Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Belgique (suite)

L’école des paysagistes anversois est remarquable par la transposition poétique des lieux chez Jan Bruegel* de Velours (1568-1625), Joost De Momper (1564-1635), Sébastiaan Vrancx (1573-1647). Vers la fin du siècle, elle suit, avec Jan Siberechts (1627-1703), le courant qui, sous l’influence de Teniers, incite à une vision plus prosaïque. Les paysagistes bruxellois sont fidèles à un réalisme plus topographique : Denis Van Alsloot (1570-1628), Jacob d’Arthois (1613-1686).


xviiie siècle

Une décadence sensible apparaît dans l’art du xviiie s., soumis sans originalité au goût français.


Architecture

Le classicisme pénètre dans certains éléments (maison des Brasseurs) de la Grand-Place de Bruxelles, dont la reconstruction est dirigée par Willem de Bruyn (1649-1719). De nombreux hôtels portent la marque du style Louis XV, discrètement accommodé à l’autrichienne (ancienne cour de Nassau à Bruxelles, hôtel Osterrieth et palais royal à Anvers, par Jan Pieter Van Baurscheit le Jeune [1699-1768]).

Le style Louis XVI est brillamment représenté à Bruxelles par la place Royale du Français Barnabé Guimard († 1792). Laurent Benoist Dewez (1731-1812) est le meilleur représentant du néo-classicisme (palais abbatial de Floreffe, château de Seneffe).


Sculpture

D’abord caractérisée par les excès d’un baroquisme à son déclin (Michiel Van der Voort l’Ancien [1667-1737], Pierre Denis Plumiers [1688-1721], Theodoor Verhaegen [1700-1759]), elle évolue dans la seconde moitié du siècle, sous l’influence française, vers plus de sobriété et d’idéalisation. Les décorations d’un Laurent Delvaux (1696-1778) marquent ce passage ; dans l’art de son élève Gilles Lambert Godecharle (1750-1835) se trouvent les prototypes aimables des sculptures de salon du xixe s.


Peinture

Jan Van Orley (1665-1735) et Pierre Verhaghen (1728-1811) témoignent encore de l’influence de Rubens, et Theobald Michau (1676-1765) se souvient de Bruegel de Velours ; mais, dans l’ensemble, la peinture belge s’intègre au courant international ayant Paris comme centre, et qui marque aussi bien les petits maîtres anversois (Jan Baptist Lambrechts [1680-1731], Jan Josef Horemans le Jeune) que le Brugeois Jean Garemyn (1712-1799). Le néo-classicisme est représenté par Joseph Benoît Suvée (1743-1807), directeur de l’Académie de France à Rome.


xixe siècle

Si la Belgique réalise au xixe s. son unité politique et nationale, c’est seulement vers la fin du siècle qu’un art spécifiquement belge apparaît.


Architecture

Comme partout en Europe, elle est de caractère éclectique : néo-gothique pour l’église Saint-Boniface à Bruxelles, de Jozef Dumont (1811-1859), et pour l’abbaye de Maredsous, de Jean-Baptiste Béthune (1821-1894), néo-classique pour le théâtre de la Monnaie à Bruxelles, du Français Louis Damesme (1757-1822), et pour l’université de Gand, de Lodewijk Roelandt (1786-1864). Cet éclectisme, auquel s’ajoute l’influence du nouvel Opéra de Paris, culmine à Bruxelles : palais de justice (1866-1883), par Joseph Poelaert (1817-1879) ; Bourse (1873), par Léon Suys (1823-1887) ; musée des Beaux-Arts, d’Alphonse Balat (1818-1895). Dès 1846, Jan Pieter Cluysenaar (1811-1880) emploie le métal pour construire la galerie Saint-Hubert, à Bruxelles.


Sculpture

Le néo-classicisme, représenté par Mathieu Kessels (1784-1836), est relié par Willem Geefs (1805-1833) au romantisme, qui apporte son cortège d’œuvres destinées à décorer les places publiques (Eugène Simonis, 1810-1882). Le réalisme flamand se conjugue avec discrétion à l’italianisme chez Paul de Vigne (1843-1901), avec sensualité chez Jef Lambeaux (1852-1908). À ce réalisme, le génie de Constantin Meunier (1831-1905) confère une puissance, une ferveur qui donnent le ton de l’épopée à la représentation du travail humain. Après lui, le siècle se termine avec le symbolisme mélancolique de Victor Rousseau (1865-1954).


Peinture

Les tendances picturales internationales se succèdent rapidement et trouvent, à chaque reprise, un sol fertile en Belgique, où le tempérament local les adapte. Louis David*, qui s’établit à Bruxelles en 1816, après la chute de Napoléon, a un épigone de qualité : François Joseph Navez (1787-1869). Gustave Wappers (1803-1874) et Nicaise de Keyser (1813-1887), comme Delacroix fervents admirateurs de Rubens, sont les plus importants représentants du romantisme. Leurs compositions historiques illustrent le passé national.

L’exposition des Casseurs de pierres de Courbet à Bruxelles, en 1851, ouvre l’ère du réalisme, qui, d’ailleurs, est une constante de l’art flamand : Constantin Meunier, déjà rencontré comme sculpteur, Charles De Groux (1825-1870), Eugène Laermans (1864-1940) représentent le réalisme social. À côté d’eux, signalons le portraitiste Lieven De Winne (1821-1880), l’animalier Joseph Stevens (1819-1892) et son frère Alfred Stevens (1823-1906), peintre des mondanités. L’œuvre d’Henri Leys (1815-1869) sert de charnière entre le romantisme et le réalisme scrupuleux mais chargé de ferveur d’Henri de Braekeleer (1840-1888). Certains paysagistes se détachent du naturalisme pour atteindre un style plus libre, plus dégagé : le mariniste Louis Artan de Saint-Martin (1837-1890), Alfred Wervée (1838-1895), Jan Stobbaerts (1838-1914), Hippolyte Boulenger (1837-1874), fondateur de l’école de Tervuren (le Barbizon belge). On leur doit une sorte d’impressionnisme autochtone plus original que celui de Guillaume Vogels (1836-1896) ou d’Émile Claus (1849-1924). Mais le plus pur représentant de l’impressionnisme franco-belge est Henri Evenepoel (1872-1899).

À partir de 1883, le groupe des xx et celui de la Libre Esthétique, animés par Octave Maus (1856-1919), font de Bruxelles un carrefour de l’avant-garde européenne. L’exposition à Bruxelles, en 1887, d’Un dimanche d’été à la Grande Jatte, de Seurat, détermine un néo-impressionnisme dont Théo Van Rysselberghe (1862-1926) et Henry Van de Velde (1863-1957), surtout connu comme architecte, sont les principaux représentants. James Ensor* (1860-1949), cofondateur du groupe des XX, est l’un des maîtres de la peinture européenne ; son univers de carnaval et de squelettes ouvre la voie de l’expressionnisme aussi bien que du symbolisme. Ce dernier, si brillant dans la littérature belge, est représenté en peinture par Félicien Rops (1833-1898) et Xavier Mellery (1845-1921), tous deux peintres et graveurs, Fernand Khnopff (1858-1921), qui fit partie des Rose-Croix, Jacob Smits (1855-1928), au silencieux luminisme, et, à l’extrême fin du xixe s., par la première école de Sint-Martens-Latem (Laethem-Saint-Martin).