Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

biochimie ou chimie biologique (suite)

Quant aux éléments organiques, on peut les classer en deux grands groupes : les hydrates de carbone, composés ternaires de carbone, d’hydrogène et d’oxygène, comprenant les glucides*, ou sucres, et les lipides*, ou graisses ; les protides*, contenant en outre de l’azote, et constitués par des édifices polypeptidiques complexes. Les hydrates de carbone sont d’ailleurs le plus souvent engagés dans les molécules protéiques, les glucides sous forme de glucosides, ou hétérosides, les lipides sous forme de cénapses (liaison entre le lipide et une autre molécule). On peut rattacher à l’un ou l’autre de ces groupes, glucides ou protides, les vitamines*, les antibiotiques*, les enzymes*, les porphyrines, comme l’hémoglobine et la chlorophylle, et la plupart des produits de leurs métabolismes.

Dernière-née des sciences chimiques, la biochimie, le plus souvent grâce à des techniques qui lui sont propres, s’est vite développée. En particulier, les derniers travaux de la chimie moléculaire portant sur les nucléotides (v. nucléiques [acides]) et les enzymes* permettent d’expliquer la plupart des phénomènes génétiques et vitaux.

R. D.


Les grands noms de la biochimie


Konrad Bloch,

v. stéroïdes.


Edwin Cohn,

biologiste américain (New York 1892 - Harvard 1953). Il a étudié les protéines, et, au cours de la Seconde Guerre mondiale, après avoir préparé le plasma sanguin sous forme transportable, il en a réalisé certains fractionnements connus sous le nom de fractions de Cohn.


Carl Ferdinand Cori,

biochimiste tchèque naturalisé américain (Prague 1896). Émigré aux États-Unis il obtint en 1947, avec sa femme Gerty Theresa (Prague 1896 - Saint-Louis, Missouri, 1957), le prix Nobel de physiologie et de médecine pour des travaux sur le métabolisme des glucides, montrant notamment que la première phase de leur décomposition aboutit à l’acide pyruvique.


Francis Harry Compton Crick,

biologiste anglais (Northampton 1916). Il montra avec James D. Watson et Maurice H. F. Wilkins que la structure en hélice de l’acide désoxyribonucléique, ou A. D. N., satisfait aux trois impératifs imposés a priori à une structure héréditaire : pouvoir se reproduire identique à elle-même, subir des transformations brutales au cours de mutations, être capable de contenir une information. Il a reçu le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1962, avec James D. Watson et Maurice H. F. Wilkins.


Georges Denigès,

médecin et pharmacien français (Bordeaux 1859 - id. 1951). Premier titulaire de la chaire de chimie biologique de la faculté de médecine et de pharmacie de Bordeaux, il y enseigna pendant trente-deux ans. Il a découvert une technique d’analyse de la matière organique et différents réactifs spécifiques. On lui doit un précis de chimie analytique et des travaux relatifs à l’analyse des vins, du lait, des urines.


Edward Adelbert Doisy,

biochimiste américain (Hume, Illinois, 1893). Il devint professeur de chimie biologique à la Washington University (1919), puis à la Saint Louis University (1923), toutes deux à Saint Louis (Missouri). Il est connu pour ses travaux sur l’insuline, les vitamines, les hormones et les composés antibiotiques. Il a réussi à préparer la vitamine K à l’état cristallisé, et à en réaliser la synthèse. Il a reçu le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1943.


Jacques Duclaux,

biologiste et chimiste français (Lyon 1877). Préparateur à l’Institut Pasteur, puis professeur de biologie au Collège de France, il étudia les propriétés physiques et chimiques des colloïdes et fit des recherches sur la cellulose, sur les radiations ultraviolettes, la transparence et l’absorption de l’atmosphère. (Acad. des sc., 1939.)


