Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Belgique (suite)

De pays d’émigration, la Belgique est devenue vers 1920 pays d’immigration : la politique d’immigration a même été proposée comme solution aux problèmes démographiques ; dans le Hainaut, un enfant sur cinq est né de parents étrangers. La moitié des 600 000 étrangers sont Italiens. Attirés d’abord par la région industrielle wallonne, ils le sont davantage actuellement par la région bruxelloise.


Répartition

En Ardenne, les densités sont faibles : de 10 à 50 habitants au kilomètre carré. Une première ligne de fortes densités, orientée O.-E., suit les vallées de la Haine, de la Sambre, de la Meuse et de la Vesdre. Les plateaux moyens dessinent une autre ligne orientée O.-E. de densité plus faible (toutefois généralement supérieure à 100). Au nord d’une limite allant approximativement de Lille à Liège en passant par Bruxelles, les densités descendent rarement au-dessous de 150 et même de 200. Les vallées y dessinent des axes de plus grande concentration : Escaut inférieur prolongé par la Lys, d’Anvers à Lille, par Gand ; la Dendre ; surtout la Senne, d’Anvers à Bruxelles, puis en direction de Charleroi (c’est l’axe ABC). Ces axes convergent vers Anvers. La côte, enfin, forme un autre groupement plus discontinu, ainsi que le canal de Terneuzen au nord de Gand.


Wallons, Flamands et Bruxellois

Une ligne officielle, orientée O.-E., passant au nord de Mouscron (près de Lille), au sud de Renaix, de Bruxelles et de Louvain et au nord de Liège, sépare le pays en néerlandophones (on dit communément « Flamands ») et en francophones, ou Wallons. L’extrémité est de langue allemande ; enfin, Bruxelles est bilingue. Cette division tripartite joue un rôle fondamental dans tous les domaines. À l’opposition des langues s’ajoutent des différences dans le comportement religieux (le Flamand est plus catholique), dans le comportement politique (le Wallon serait plus socialiste) et dans les mentalités. La querelle est peut-être aussi surtout d’ordre économique. Bruxelles, enfin, s’individualise nettement.

Les néerlandophones sont majoritaires et renforcent cette position en raison de leur excédent naturel plus élevé : ils forment 56,2 p. 100 de la population (32,9 p. 100 pour les Wallons), alors qu’ils n’en constituaient que 47 p. 100 en 1875. La population est plus vieille dans la région de langue française (20,3 p. 100 pour les plus de 60 ans contre 17,3 p. 100 dans la région de langue flamande). Les actifs masculins potentiels de 15 à 64 ans y sont moins nombreux : 874 445 (en 1970) contre 1 489 717.


Villes et campagnes

Environ 15 p. 100 seulement de la population vivent dans des communes de moins de 2 000 habitants ; au nord du sillon Sambre-Meuse, il est rare que les densités rurales soient inférieures à 150 ; le dépeuplement rural a été faible ou même inexistant. Dans les campagnes, l’aspect des maisons, la proportion des actifs du secondaire ou du tertiaire font qu’il est de plus en plus difficile d’établir une distinction nette entre le rural et l’urbain.

Ce peuplement et cet aspect des campagnes tiennent au caractère intensif des cultures, à la dissémination des industries et au fait que beaucoup d’actifs résident en milieu rural et travaillent à la ville. Les mouvements pendulaires sont particulièrement nombreux : 40 p. 100 de la population ne travaillent pas dans la commune de leur domicile. Cela tient à la facilité des transports, à la proximité d’une ville et aux disparités régionales.

Fortement urbanisée, la Belgique compte surtout des villes moyennes : 55 p. 100 de la population vivent dans des communes de 2 000 à 25 000 habitants. L’agglomération de Bruxelles compte un peu plus de 1 million d’habitants, celle d’Anvers 800 000 habitants et celle de Liège 600 000. Ces trois villes importantes ont chacune des fonctions directionnelles.

Les grandes villes s’alignent selon deux axes ouest-est : les grandes villes wallonnes (Mons, Charleroi, Namur, Liège, Verviers) le long de l’axe Haine, Sambre, Meuse et Vesdre ; les grandes villes flamandes (Bruges, Gand, Malines, Louvain) au contact des collines et de la Vallée flamande. Bruxelles est aussi à ce contact, mais un peu plus au sud, touchant ainsi la Wallonie ; Anvers est un peu plus au nord, au contact entre les collines et l’estuaire de l’Escaut, en terre qui était d’« Empire ».


La vie économique


La circulation

La circulation a été le moteur essentiel de la mise en valeur ; elle en demeure l’élément de base. Depuis l’indépendance de la Belgique, un des grands problèmes est de faire redescendre vers le sud les axes qui vont de la mer vers l’intérieur et notamment vers le Rhin. Actuellement, 270 Mt sont transportés chaque année par voie maritime ou terrestre.

La Belgique dispose de 170 m de voies ferrées par kilomètre carré, sans compter les transports urbains par tramways. Un réseau autoroutier s’est mis en place. Deux axes ouest-est ont été d’abord construits : Ostende-Bruxelles (par Bruges et Gand), puis Anvers-Liège et la Ruhr (la grande voie traditionnelle) ; une troisième voie ouest-est, l’autoroute de Wallonie (Mons-Charleroi-Liège), a ensuite été édifiée. Le premier axe nord-sud est la voie express Anvers-Bruxelles ; il se poursuit vers Charleroi et est doublé aujourd’hui par la grande artère Anvers-Gand-Lille-Paris. Les liaisons Bruxelles-Valenciennes-Paris et Anvers-Rotterdam sont achevées.

Les voies navigables jouent un rôle capital. Longues de 1 600 km, elles ont transporté 93 Mt de marchandises en 1968 (63 Mt pour le rail). Tous les grands axes sont depuis longtemps au gabarit de 1 350 ou de 2 000 t, c’est-à-dire de 3 000 ou 4 500 t en convois poussés, et en 1969-70 ont commencé les travaux pour les rendre accessibles aux convois poussés de 9 000 à 10 000 t, car ils sont saturés. Deux grandes artères convergent vers Anvers : de Liège, à travers la Campine, le canal Albert (trafic 1974 : 38,9 Mt) et, de Charleroi et de Bruxelles, structurant l’axe ABC, le canal de Charleroi et de Willebroek. Le troisième grand axe est celui de la Sambre et de la Meuse, prolongé au sud par la Meuse de Namur à la frontière française. Cet axe Sambre-Meuse, qui se dirige vers les Pays-Bas, est détourné vers Anvers par les deux axes précédents (éléments essentiels de la politique belge). Le Sud-Ouest, wallon ou flamand, est beaucoup moins favorisé : il a peu de canaux à 1 350 t (de Charleroi à l’Escaut, un tronçon seulement à 1 350 t), et l’on réclame la mise au « gabarit européen » de l’Escaut, et, éventuellement, de la Lys. Les frontières jouent un rôle considérable : au nord, les canaux sont parallèles à la frontière belgo-néerlandaise ; au sud, les cours d’eau sont perpendiculaires, mais aucun d’eux n’est au « gabarit européen ».

Les ports belges ont un trafic maritime légèrement supérieur au tiers du trafic maritime des ports français (plus de 100 Mt en 1973).