Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Birmingham

V. du centre de la Grande-Bretagne ; 1 013 000 hab.


Depuis le recensement de 1951, Birmingham a dépassé Glasgow et est devenue la deuxième cité britannique (après Londres). La ville est flanquée à l’est de deux localités importantes, Solihull (107 000 hab.) et Sutton Coldfield (82 000 hab.), et à l’ouest de cinq grosses agglomérations (Smethwick [121 000 hab.], West Bromwich [167 000 hab.], Walsall [185 000 hab.], Dudley [186 000 hab.] et Wolverhampton [269 000 hab.]), dont l’ensemble constitue le Pays Noir (Black Country). Avec près de 2 800 000 habitants, la conurbation de Birmingham, correspondant au comté urbain des West Midlands, n’est dépassée en Grande-Bretagne que par celle de Londres, et égale celle de Manchester.

Birmingham a une position relativement centrale dans les Midlands de l’Ouest, à égale distance (30 km environ) des rivières Trent, Severn et Avon. Des pointements de roches anciennes, accompagnés de lambeaux de couverture sédimentaire, percent çà et là la plaine des Midlands. Le plus important d’entre eux, le plateau de Birmingham, s’élève jusqu’à 240 m dans les Clent Hills et les Lickey Hills, collines boisées du sud de la conurbation, recherchées comme lieu de détente dominical. La houille affleure largement sur la moitié ouest du plateau, où elle est à l’origine de l’industrie métallurgique du Pays Noir. Le bloc soulevé se termine à l’est par la « faille de Birmingham » ; la lèvre supérieure de la faille donne un net escarpement de grès ; la lèvre affaissée, formée de marnes tendres du Trias creusées par l’érosion, est occupée par les vallées marécageuses de la Rea et de la Tame. Le site primitif de Birmingham était localisé en haut de l’escarpement, dominant un gué de la Rea. Mais la ville a largement débordé le site originel, tant vers l’ouest, sur le plateau, que vers l’est, dans la basse plaine. Birmingham est une des rares villes « millionnaires » du monde à l’écart de la mer ou d’un grand fleuve (la Rea, sous-affluent de la Trent, n’étant qu’un ruisseau, d’ailleurs converti en égout). Des aqueducs longs de plus de 100 km amènent du pays de Galles l’eau nécessaire à la ville.

Sa situation centrale en Angleterre valut à Birmingham de devenir au xviiie s. le centre du système national des canaux ; le premier canal, de Birmingham au Pays Noir, date de 1772. La conurbation est reliée par eau aux trois principales rivières du royaume, la Tamise, la Trent et la Severn (ainsi qu’à la Mersey), mais ces canaux, étroits, coupés d’écluses, n’ont plus qu’un très faible trafic et alimentent surtout en eau industrielle les usines qui les bordent. Birmingham fut reliée par voie ferrée à Liverpool dès 1837, à Londres dès 1838. Les deux voies sont électrifiées depuis 1967, et une autre grande diagonale, de Bristol à Derby et Leeds, les recoupe à Birmingham. La situation centrale explique aussi le rôle actuel de Birmingham comme carrefour d’autoroutes (vers le Lancashire et Glasgow, vers Bristol, vers le Sud gallois et vers la M1 Londres-Leeds, dont un éperon s’avance jusqu’à Coventry). L’aéroport international d’Elmdon est situé sur la route de Coventry. L’abondance des modes de communication ne fait que refléter l’extraordinaire foisonnement industriel de la conurbation.

Birmingham, « le lieu des gens de Beorma », a été fondée à une date inconnue par des colons anglo-saxons. Lors du recensement du Domesday Book en 1086, ce n’était qu’un hameau insignifiant, qui devint un petit centre commercial, doté d’une foire à partir de 1250 ; l’absence de corporations professionnelles fermées y stimula l’esprit d’entreprise et attira des artisans des Midlands. Birmingham devint la troisième ville du Warwickshire en 1327, et la seconde en 1400, n’ayant pourtant que 1 500 habitants au milieu du xvie s.


Le développement industriel

La vocation métallurgique du Pays Noir s’affirma dès le xvie s. On fondait au charbon de bois le minerai de fer interstratifié dans les couches de houille, et on utilisait le charbon pour les forges. Très tôt apparut un partage du travail qui subsiste en gros, le Pays Noir détenant l’extraction du charbon, la sidérurgie et la métallurgie lourde, et Birmingham se réservant les fabrications les plus fines. Mais la conurbation ne produit plus que 6 Mt de charbon et 2 Mt d’acier par an ; le minerai de fer local est épuisé, et l’on obtient les aciers au four électrique à partir de ferrailles. Des gueuses de fonte doivent être importées d’autres régions, la sidérurgie locale ne suffisant pas à la demande.

De nouvelles spécialités vinrent sans cesse enrichir la gamme des fabrications. Déjà réputé au xvie s. pour la fabrication des harnais, des clous et des outils coupants, l’ensemble Birmingham - Pays Noir y ajoutait au xviie s. celle des armes à feu, au xviiie s. la joaillerie, les jouets et bibelots, les boutons, tabatières et boîtes métalliques, les objets de cuivre et de laiton ; il méritait dès lors le titre flatteur d’« atelier du monde ». Sa production s’écoulait en effet facilement tant en Europe que dans les colonies d’Amérique, d’Afrique et d’Asie. L’industrie mécanique connut un grand essor au xixe s., après la fondation par James Watt en 1769 de la première usine de machines à vapeur. À la fin du siècle apparurent les industries du cycle, de l’automobile et de l’appareillage électrique. Toutes ces productions se sont diversifiées au xxe s. et ont été renforcées par les produits des industries aéronautiques, électroniques et des machines-outils. La métallurgie de transformation y est très diversifiée. Et les autres industries, bien que n’employant qu’un quart de la main-d’œuvre industrielle, ne sont pas négligeables (confiserie, brasserie, peintures et produits d’entretien, pneumatiques, confection).

La structure industrielle de la conurbation est caractérisée par le pullulement des petites entreprises, souvent sous-traitantes de firmes plus importantes. Sur près de 10 000 usines et ateliers, 9 000 ont moins de cent employés chacune : une centaine à peine en ont plus de 1 000. Le morcellement et la spécialisation sont particulièrement poussés dans la bijouterie, l’armurerie de chasse, les instruments de musique ; les grandes unités de production l’emportent au contraire dans les industries de l’automobile (où la plus grande usine a 20 000 employés), du pneumatique, des wagons, de la grosse mécanique et du gros appareillage électrique.