Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Béziers (suite)

Mais Fouga, la plus grande usine du bas Languedoc de l’après-guerre, a déposé son bilan en 1956 ; les industries survivantes restent liées au vignoble, et l’essentiel des activités urbaines repose sur le commerce du vin et la desserte des campagnes viticoles, centres secondaires comme Pézenas ou Bédarieux, gros bourgs comme Capestang ou Servian. Au centre d’un Biterrois peuplé mais à la population vieillie malgré l’apport massif d’immigrés espagnols, l’avenir de la ville reste subordonné à la prospérité du vignoble ; dans cette région de monoculture, on ne retrouve pas le dynamisme du Languedoc oriental.

R. D. et R. F.

➙ Hérault (département de l’).

Bhoutan ou Bhutān

Royaume d’Asie, au nord-est de l’Inde, environ 50 000 km2 ; 1 035 000 hab. Capit. Thimbu et Punākha.


Le Bhoutan est un État exclusivement himalayen. Occupé au xviiie s. par des bandes tibétaines, vassal de l’Inde à partir de 1865, dirigé depuis 1907 par un mahārāja héréditaire, il est soumis à un semi-protectorat indien, après avoir été contrôlé par les Britanniques (1910-1949).


Le milieu

• Les Duars sont la zone préhimalayenne, en bordure des plaines de l’Assam. Constitués par des formations détritiques récentes, ils s’étendent sur une profondeur de 12 à 15 km et sont limités au nord par les escarpements vigoureux du Moyen Himālaya. C’est une zone de collines et de plateaux d’environ 400 m d’altitude, au sol graveleux, coupée de gorges profondes. Le climat a la forte humidité du climat assamais (plusieurs mètres de pluies par an). La végétation consiste surtout en une savane épaisse ou une jungle de bambous. Région traditionnellement malsaine, peuplée de bêtes sauvages (éléphants, daims, tigres, etc.), les Duars sont restés inhabités jusqu’à une époque récente ; ils ont contribué à l’isolement du Bhoutan.

• Le Moyen Himālaya est formé de montagnes d’altitude médiocre, généralement inférieure à 3 000 m. Constitué par des éperons du Grand Himālaya et par plusieurs grandes vallées qui sont les parties les plus vivantes du Bhoutan, il se divise en deux régions que sépare le puissant massif de la Montagne-Noire (5 475 m), limite ethnographique et politique. À l’ouest de celle-ci s’étend le Bhoutan classique, foyer d’une vieille civilisation, développée dans les trois vallées parallèles de la Torsa, de la Raidak et de la Sankosh. À l’est, un autre Bhoutan, assez différent, s’est développé dans le faisceau des vallées affluentes de la Manas. Ce milieu du Moyen Himālaya est favorable aux établissements humains par ses larges vallées au sol fertile et par son climat sain. La plus grande partie appartient en effet à l’étage montagnard (entre 1 000 et 2 000 m), au climat tropical atténué ; les précipitations, qui atteignent 5 à 6 m sur les massifs de la bordure méridionale, sont beaucoup plus modérées dans les vallées intérieures.

• Le Grand Himālaya est la haute chaîne dont les sommets atteignent de 6 000 à 7 000 m, et au-delà de laquelle s’étendent les plateaux tibétains. Il n’est pas complètement hostile à l’homme, car il se creuse de vallées profondes (d’une altitude de 3 600 à 4 800 m). Son franchissement est relativement aisé par ces vallées : le Grand Himālaya, en effet, ne constitue pas la ligne principale de partage des eaux entre l’Inde et le Tibet. En raison de son altitude, le Grand Himālaya présente des étages bioclimatiques différents de ceux de la zone précédente. Sur les versants exposés au flux de la mousson, l’étage supérieur des forêts (de 2 000 à 3 900 m environ) est une forêt de brouillards (Nebelwald) envahie de mousses et d’épiphytes ; mais les versants abrités de la mousson et les hautes vallées ont le climat aride du Tibet, avec un paysage dénudé. Les prairies alpines, qui passent à une formation de steppe dans les régions sèches, s’élèvent jusque vers 4 200 m. La limite des neiges permanentes est aux environs de 5 000 m.


La population

Le peuplement est composite. Les Bhoutanais proprement dits, qui sont établis dans les vallées du Moyen Himālaya, dans la partie occidentale du pays, sont une population d’origine tibétaine qui parle un dialecte tibétain et pratique le bouddhisme lamaïque. Dans la partie orientale du Moyen Himālaya vit une population différente, qui s’apparente aux tribus assamaises par leur type physique (taille plus petite, teint plus foncé) et par la langue ; le bouddhisme apparaît moins orthodoxe. Ce sont ces deux groupes qui constituent la grande masse de la population, parce qu’ils occupent l’étage le plus favorable à la vie humaine. Dans les hautes vallées du Grand Himālaya vivent des Tibétains que rien ne distingue de leurs congénères établis de l’autre côté de la frontière : fixés dans des villages, cultivant un peu d’orge, de blé, de pommes de terre, ils consacrent une grande partie de leurs activités à une vie pastorale fondée sur l’élevage des yacks, des moutons, des chèvres. Dans la frange méridionale du pays et dans ses basses vallées, on rencontre, comme au Sikkim voisin, des groupes de Lepchas, qui sont la plus ancienne population du pays : une ethnie forestière de type mongoloïde, assez mal adaptée à la vie agricole. Mais des Népalais se sont établis dans cette zone depuis quelques décennies, comme ils l’ont fait au Sikkim ; exploitant des rizières en terrasses, ils forment des groupes denses dans les districts de Chamurchi (région occidentale) et de Chirang (région orientale). La colonisation népalaise, en modifiant l’équilibre démographique et en introduisant un élément hindou dans un pays qui était exclusivement bouddhiste, pose un des principaux problèmes politiques du Bhoutan actuel.

Depuis 1907, le Bhoutan est gouverné par un mahārāja. Ce régime a pris la place de l’ancien système féodal, dont les traits demeurent cependant très apparents. Dans un pays entièrement rural, dépourvu de villes et de boutiques de commerçants, deux puissances sociales restent debout : les anciennes familles féodales, qui habitent leurs châteaux (dzong), et de riches monastères (gompa), où vivent encore 400 lamas. Le gouvernement a cependant réalisé diverses réformes et mis fin à une longue politique d’isolement. Des écoles ont été ouvertes, où l’on enseigne en hindī et en anglais ; des Bhoutanais poursuivent leurs études dans l’Inde. L’esclavage a été aboli : quelque cinq mille esclaves ont eu à choisir entre un statut de domestique salarié et celui de propriétaire (exploitant une terre donnée par le gouvernement). La prosternation devant le souverain ou ses hauts fonctionnaires a été abolie. Le souverain est désormais assisté par une assemblée consultative élue. La polyandrie est abolie et la polygamie restreinte à trois femmes.