son premier monoplan, le Canard, muni d’ailes en papier parcheminé verni et propulsé par un moteur « Antoinette » de 24 ch. Après quelques bonds en l’air réussis à Bagatelle les 5, 8 et 15 avril, cet appareil capote le 19 avril et est entièrement détruit. Blériot essaie alors un avion à ailes en tandem, la Libellule, qui ne possède pas de gouvernail de profondeur, le pilote rétablissant l’équilibre en se déplaçant sur un siège à glissière. Expérimenté à Issy, cet avion effectue, entre le 11 juillet et le 6 août, des vols de 25 à 150 m à des hauteurs variant de 4 à 15 m. Le 17 septembre, Blériot vole sur 184 m à 18 m d’altitude, mais écrase son appareil au sol. En 1908, encouragé par ses premiers vols, il abandonne son industrie de phares automobiles et construit le Blériot « VIII bis », qui est le premier appareil muni d’ailerons en bouts d’aile pour améliorer la maniabilité en permettant un contrôle en roulis. Pour gagner du poids, il recouvre son appareil non pas de toile, mais de papier de Chine. Avec cet avion, équipé d’un moteur « Antoinette » de 50 ch, il accomplit, le 31 octobre, le premier voyage aérien de ville à ville et retour, entre Toury et Artenay, dans l’Eure, distantes de 14 km. L’aller est effectué en 11 mn. En 1909, deux nouveaux monoplans succèdent au Blériot « VIII » : le Blériot « IX » et le Blériot « XI ». C’est avec ce dernier, équipé d’un moteur Anzani de 25 ch, qu’est réalisée la première traversée de la Manche à une altitude moyenne de 80 à 100 m. Après une tentative malheureuse du Français Hubert Latham (1883-1912), qui, le 19 juillet, à la suite d’une panne de moteur, dut se poser en mer, où le torpilleur Harpon, chargé de l’escorter, vint le recueillir, Blériot décolle le 25 juillet des Baraques, au sud-ouest de Calais, à 4 h 35 mn et rejoint Douvres à 5 h 12 mn, sur une petite prairie du North Fall Meadow, après avoir couvert 38 km. Il remporte ainsi le prix de 1 000 livres sterling offert par le journal anglais Daily Mail. À partir de 1910, il se consacre essentiellement à son rôle de constructeur et il fonde ses ateliers, qui vont connaître un développement considérable ; de 1910 à 1913, ses appareils remportent de nombreux succès. C’est un aéroplane Blériot qui effectue la première mission de l’aviation en temps de guerre, avec une reconnaissance sur les lignes turques faite, le 22 octobre 1911, par le capitaine Piazza de Tripoli vers Azizia. Le Blériot « XII » est le premier appareil à emmener trois personnes à bord. En 1913, soucieux de supprimer les terrains d’atterrissage et en vue d’une utilisation sur les navires, Blériot fait expérimenter par Adolphe Pégoud (1887-1915) un système d’accrochage en vol des avions à un fil de quelques dizaines de mètres de long tendu entre des mâts, l’avion pouvant se larguer du fil. Pendant la Première Guerre mondiale, il construit la série des « Spad », sur laquelle s’illustrent de nombreux pilotes français, notamment Guynemer. La paix revenue, ses appareils mettent encore à leur actif de belles performances, dont la plus importante est le record de distance en circuit fermé sans escale pour le Blériot « 110 », en 1932, avec 10 601 km.

J. L.