Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Adler (Alfred) (suite)

La « psychologie individuelle » et la psychanalyse

Pour la théorie psychanalytique, le sentiment d’infériorité est un symptôme cliniquement très fréquent, mais qui ne peut rendre compte de la structure de la maladie mentale, car il n’est qu’une rationalisation qui vient recouvrir des mobiles inconscients.

Adler critique l’importance donnée par Freud à la libido : la psychanalyse serait faussée dès le départ car elle n’appuie ses déductions que sur l’analyse du psychisme des enfants incapables de se détacher de la sphère maternelle ; et le complexe d’Œdipe n’est qu’« un mauvais produit artificiel de mères gâtant leurs enfants ».

La thérapie adlérienne vise à éveiller chez le patient la compréhension des défauts de son style de vie à partir des produits de sa vie imaginative sans que la référence au passé en constitue le point fondamental comme elle l’est dans la psychanalyse.


Portée de l’œuvre d’Adler

La psychologie individuelle d’Adler n’a pas eu le retentissement de la psychanalyse, en face de laquelle son auteur a voulu la poser, mais sa contribution est loin d’être négligeable pour autant, car elle a, la première, montré l’importance de l’étude du moi. L’œuvre d’Adler fourmille d’observations et de conseils pédagogiques qui sont d’un intérêt certain pour les éducateurs.

A. D.

➙ Freud (S.) / Psychanalyse.

Repères biographiques

1895

A. Adler termine ses études de médecine.

1902

Il rejoint le groupe d’étude que Freud réunit autour de lui à Vienne.

1908

Premier congrès de psychanalyse à Salzbourg ; Adler est président de séances du groupe des psychanalystes de Vienne.

1911

Il démissionne de ses fonctions car il ne partage pas les idées de Freud sur le rôle de la pulsion sexuelle. Il fonde son propre groupe et intitule sa théorie : la psychologie individuelle.

1912

Le Tempérament nerveux.

1918

Théorie et pratique de la psychologie individuelle.

1919

Adler ouvre la première consultation de « guidance infantile » (centre médico-psychologique) à Vienne.

1927

Il fait une série de conférences aux États-Unis et publie Connaissance de l’homme.

1928

L’Enfant difficile.

1932

Adler s’installe définitivement aux États-Unis, il est professeur au Long Island Medical College de New York.

1933

Le Sens de la vie.

administration

Ensemble des personnes morales de droit public chargées d’assurer un service public. (La gestion des entreprises privées s’apparente à celle des personnes morales de droit public, et le langage courant emploie souvent, pour la désigner, l’expression d’administration ; ce même mot sert également à désigner les services de ces entreprises qui n’exercent pas d’activité technique ou commerciale. L’administration des activités privées est traitée sous les mots entreprise et management.)



Les personnes morales de droit public

Les personnes morales de droit public qui sont chargées d’assurer un service* public constituent seules l’Administration. Leur champ d’activité peut être large ou étroit, leur compétence peut être nationale ou locale.

Dans les pays à forte centralisation (comme la France), les collectivités* territoriales et les établissements publics sont étroitement soumis à la tutelle des autorités nationales. Dans les pays plus ou moins décentralisés (République fédérale d’Allemagne, États-Unis, Suisse, Grande-Bretagne, Italie), les autorités locales — ou quelques-unes d’entre elles — et certains établissements publics connaissent une autonomie plus ou moins prononcée.

On distingue habituellement deux modes de gestion pour les services publics assurés par des personnes morales de droit public.


La régie

« Un service public est exploité en régie directe lorsqu’une personne publique se charge de le gérer elle-même à ses risques et périls en engageant les fonds nécessaires et en recrutant, dirigeant et rémunérant le personnel nécessaire, en achetant toutes choses nécessaires au fonctionnement, en entrant directement en relation avec les usagers du service le cas échéant et en supportant, elle-même et seule, la responsabilité des préjudices causés aux tiers par le fonctionnement du service » (M. Waline). La plupart des grands services publics (Défense, Ponts et chaussées, Éducation nationale, Justice) sont exploités en régie.

Les autorités gouvernementales (président de la République, Premier ministre, ministres et secrétaires d’État) et locales (préfets, maires) sont placés à la tête des administrations d’État et des administrations locales.

L’organisation des administrations est caractérisée par la spécialisation. Les premières différenciations constatées en France au sein de l’administration royale furent d’ordre purement géographique. Au xvie s., le territoire était divisé en quatre quartiers, un secrétaire d’État ayant la charge totale d’un de ces quartiers. Pendant les deux derniers siècles de la monarchie apparaît progressivement une spécialisation fonctionnelle qui se traduit, au moment de la Révolution, par l’existence de six secrétaires d’État chargés de fonctions différentes (finances, justice, affaires étrangères, intérieur, guerre et marine). Au cours des xixe et xxe s., la spécialisation s’est considérablement accentuée sous l’effet de l’accroissement des tâches de la collectivité, de la difficulté de plus en plus souvent éprouvée par les chefs de gouvernement — entre 1875 et 1959 — de s’appuyer sur une majorité parlementaire composée de nombreux groupes politiques, de la volonté plus ou moins consciente des hommes politiques de diviser une administration permanente pour tenter de la mieux contrôler. Mais la spécialisation et la fragmentation ministérielles devaient rendre nécessaire une coordination au sein d’une administration nouvelle, qui se développa à partir de 1934 autour du Président du conseil, puis du Premier ministre. D’autres tentatives de coordination ont été faites à diverses reprises, sous la forme du groupement de plusieurs départements ministériels sous la houlette d’un super-ministre. Mais il semble que la coordination la plus efficace soit assurée par le procédé des réunions de travail interministérielles : dans les comités interministériels permanents, institués au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en Grande-Bretagne, la spécialisation ministérielle a connu un essor particulier (plus de cent ministres et secrétaires d’État), bien que la stabilité ministérielle ait été largement assurée par le système majoritaire à un tour et le bipartisme.