Bernanos (Georges) (suite)
L’œuvre et la vie de Bernanos offrent donc bien l’image de la lutte éternelle où s’est engagée l’humanité à la recherche de son âme. C’est ce combat que vit le lecteur à travers l’effort douloureux de ces hommes et de ces femmes pour arracher tout leur être à l’emprise de la terre et du Mal. Combat intérieur dont la tension, jamais relâchée, s’inscrit dans une phrase coulée au rythme même de la pensée. Combat sans merci, mais non désespéré. L’espérance, elle, réside dans ceux dont l’âme est pure. L’écrivain, plein de tendresse pour les plus humbles, les plus faibles, efface soudain le polémiste furieux, le pamphlétaire excessif, le prophète fulminant. Déchirant le voile épais tendu par la misère, l’iniquité et le péché, filtre un rayon de lumière. Bernanos, même s’il rejette l’optimisme, « alibi sournois des égoïstes », garde l’espoir en l’avenir. Il a la foi dans la jeunesse, et c’est elle sans doute qui devrait être la mieux placée aujourd’hui pour comprendre celui qui, en 1945 déjà, espérait « la révolution de la jeunesse [...], l’insurrection générale de l’esprit de jeunesse dans le monde ».
D. S.-F.
A. Béguin, Bernanos par lui-même (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1954). / A. Germain, les Croisés modernes, de Bloy à Bernanos (Nouv. Éd. latines, 1959). / M. Milner, Georges Bernanos (Desclée De Brouwer, 1967). / B. T. Fitch, Dimensions et structures chez Bernanos (Lettres modernes, 1969). / M. Milner (sous la dir. de), Georges Bernanos. Critique et interprétation (Plon, 1972).
Jalons biographiques
188820 février : naissance à Paris.
1903Petit séminaire de Bourges.
1904Collège Saint-Marie, à Aire-sur-la-Lys : Bernanos lit les écrivains de l’Action française et bataille contre les démocrates et les prêtres du Ralliement.
1906-1913Licence de lettres en Sorbonne et études de droit : bagarres politiques et complot pour la restauration de la monarchie au Portugal. — Bernanos est incarcéré à la Santé.
1914Directeur, à Rouen, de l’hebdomadaire royaliste l’Avant-Garde de Normandie.
1914-1918Réformé, engagé volontaire au 6e dragons. — Le 11 mai 1917, il épouse Jeanne Talbert d’Arc.
1919En désaccord avec l’Action française. — Il devient inspecteur de la compagnie d’assurances « la Nationale ».
1926Le succès de Sous le soleil de Satan le décide à vivre de sa plume.
1929La Joie, prix Femina. — Conférences sous l’égide de Maurras.
1931Série d’articles au Figaro et violente polémique contre Maurras et Daudet.
1932Accident de motocyclette à Montbéliard : Bernanos en souffrira toute sa vie.
1934-1937Majorque : succès du Journal d’un curé de campagne. Un moment séduit par le soulèvement franquiste, Bernanos est révolté par la cruauté de la guerre.
1938Il réalise un rêve d’enfance : il part pour le Paraguay, puis pour le Brésil, où il dirige une fazenda.
1940-1945À Barbacena, il exploite la ferme de la Croix-des-Âmes et mène dans les journaux de Rio une campagne en faveur de la France libre.
1945Rentré en France, il est vite déçu par les luttes politiques. — Sa santé est très altérée.
1947-1948Voyage et conférences en Tunisie. — Ramené d’urgence en France, il meurt le 5 juillet 1948.