Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Blatte

Insecte à corps aplati, dont plusieurs espèces, appelées communément Cafards ou Cancrelats, vivent dans les habitations et les bateaux.



Écologie

On connaît environ 2 500 espèces de Blattes, surtout répandues dans les régions chaudes du globe ; elles constituent un sous-ordre qui, avec celui des Mantes, forme l’ordre des Dictyoptères. On les rencontre surtout dans les forêts, recherchant l’humidité sous les pierres ou les feuilles mortes ; quelques formes sont cavernicoles et, en Afrique, pullulent dans le guano des grottes ; de rares espèces vivent dans des zones désertiques ; par contre, en Inde, on signale des Blattes aquatiques capables de plonger et de rester immergées.

En France, il n’existe qu’une quinzaine d’espèces de Blattes, parmi lesquelles il faut en citer trois, cosmopolites : Blatta orientalis, Blatella germanica et Periplaneta americana ; ce sont elles que l’on désigne par les noms usuels de Cafards et de Cancrelats. Inféodées à l’homme, elles s’établissent dans les cuisines, les boulangeries, les cales des navires, où elles trouvent leur nourriture ; en plus des dégâts qu’elles commettent dans les réserves, elles les imprègnent d’une odeur désagréable et propagent divers germes microbiens.


Description

Le corps des Blattes est de forme ovale, aplati dorso-ventralement ; sa longueur varie entre 5 et 30 mm chez les espèces françaises, mais, chez certaines formes américaines, comme les Blabera, elle atteint 8 cm ; sa couleur est jaunâtre, brune ou noire.

Souvent recouverte par le prothorax, la tête porte deux longues antennes, fines et multiarticulées, très mobiles, deux yeux à facettes et des pièces buccales broyeuses. Les six pattes, d’un égal développement, se terminent par un tarse à cinq articles et assurent une course rapide. Les ailes antérieures forment des élytres peu épais, sous lesquels les ailes postérieures, aux nombreuses nervures, se replient en éventail ; chez plusieurs espèces, comme Blatta orientalis, la femelle adulte n’a pas d’ailes et les élytres sont réduits à de petites écailles ; mais, même munies d’ailes normalement développées, les Blattes ne volent guère. L’abdomen comprend dix segments, et, chez les deux sexes, les dix tergites sont visibles ; la femelle ne montre que sept sternites, le septième recouvrant les suivants et formant une cavité génitale ; le mâle a neuf sternites et porte à l’arrière deux petits styles, qu’il ne faut pas confondre avec les cerques multiarticulés, présents chez les deux sexes.

Par beaucoup de caractères, les Blattes sont des Insectes primitifs ; elles formaient une part importante de la faune des Insectes du Carbonifère et n’ont guère varié depuis.


Biologie

Le régime alimentaire des Blattes est varié ; dans la nature, celles-ci se nourrissent de débris végétaux ou animaux et, dans les maisons, elles s’attaquent aux diverses denrées et aux papiers. C’est la nuit qu’elles manifestent leur activité maximale. Quelques formes sont xylophages, et, parmi elles, Cryptocercus d’Amérique héberge dans son intestin des Flagellés symbiotes très voisins de ceux que l’on trouve dans le tube digestif des Termites. Par ailleurs, chez toutes les Blattes existe une autre sorte de symbiose : certaines cellules de leur tissu adipeux ont leur cytoplasme bourré de Bactéries (Blattobacterium cuenoti) qui paraissent indispensables au développement des ovaires et des jeunes ; elles contaminent les ovocytes à l’intérieur des ovaires et sont ainsi transmises aux individus de la génération suivante.

La fécondation a lieu après une courte parade nuptiale : le mâle dépose un spermatophore à l’entrée des voies génitales de la femelle. Les œufs sont pondus un à un dans la cavité génitale de celle-ci, et des glandes accessoires façonnent autour d’eux un étui corné ; l’ensemble constitue l’oothèque, qui est expulsé avec, en général, une quarantaine d’œufs. Certaines Blattes (Blabera) sont vivipares et conservent l’oothèque jusqu’à l’éclosion des jeunes.

Les métamorphoses sont progressives, et le jeune subit un nombre élevé de mues (jusqu’à treize). Les pattes s’autotomisent facilement et régénèrent si la croissance n’est pas achevée, mais, alors que les tarses ont normalement cinq articles, ceux qui proviennent d’une régénération n’ont pas plus de quatre articles.

Grâce à la facilité de leur élevage, à leur fécondité, à la grande taille de certaines espèces, les Blattes sont utilisées fréquemment comme animal de laboratoire.

M. D.

Blaue Reiter (Der)

En franç. le Cavalier bleu, groupe artistique allemand.


Sous cette étiquette se produisit en 1911 et en 1912, à Munich, un regroupement d’artistes marqué par deux expositions et la publication d’un almanach. La personnalité des fondateurs, Franz Marc et surtout Vassili Kandinsky* (dont un tableau de 1903 donna son nom au groupe), explique le retentissement d’une activité pourtant éphémère.


Un tournant de l’art moderne

La naissance du groupe Der Blaue Reiter prend pour prétexte l’éclatement de la Neue Künstlervereinigung München (Nouvelle Association des artistes munichois), fondée par Kandinsky en 1909. Au sein de cette association, dont le peintre russe avait voulu faire l’instrument de l’avant-garde picturale dans l’atmosphère réactionnaire de la capitale bavaroise, des divergences apparaissent. En 1911, Kandinsky se retire, entraînant avec lui Alfred Kubin, Franz Marc et Gabriele Münter. Ces événements seraient de peu d’importance s’ils ne correspondaient à la prise de conscience, chez Kandinsky et Marc, de nouvelles possibilités lyriques de la peinture. Kandinsky, en effet, vient tout juste de peindre ses premiers tableaux délivrés de la représentation du monde extérieur et d’écrire son livre Du spirituel dans l’art (lequel paraîtra au début de 1912). Sans s’être au même point affranchi de la tradition figurative, Marc atteint alors à une expression à la fois plus subjective et plus proprement plastique de sa vision d’une nature rédemptrice. Tous deux s’accordent dans cette certitude que l’œuvre d’art doit être le fruit d’une « nécessité intérieure », qui peut d’ailleurs emprunter des registres formels différents pour s’affirmer (ainsi se sentent-ils très proches du Douanier Rousseau*). À ce titre, Der Blaue Reiter est d’abord le manifeste de la liberté créatrice.