Henri Hérissey,

pharmacien français (Évreux 1873 - id. 1959). Pharmacien des hôpitaux de Paris (1904), titulaire de la chaire de chimie biologique de la faculté de Paris (1930-1943), il devint président de l’Académie de médecine en 1955. Il fit des travaux sur les principes végétaux, notamment sur les glucosides à coumarine. Il étudia également les ferments solubles des champignons, les enzymes hydrolysantes et oxydantes, ce qui le conduisit à réaliser de nombreuses synthèses biochimiques de glucosides.


Frederick Gowland Hopkins,

biochimiste anglais (Eastbourne 1861 - Cambridge 1947). Professeur à Cambridge, il devint président de la Royal Society en 1935. Il étudia les ptérines, le tryptophane et les acides aminés essentiels, le glutathion, et il peut être considéré comme le fondateur de la chimie biologique en Angleterre. Il a reçu le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1929.


Edward Calvin Kendall,

v. stéroïdes.


Albrecht Kossel,

physiologiste et chimiste allemand (Rostock 1853 - Heidelberg 1927). Ses travaux de chimie biologique sur les albuminoïdes et notamment sur les dérivés de l’acide nucléique lui valurent le prix Nobel de chimie en 1910.


Hans Adolf Krebs,

biochimiste allemand (Hildesheim 1900). Émigré en Angleterre en 1934, il se consacra à des travaux fondamentaux sur le métabolisme des glucides qui le conduisirent à décrire un ensemble de phénomènes d’oxydation et de réduction connu depuis sous le nom de cycle de Krebs. Il a reçu le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1953.


Karl Liebermann,

chimiste allemand (Berlin 1842 - id. 1914). Il est surtout connu pour sa synthèse de l’alizarine (1868). On lui doit également divers travaux sur les colorants et les alcaloïdes.


Fritz Albert Lipmann,

biochimiste américain d’origine allemande (Königsberg 1899). Il a partagé le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1953 avec H. Krebs, pour la découverte de la coenzyme A, qui constitue avec l’acide pyrmique une sorte de plaque tournante au centre des métabolismes des glucides, des lipides et des protides.


Feodor Lynen,

biochimiste allemand (Munich 1911). Ses recherches ont amené d’importantes acquisitions concernant le mécanisme et les enzymes impliquées dans le catabolisme des acides gras, la synthèse du squalène, du cholestérol, des stéroïdes. Il a partagé le prix Nobel de physiologie et de médecine avec K. Bloch en 1964.


Michel Machebœuf,

chimiste et médecin français (Châtelguyon 1900 - Paris 1953). Chef de laboratoire à l’Institut Pasteur depuis 1929, il a décrit les cénapses lipido-protidiques (1929) et étudié le mécanisme d’action des antibiotiques ainsi que la dénaturation des protéines.


Tadeusz Reichstein,

biochimiste suisse d’origine polonaise (Włocławek 1897). Il a fait des recherches sur la vitamine C, sur les glucosides et sur les hormones corticosurrénales. Il a reçu le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1950.


James Batcheller Sumner,

biochimiste américain (Canton, Massachusetts, 1887 - Buffalo 1955). Il a découvert que certaines diastases, l’uréase notamment, peuvent cristalliser. Il a partagé le prix Nobel de chimie en 1946 avec W. M. Stanley et J. H. Northrop.


Albert Szent-Györgyi,

v. vitamine.


Arne W. K. Tiselius,

biochimiste suédois (Stockholm 1902 - Uppsala 1971). Il a isolé et identifié par électrophorèse diverses protéines de liquides organiques, tels le sang et le lait. Il a également pu séparer par adsorption divers acides aminés. Il a reçu le prix Nobel de chimie en 1948.


Otto Heinrich Warburg,

physiologiste allemand (Fribourg-en-Brisgau 1883 - Berlin 1970). Il a étudié les phénomènes d’oxydation au niveau de la cellule et a reconnu la nature et la fonction du pigment respiratoire ferrugineux. Il a reçu le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1931.