Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bile (suite)

Chirurgie du sphincter d’Oddi

Il est possible d’aborder la terminaison du canal cholédoque en ouvrant la deuxième portion du duodénum (duodénotomie) en regard de son abouchement. Après avoir repéré la papille, on réalise une sphinctérotomie en sectionnant tout ou partie du sphincter d’Oddi. Cette intervention est utile pour extraire un petit calcul « enclavé » dans l’ampoule de Vater, pour explorer la voie biliaire de « bas en haut », pour traiter une « oddite », qui accompagne parfois une lithiase vésiculaire, enfin pour explorer le canal de Wirsung : mais elle ne doit être réalisée qu’en cas de nécessité absolue, en raison du risque de pancréatite aiguë postopératoire.


Anastomoses bilio-digestives

Lorsqu’il existe un obstacle à l’écoulement de la bile dans le duodénum, responsable d’un ictère, et que cet obstacle est inextirpable chirurgicalement ou risque de se reproduire après son exérèse, il est possible de réaliser une dérivation de la bile dans le tube digestif, en réalisant un véritable court-circuit de la lésion (cancer de la tête du pancréas, oddite, pancréatite chronique, empierrement du cholédoque). Cette dérivation entraîne la disparition de l’ictère et de ses conséquences physiopathologiques (troubles de la coagulation, retentissement sur la cellule hépatique, etc.). Selon l’affection en cause et son niveau sur la voie biliaire, la voie de dérivation utilisée sur le tractus biliaire peut être la vésicule, le cholédoque ou l’hépatique, voire même les voies biliaires intra-hépatiques. L’organe ainsi choisi est alors anastomosé, selon les cas, à l’estomac, au duodénum ou à une anse de l’intestin grêle. Ainsi, on réalise une cholécystogastrostomie, une cholécystoduodénostomie, etc.

Les meilleures anastomoses bilio-digestives sont l’anastomose cholédocho-duodénale (cholédochoduodénostomie) et cholédocho-jéjunale (cholédochojéjunostomie). Cette dernière utilise le principe fréquemment employé en chirurgie digestive de l’anse jéjunale exclue en Y, à la Roux. Ce montage met à l’abri du reflux du liquide digestif dans les voies biliaires, reflux responsable de leur inflammation (angiocholite).


Radiomanométrie biliaire peropératoire

La réalisation de radiographies de la voie biliaire principale doit faire partie de toute opération sur les voies biliaires : elle se réalise avec un appareil qui permet tout à la fois de faire passer du produit opaque en goutte à goutte et de mesurer les pressions qui règnent dans l’hépatocholédoque (pression de « remplissage », pression de « passage » du sphincter d’Oddi). Pour l’injection du produit opaque, on utilise une canule courbe ou une aiguille, qu’on introduit dans le canal cholédoque ou dans la vésicule si elle n’est pas encore enlevée. On prend habituellement trois à cinq clichés à des pressions croissantes et l’on étudie sur cette série de radios l’aspect de tout l’arbre biliaire, y compris les voies biliaires intrahépatiques, sa forme, son calibre, l’aspect du sphincter d’Oddi, l’existence de calculs ou de tout autre obstacle sur la voie biliaire. On peut, avec profit, utiliser une installation de radioscopie télévisée pour suivre la progression du liquide opaque.

Ph. de L.

bilinguisme

Au sens étroit, situation linguistique des individus ayant acquis, avant l’âge de cinq ou six ans, l’aptitude à parler deux langues différentes. Au sens large, ensemble des phénomènes linguistiques, psychologiques et sociaux liés aux « contacts » des langues qu’un individu ou une collectivité utilisent simultanément, compte tenu des circonstances ou des interlocuteurs. On parle enfin de bilinguisme quand un État comprend des populations de langues différentes. Notons aussi que le mot, bien qu’il ne désigne qu’un cas particulier (le plus général) du plurilinguisme, s’emploie couramment à la place de ce dernier vocable.



Les formes du bilinguisme

En supposant que l’on puisse imaginer une situation où les aires géographiques des langues seraient nettement délimitées (ce qui est contraire, sans doute, à la réalité) [v. dialecte], de nombreux facteurs peuvent conduire une population à parler une langue autre que la sienne. Le plus fréquent est le voisinage de peuples utilisant des parlers différents, mais procédant entre eux à des échanges : c’est d’abord aux frontières linguistiques que se développe le bilinguisme. Les événements politiques et militaires (invasion, installation permanente de populations étrangères, introduction par une puissance colonisatrice d’une administration) ont été, à l’époque récente, source de bilinguisme en Afrique et en Inde. Conséquence des migrations de populations, des familles entières, regroupées parfois en collectivités plus importantes, ont été conduites à vivre dans des pays étrangers, donc à utiliser d’une part la langue de leur pays d’origine pour les relations intérieures au groupe, d’autre part la langue du pays d’adoption pour les relations extérieures au groupe (communautés juives un peu partout dans le monde, travailleurs africains en France, portoricains aux États-Unis, etc.).

À ces phénomènes, qui touchent des communautés entières, s’ajoutent deux formes de bilinguisme individuel. C’est d’abord le bilinguisme de l’ingénieur français qui sait l’anglais et va souvent en Grande-Bretagne pour des raisons professionnelles ; les exemples les plus célèbres sont ceux de polyglottes parlant couramment un grand nombre de langues. Mais la forme élémentaire se rencontre à l’école, quand on obtient ou essaie d’obtenir que des enfants apprennent et utilisent couramment une langue étrangère.

Les avantages de la connaissance des langues vivantes ont donné naissance, sous le nom de bilinguisme, à un mouvement qui veut que la langue cesse d’être un « obstacle » et devienne un « lien ». Pour cela, l’apprentissage d’une ou de deux langues vivantes étrangères devrait se faire en même temps que celui de la langue maternelle (c’est-à-dire avant l’âge scolaire) et dans des conditions reconstituant l’environnement spécifique de l’apprentissage d’une langue maternelle (écoles ou villages où tout le monde parlerait la langue étrangère choisie). Le coût d’un tel apprentissage conduit à se contenter d’écoles où l’on enseigne très tôt les langues vivantes et où une grande partie de l’enseignement général est donnée dans une langue étrangère. (Des expériences sont tentées en France ; l’U. R. S. S. a créé de nombreuses « écoles spéciales » de langues vivantes sur ce type.)