Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Betterave (suite)

• Au niveau de l’exploitation existent les contraintes suivantes :
— pour la Betterave sucrière : garantie d’un écoulement auprès d’une sucrerie (droits de plantation) ; équipement en matériel spécialisé (semis et récolte) [sauf s’il existe une organisation collective, il est difficile de cultiver une surface restreinte sans grever les charges fixes] ; équipement éventuel d’irrigation pouvant imposer la recherche d’un assolement plus intensif ; main-d’œuvre disponible et choix de la maîtrise du peuplement ;
— pour la Betterave fourragère : solution des problèmes de mécanisation (c’est la cause principale de sa désaffection), qui implique une organisation collective, car les besoins sont restreints sur une exploitation ; problème de main-d’œuvre ; réalisation de la conservation.

A. F.

➙ Sucre.

Beyrouth

En ar. Bayrūt, capitale et principale ville du Liban ; 900 000 hab. en 1970.



Les conditions géographiques et le développement de la ville

Ce n’est pas le site qui explique la fortune de Beyrouth, malgré son caractère tout à fait exceptionnel par les possibilités étendues qu’il offrait au développement d’une grande cité : un promontoire rocheux calcaire, modelé en plusieurs étages de terrasses propices à la construction, et beaucoup plus important que les médiocres buttes de grès qui constituent les autres sites portuaires et urbains de la côte du Levant. Les qualités maritimes, en effet, sont médiocres, et la rade, largement ouverte aux vents de nord-ouest, n’offre qu’un abri précaire, utilisable seulement en cas de vents de sud-ouest. Au début du xixe s., Beyrouth n’était encore qu’une bourgade de 6 000 habitants, qui faisait médiocre figure par rapport à Tripoli. La population était en majorité musulmane. Deux éléments devaient, avec quelque décalage, assurer au xixe s. l’essor de la ville. Ils sont à mettre en rapport avec la situation.

Parmi les agglomérations du littoral, Beyrouth était la plus proche des secteurs de population chrétienne dominante de la montagne libanaise. Lorsque les émirs du Liban sentirent le besoin d’une ouverture sur le monde extérieur, c’est dans cette petite ville qu’ils concentrèrent leur influence, de préférence à des agglomérations plus excentriques et où la population musulmane était plus importante. Dès les années 1820, sous la protection de l’émir Bachīr Chihāb, puis sous la période égyptienne (1833-1840), se dessine déjà l’essor des communautés chrétiennes, et les relations commerciales et spirituelles avec l’Occident se multiplient.

Beyrouth se trouvait, au droit de Damas, depuis longtemps principal centre urbain de la Syrie intérieure, l’agglomération littorale la mieux située pour servir de débouché à cette métropole. Malgré la difficulté de la passe (col du Ḍahr al-Baydar) à 1 500 m d’altitude à travers la Chaîne du Liban, l’ouverture d’une route en 1863 puis l’établissement d’un chemin de fer en 1894 devaient faire de Beyrouth le débouché de la Syrie intérieure, supplantant définitivement les accès par les ensellements plus septentrionaux, pourtant beaucoup plus aisés, du bas Oronte et d’Alep, ou de la trouée de Homs.

Dès lors la croissance de la ville fut rapide. De 15 000 habitants sans doute en 1848, la population passe à environ 80 000 en 1880 et à 120 000 lors de la Première Guerre mondiale. Les chrétiens, qui n’étaient encore que 50 p. 100 de la population en 1838, en constituent 64 p. 100 en 1890. La fonction de capitale du Liban, apparue déjà dans le cadre du Petit Liban autonome dans l’Empire ottoman, s’affirme dès lors avec la construction politique du Grand Liban.

L’histoire de Beyrouth

Beyrouth est l’antique Béryte, ou Berytos, des Phéniciens, mentionnée dès le xve s. av. J.-C. Les Romains l’embellirent et la dotèrent d’une école de droit de renommée universelle ; le christianisme s’y implanta très tôt. Un tremblement de terre la dévasta en 551 apr. J.-C. Siège d’un évêché latin durant les croisades (xiiie s.), Beyrouth connut un grand rayonnement sous le gouvernement de Jean Ier d’Ibelin (1197-1236), mais elle tomba définitivement aux mains des Mamelouks en 1291. Cependant, les Occidentaux fréquentèrent son port dans les derniers siècles du Moyen Âge.

Passée en 1516 sous le joug ottoman, Beyrouth dépendit d’émirs qui lui assurèrent une certaine prospérité. De 1833 à 1840, la ville dépendit de Méhémet-Ali. Lorsque les maronites, en 1860, furent l’objet de sanglantes persécutions de la part des Druzes, beaucoup se réfugièrent à Beyrouth.

Quand la France reçut de la S. D. N. le mandat sur la Syrie et le Liban, Beyrouth devint la capitale de l’État du Grand Liban (1920-1946). Les troupes françaises l’évacuèrent en 1946.

La guerre civile de 1975-1976 a ruiné les fonctions bancaire, commerciale et touristique, faisant des milliers de victimes et causant de très importants dégâts matériels. Mais la reconstruction est entreprise dès 1977.

P. P.


La population et sa répartition

La population atteint 300 000 habitants en 1950 et environ 900 000 en 1970. La ville a depuis longtemps débordé de sa colline primitive vers l’est (basse plaine alluviale du Nahr Beyrouth) et le sud (le long des grèves sableuses qui bordent la Méditerranée face à l’ouest), tandis qu’elle monte à l’assaut, vers l’intérieur, des premières collines du piedmont.

La composition de cette population n’est pas exactement connue, en raison de l’absence de statistiques sur la résidence réelle. En 1948, les musulmans ne constituaient que 41 p. 100 de la population légalement domiciliée à Beyrouth, la seule connue. Les sunnites sont cependant de loin la première communauté (33 p. 100 à eux seuls). Parmi les communautés chrétiennes viennent en tête les Arméniens (20 p. 100), puis les Grecs orthodoxes ; les maronites n’arrivent qu’en quatrième position (8 p. 100). En fait, il semble que l’exode rural récent ait modifié sensiblement cette composition au profit des chrétiens maronites et surtout des musulmans chī‘ites du sud du Liban, très nombreux dans les quartiers pauvres qui se multiplient à la périphérie de la ville. La ségrégation religieuse traditionnelle (quartiers chrétiens à l’est, musulmans à l’ouest et au sud, de part et d’autre du vieux centre commercial) a cédé la place de plus en plus à une ségrégation sociale, notamment dans les huttes sommaires de la banlieue ou dans les quartiers élégants qui occupent la pointe de Ras Beyrouth.