Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

béhaviorisme (suite)

L’opérationnisme

Doctrine psychologique née du béhaviorisme et qui pose que l’objet de la connaissance psychologique doit être défini à partir des opérations à travers lesquelles il est appréhendé.

Cette théorie a d’abord été explicitée en physique par Percy Williams Bridgman, qui proposa que le concept soit défini en termes d’opération. Il devient donc synonyme d’un ensemble d’opérations. C’est Hull qui, en 1929, proposa l’application à la psychologie de cette orientation hypothético-déductive. L’opérationnisme a fourni un cadre notionnel aux études de Tolman et Hull et, en psychophysique, de Stanley Smith Stevens.

Son influence a surtout consisté à écarter de la science le verbalisme, les notions métaphysiques. L’opérationnisme représente l’achèvement de la révolution béhavioriste.

A. D.

➙ Apprentissage / Comportement / Conditionnement / Émotion / Langage / Motivation.

 J. B. Watson, Behavior : an Introduction to Comparative Psychology (New York, 1914) ; Psychology from the Standpoint of a Behaviorist (Philadelphie, 1919) ; Behaviorism (New York, 1925) ; Psychological Care of the Infant and Child (New York, 1928). / E. C. Tolman, Purposive Behavior in Animals and Men (New York, 1932). / P. Naville, la Psychologie, science du comportement (Gallimard, 1942 ; nouv. éd. la Psychologie du comportement, 1963). / A. Tilquin, le Béhaviorisme (Vrin, 1942). / C. L. Hull, Principles of Behavior (New York, 1943). / B. F. Skinner, Science and Human Behavior (New York, 1953). / I. G. Sarason, Personality : an Objective Approach (New York, 1966). / L. F. Malpass (sous la dir. de), Social Behavior, a Program for Self Instruction (New York, 1967).

J. B. Watson

9 janv. 1878

Naissance de John Broadus Watson à Greenville, Saskatchewan.

1900-1903

Watson termine ses études à Chicago sous la direction du psychologue fonctionnaliste James R. Angell (1869-1949).

1903-1908

Professeur de psychologie animale à l’université de Chicago.

Il subit l’influence des travaux d’Edward Lee Thordnike.

1908-1920

Professeur à l’université Johns Hopkins.

mars 1913

Acte de naissance du béhaviorisme par la publication dans la Psychological Review de « la Psychologie telle que le béhavioriste la voit ».

1914

Behavior : an Introduction to Comparative Psychology.

1919

Psychology from the Standpoint of a Behaviorist.

1920

Watson abandonne l’université pour les affaires.

1925

Publie Behaviorism.

1929

Publie The Behavior of a New-Born Infant.

1930

Fin du béhaviorisme classique.

1930-1940

Époque du néo-béhaviorisme.

1950

Libéralisation du béhaviorisme.

25 sept. 1958

Mort à New York de J. B. Watson.

Béjart (Maurice Jean Berger, dit Maurice)

Danseur, chorégraphe et metteur en scène français (Marseille 1927).


Fils du philosophe Gaston Berger, il reçoit une formation universitaire et artistique. Titulaire de deux certificats de philosophie, il est danseur à l’Opéra de Marseille en 1945. Sa rencontre en 1946 avec J. Laurent, critique, organisateur de tournées et directeur des « Ballets romantiques » oriente sa carrière. Excellent interprète, il se tourne vers la création chorégraphique et fait ses débuts en même temps que naissent les « Ballets de l’Étoile ». Après quelques œuvres de facture traditionnelle éclate la bombe de sa Symphonie pour un homme seul (1955) : cette projection dansée de la hantise qui submerge l’homme moderne lui apporte le succès, mais les scènes françaises, trop attachées à la tradition, ne le retiennent pas, tandis que son attitude esthétique dénonce la routine des cénacles de la danse. Pour Béjart, la « vraie tradition » consiste à « vivre et à créer au rythme de son époque ». « La danse est un langage comme tous les arts », et « l’art doit enthousiasmer ou irriter ». Dès 1957, la troupe agrandie prend le nom de « Ballet Théâtre de Paris ». En 1958, M. Béjart crée Orphée et rompt avec Jean Laurent. Invité au théâtre de la Monnaie à Bruxelles pour monter le Sacre du printemps (1959), il est bientôt chargé de la direction du ballet. La plus grande scène lyrique belge traverse une crise aiguë qui se résout par la fusion en une troupe unique de la compagnie du théâtre de la Monnaie et de celle de M. Béjart : le « Ballet du xxe siècle ».

C’est à partir de 1962 que M. Béjart aborde la mise en scène, avec les Contes d’Hoffmann (musique d’Offenbach, interlude d’H. Pousseur). Œuvre originale, aux interventions insolites, ces Contes font scandale à Bruxelles. La Veuve joyeuse (1963) connaît des vicissitudes semblables, tandis que la Damnation de Faust (1964) soulève de nombreuses polémiques à Paris. Attiré par la luxuriance du texte de la Tentation de saint Antoine de Flaubert, il en propose l’adaptation et la mise en scène à J.-L. Barrault.

Avec la Neuvième Symphonie de Beethoven (1964), il ne traite pas un sujet, mais un des thèmes du théâtre engagé, le racisme. Cet hymne à la fraternité réunit, dans le jeu symbolique des couleurs et des éclairages, des artistes de vingt-six nationalités et de trois races différentes. En 1965, Béjart est convié à l’Opéra pour préparer un spectacle Stravinski (le Sacre du printemps, les Noces, Renard). Dans sa version de Roméo et Juliette (1966), les héros portent des minijupes et les cheveux longs. Au festival d’Avignon, en 1967, il crée Messe pour le temps présent, « cérémonie » d’un dépouillement extrême qui met en évidence les grands thèmes qui obsèdent tout créateur : vanité de l’œuvre humaine, petitesse et vulnérabilité de l’homme, l’amour, la guerre.

Il y a aussi les maisons de la culture, les jeux Olympiques de Grenoble en 1968 avec Ni fleurs ni couronnes, le Voyage, Baudelaire, puis un voyage au Mexique et en Inde, un retour en France, le festival d’Avignon avec le triptyque d’À la recherche de..., l’été 1968... Au festival de Royan (1969), M. Béjart présente un Prélude (sans musique) et Nomos Alpha (musique de Xenakis), magistralement recréé par Paolo Bortoluzzi. À Bruxelles (1969), il crée les Vainqueurs et surtout Actus tragicus sur deux cantates de J.-S. Bach ; en 1970, il donne une version de l’Oiseau de feu, puis, en 1971, Nijinski, clown de Dieu. Sur la partition de Stockhausen, il compose Stimmung (1972), puis, sur celle de P. Boulez, le Marteau sans maître (1973). Il donne Golestan (1973), Farah (1974), Héliogabale (1976). À côté de grandes fresques humaines, l’œuvre de M. Béjart compte plusieurs pas de deux, remarquables d’intensité et de signification (le Teck, 1956 ; Erotica, 1965 ; Webern, opus 5, 1966 ; Comme la princesse Salomé est belle ce soir, 1970 ; le Chant du compagnon errant [1971], qui réunit Paolo Bortoluzzi et Rudolf Noureïev ; Ce que l’amour me dit, 1974). En 1970, à Bruxelles et non à Paris, M. Béjart ouvre son centre chorégraphique, le Mudra (= geste). Il s’adjoint deux groupes, « Chandra » et « Yantra ».