Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Beckett (Samuel) (suite)

Donnés à entendre ou donnés à lire, les mots de Beckett et les créatures qui en sont porteuses ne sont donc pas seulement les modèles où un certain art d’aujourd’hui, celui qui croit encore à l’acte de parler, prend sa source. Ces traces et ces ruines sont ce qui restera d’une des plus belles révoltes, de la révolte la plus amère et la plus gaie, dressée contre la misère humaine.

L. et A. J.

➙ Absurde / Théâtre.

 R. Cohn, Samuel Beckett, The Comic Gamut (New Brunswick, New Jersey, 1962). / F. Hoffman, Samuel Beckett, The Language of Self (Carbondale, Illinois, 1962). / H. Kenner, Samuel Beckett (New York et Londres, 1962). / J. Fletcher, The Novels of Samuel Beckett (Londres, 1964). / R. Federman, Journey to Chaos. Samuel Beckett’s Early Fiction (Berkeley, 1965). / L. Janvier, Pour Samuel Beckett (Éd. de Minuit, 1966) ; Beckett par lui-même (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1969). / J.-J. Mayoux, Über Beckett (Francfort, 1966). / P. Mélèse, Samuel Beckett (Seghers, 1966). / A. Tagliaferri, Beckett e l’iperdeterminazione litteraria (Milan, 1967). / J. Onimus, Beckett devant Dieu (Desclée De Brouwer, 1968). / O. Bernal, Langage et fiction dans le roman de Beckett (Gallimard, 1969). / L. Perche, Beckett, l’enfer à notre portée (Éd. du Centurion, 1969). / M. Foucre, le Geste et la parole dans le théâtre de Samuel Beckett (Nizet, 1971). / G. Durozoi, Beckett (Bordas, 1972).

Une vie

1906

13 avril, naissance à Foxrock, près de Dublin, de parents protestants.

1923

Études supérieures à Trinity College, Dublin. Lit Dante, découvre la littérature française contemporaine.

1926

Premier contact avec la France.

1927

Florence.

1928

Pour deux ans lecteur à l’École normale supérieure à Paris. Fait la connaissance de Joyce, avec qui il se lie d’amitié.

1930

Dublin. Enseigne à Trinity College, mais démissionne en 1932.

1932

Bref séjour en France.

1934-1936

Londres. Compose les premiers poèmes et Murphy.

1936-1937

Parcourt l’Allemagne.

1937

Retour à Paris, où il retrouve Joyce. Vit de leçons et de traductions.

1939

Est à Dublin quand la guerre éclate. Rentre à Paris.

1942

Participe à la Résistance, doit se réfugier dans le Vaucluse, où il va écrire Watt.

1945

Retour à Paris. C’est le début de la grande « crise » d’écriture qui le mène, de Mercier et Camier aux Textes pour rien, en 1950, à écrire d’abord en français.

1951

Publication de Molloy, saluée par Georges Bataille.

1953

5 janvier, première publique d’En attendant Godot. C’est, ou cela devient, un événement.

1954

Entreprise de traduction de ses œuvres. Quitte de moins en moins la France.

1961

Prix international des Éditeurs, avec J. L. Borges.

1969

Prix Nobel de littérature.

Becquerel (Antoine Henri)

Physicien français (Paris 1852 - Le Croisic 1908).


Petit-fils, fils et père de physiciens, tous polytechniciens, tous professeurs de physique au Muséum d’histoire naturelle et tous membres de l’Académie des sciences, comme il le fut lui-même, Henri Becquerel est le plus célèbre de cette fameuse lignée, grâce à sa découverte de la radio-activité.


Les Becquerel

Son grand-père, Antoine César (Châtillon-Coligny, Loiret, 1788 - Paris 1878), après avoir participé aux campagnes d’Espagne comme officier du génie, est attiré par l’étude des phénomènes électriques. Il découvre en 1819 la piézo-électricité des cristaux, observe en 1827 l’existence de corps diamagnétiques et imagine, en 1829, la pile impolarisable à deux liquides, qui sera par la suite vulgarisée par l’Anglais John Frederic Daniell.

Son père, Alexandre Edmond (Paris 1820 - id. 1891), s’intéresse d’abord à la phosphorescence. Il étudie les substances sensibles à la lumière, puis se signale par une belle série de travaux consacrés au magnétisme ; il découvre notamment le paramagnétisme de l’oxygène. En 1866, il effectue les premières mesures de température à l’aide de la pile thermoélectrique.

Enfin, son fils Jean (Paris 1878 - Pornichet 1953) consacre son activité aux propriétés optiques et magnétiques des cristaux, particulièrement aux très basses températures.


La vie d’Henri Becquerel

Élevé au Muséum d’histoire naturelle, sous l’intelligente direction de son père et de son grand-père, Henri Becquerel entre en 1872 à l’École polytechnique ; il va de là à l’école des ponts et chaussées, et en sort ingénieur en 1877. Dans l’intervalle, il a épousé la fille du physicien Jules Jamin (1818-1886), qui meurt en 1878, le laissant seul avec son fils Jean.

Dès 1875, il signale que l’action d’un champ magnétique permet de souffler l’étincelle électrique, comme le ferait un courant d’air. C’est sans doute cette découverte qui lui fait obtenir à vingt-trois ans les fonctions de répétiteur à l’École polytechnique, où il sera nommé professeur en 1895. En 1892, il occupe la chaire de physique au Muséum d’histoire naturelle. En 1889, il a été élu membre de l’Académie des sciences. En 1890, il s’est remarié avec Mlle Lorieux, fille d’un inspecteur général des mines.

Tout en s’attachant à la préparation et au perfectionnement de ses cours, Becquerel s’adonne à la recherche, pour laquelle il est exceptionnellement doué. On peut mentionner ses travaux sur la polarisation rotatoire magnétique (1876), sur la phosphorescence (1882), sur le spectre infrarouge (1883), sur l’absorption de la lumière par les cristaux (1886).

Mais la découverte des rayons X par l’Allemand Röntgen*, en 1895, va le conduire à celle, bien plus importante encore, de la radio-activité.


Découverte de la radio-activité

À la séance de l’Académie des sciences du 20 janvier 1896, Henri Poincaré* montre les premières radiographies, que lui a envoyées Röntgen. Becquerel demande aussitôt à son confrère quelle est exactement la région d’émission des rayons X, et Poincaré lui répond que c’est la partie de la paroi de verre frappée par les rayons cathodiques. Becquerel fait alors remarquer que les rayons cathodiques rendent le verre fluorescent, et qu’il faut chercher si certains corps excités par la lumière n’émettent pas des radiations analogues aux rayons X. Il s’attaque aussitôt à ce problème.

Parmi les nombreuses substances phosphorescentes, le choix de Becquerel se porte sur les sels d’uranyle, qui ont déjà été l’objet de nombreux travaux au laboratoire de physique du Muséum, installé dans la vieille maison de Cuvier.