Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Belgique (suite)

Anvers, avec 76 Mt, arrive de très loin en tête. Il est le quatrième port de l’Europe (derrière Rotterdam, Marseille et Le Havre). L’avantage d’être au fond de l’estuaire de l’Escaut est devenu, à plus d’un titre, un inconvénient en raison des augmentations de tonnage (d’autant plus que cet estuaire est entre les mains des Néerlandais) : la remontée est longue et le port n’est pas encore accessible aux navires de plus de 85 000 t. Mais Anvers compense cet inconvénient par de remarquables liaisons avec son arrière-pays belge et européen, par la qualité des services rendus, par la fréquence des arrivées ou des départs, par l’abondance d’un fret de retour en marchandises diverses (qui constituent 30 p. 100 du trafic) et par un développement récent de l’industrie portuaire. Anvers fait, à lui seul, près de 90 p. 100 du commerce maritime belge, ce qui lui donne un poids exceptionnel. Mais le problème des gros tonnages est préoccupant et soulève la question de Bruges, qui, par Zeebrugge, est le seul port belge sur la mer et qui pourrait concurrencer Anvers.

Gand, la plus grande ville drapante du Moyen Âge, a, comme Anvers, des problèmes d’accès à la mer. Le canal de Terneuzen a été porté à 60 000 t en 1968, et une vaste zone industrielle s’est développée sur la rive est (automobiles, hydrocarbures, sidérurgie). Mais la partie aval du canal est située en territoire néerlandais, et l’industrialisation y est intense. La taille du canal apparaissait comme trop faible avant même la mise en service : la raffinerie a dû se ravitailler par Bruges peu de temps après sa mise en service. Certes, Gand est sur un important carrefour autoroutier et est aussi en liaison avec le Rhin, mais ce port de l’Escaut et de la Lys n’est relié à un arrière-pays (Flandre, Borinage, région de Lille) que par des voies d’eau à faible gabarit.


Le commerce extérieur

Pays de marchands, la Belgique a une économie qui ne se conçoit que sur la base d’échanges importants.

En 1973, elle importe pour environ 2 350 millions de dollars de produits alimentaires, et la balance de ce poste est négative : elle n’exporte que pour 1 900 millions de dollars.

Elle importe plus de 80 p. 100 de ses produits énergétiques (et cette balance se détériore) et la presque totalité de ses matières premières (minerais, matières textiles et chimiques) ; ce dernier poste représente en valeur le tiers de ses importations. Par contre, elle exporte des produits fabriqués, des métaux surtout (à eux seuls plus du quart des exportations), des machines, du matériel électrique et de transport, dont la masse représente plus de la moitié des exportations ; les produits textiles constituent plus du dixième des exportations, et les produits chimiques, plastiques et caoutchouc, à peu près la même proportion. La balance du textile est positive, mais pour les produits métalliques fabriqués ou semi-finis, la balance est à peine positive, et elle est négative en ce qui concerne les machines et le matériel électrique et de transport. Il y a là des indications pour l’analyse de l’industrie belge.

Les trois principaux partenaires sont la République fédérale allemande, les Pays-Bas et la France. Un trafic relativement important se fait avec le grand-duché de Luxembourg, mais les chiffres sont inclus dans ceux du commerce extérieur belge, car, depuis 1922, les deux pays ont formé une Union économique belgo-luxembourgeoise (U. E. B. L.). À partir de 1943-44 a commencé un processus de rapprochement entre l’U. E. B. L. et les Pays-Bas, qui aboutit au traité d’Union de La Haye du 3 février 1958, entré en vigueur le 1er novembre 1960, instituant, dans le cadre du Benelux*, la libre circulation des marchandises, des personnes, des capitaux et des services. Mais l’essor récent des Pays-Bas depuis la guerre faisait alors craindre aux Belges la concurrence des produits néerlandais tant agricoles qu’industriels ; les Belges demandaient des mesures de sauvegarde qui indisposaient les Néerlandais, tandis que les Belges wallons voyaient se renforcer la majorité néerlandophone.


L’industrie

L’industrie belge occupe 55 p. 100 des actifs et fournit 41 p. 100 du produit intérieur brut, soit environ 640 milliards de francs belges. Dans ce pays qui représente moins de 0,03 p. 100 de la superficie mondiale et moins de 0,3 p. 100 de la population mondiale, les places dans la hiérarchie mondiale des productions sont remarquables : 9e pour l’acier, de 5e à 9e pour les non-ferreux, 4e pour le jute, 8e pour le lin, 9e pour la laine, 14e pour les textiles chimiques, 11e pour la bière.


Produits énergétiques

La Belgique est un gros consommateur (6,5 t de charbon-équivalence par habitant). Sa balance énergétique se dégrade : en 1973, elle ne couvre plus que le septième de ses besoins. Le charbon, qui avait été une des bases de la richesse, représente, assez exceptionnellement, mais pour peu de temps, la moitié de la consommation. La production baisse, comme dans tous les bassins européens : 30 Mt en 1957, 8 Mt en 1974. La récession a été particulièrement précoce et importante dans les bassins wallons du Sud, et plus à l’ouest (Borinage) qu’ailleurs ; les bassins du Sud sont défavorisés, par rapport au deuxième bassin, celui de Campine (en territoire néerlandophone), par l’ancienneté plus grande de leur exploitation, par des difficultés plus grandes d’ordre géologique et par des retards techniques d’exploitation. En 1974, le bassin de Campine a produit 6 Mt et les bassins du Sud 2 Mt seulement.

Pour une production d’électricité égale au quart à peine de celle de la France, la Belgique ne dispose que de ressources hydrauliques insignifiantes (en Ardenne), et l’électricité d’origine nucléaire dépasse l’hydro-électricité depuis 1967.

N’ayant aucune production d’hydrocarbures, la Belgique n’en raffine pas moins 40 Mt de pétrole brut. Longtemps concentré à Anvers, le raffinage se fait aussi à Gand, et il gagne l’intérieur (Feluy, dans l’arrondissement de Charleroi). On fait aussi appel de plus en plus largement au gaz naturel néerlandais (environ 7,5 milliards de mètres cubes par an).

La dépendance énergétique, extrêmement forte, grève lourdement le montant des importations et contribue à expliquer le déficit, encore léger, de la balance commerciale, enregistré en 1974 et 1975.