Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Barcelone (suite)

D’autre part, la localisation des industries anciennes à l’intérieur du périmètre urbain ne va pas sans difficultés : plus de 40 p. 100 des emplois sont encore fixés dans la vieille ville, où les entreprises sont considérablement gênées tant par le manque de place pour s’agrandir que par l’engorgement des transports. Les usines établies à la marge de l’Ensanche, aujourd’hui complètement englobée par l’expansion urbaine, ne sont guère plus favorisées. Aussi assiste-t-on à un reflux des usines vers la périphérie, dans les anciens bourgs ouvriers, où sont implantés les plus gros établissements textiles et métallurgiques. Mais le complexe industriel tend de plus en plus à s’étirer suivant les grands axes de circulation, que l’on équipe d’autoroutes vers Mataró, Granollers et le long de la rive droite du Llobregat.


La croissance urbaine

La redistribution des activités industrielles au sein de l’agglomération n’est qu’un aspect des mutations que suscite la croissance urbaine.

La vieille ville historique, aux ruelles tortueuses, aux maisons entassées, a les densités les plus élevées. Là vit une population d’ouvriers, d’artisans et de petits commerçants, dans des conditions de logement et d’hygiène souvent fort mauvaises. Aussi, depuis plusieurs années, de nombreuses familles quittent-elles ces quartiers, mais elles sont partiellement remplacées par des immigrants. Avec l’hôtel de ville et le palais de la Generalidad (Ayuntamiento et Disputación), la vieille ville abrite le centre administratif de l’agglomération. Les « Ramblas » sont l’illustration de sa fonction de centre commercial et des loisirs. En revanche, si la Vía Layetana reste un centre d’affaires important, elle n’est plus le centre de gravité de la ville.

Dès le xixe s., en effet, les bureaux, les banques, le commerce de luxe sont allés s’établir dans la partie centrale de l’Ensanche (Plaza de Cataluña, Paseo de Gracia, avenue du Generalisimo Franco, dite Diagonal), qui tend à devenir une sorte de « city ». Au nord de ce centre d’affaires, la grande bourgeoisie du siècle dernier avait construit ses imposantes demeures de style néo-classique. Mais elle les a abandonnées de nos jours et a été remplacée par des classes moyennes, semblables à celles qui s’étaient installées au sud du Paseo de Gracia dans des maisons plus modestes, mêlées aux ateliers et aux entrepôts.

Les classes les plus aisées sont en effet allées s’établir au-delà de l’Ensanche, le long de la Diagonal, où les édifices officiels et les résidences luxueuses sont à proximité des espaces verts, ainsi que sur les premières pentes du Tibidabo, où les petits pavillons nichés dans la verdure se voient, depuis peu, écrasés par les grands immeubles qui s’alignent le long des grands axes.

Contrastant avec cette zone résidentielle aisée, où la densité reste faible, les quartiers nord et sud (où s’installent la plupart des immigrants) sont des banlieues ouvrières dont les maisons d’habitation, aux tristes façades souvent dégradées, côtoient dans le plus grand désordre les usines. Une part notable de ces banlieusards doit se rendre chaque jour en ville par des moyens de transport en commun à la limite de la surcharge. Pour accueillir les nouveaux venus, les municipalités construisent depuis quelques années des grands ensembles au plan régulier, qui comblent les vides subsistant à l’intérieur de la trame anarchique des constructions antérieures, gravissent les pentes de la montagne au-dessus de Horta et de San Andrés, et conquièrent les basses terres des deltas du Besós et du Llobregat.

Cependant, le flot des immigrants est tel que la crise du logement s’aggrave chaque année. Les nouveaux arrivants ne trouvent pas tous un toit : les Andalous, qui s’emploient difficilement faute de qualification professionnelle, sont nombreux à s’établir dans les baraques qui couvrent les collines de Santa Coloma de Gramanet et même les flancs du Montjuich dans des conditions d’inconfort el d’insalubrité qui confinent au bidonville.

Les autorités municipales, conscientes de ces douloureux problèmes, font de réels efforts pour lutter contre ce phénomène de « barraquismo ». Elles entendent, de façon plus générale, contrôler l’expansion urbaine et, dans ce but, ont mis à l’étude un plan de développement et d’aménagement de la ville.

R. L.

➙ Catalogne.

 J. Gudiol, Barcelona (Barcelone, 1946). / J. Ainaud, J. Gudiol et F. P. Verrié, Catálogo monumental de España. La ciudad de Barcelona (Madrid, 1947 ; 2 vol.). / F. Soldevila, Història de Catalunya (Barcelone, 1962). / C. E. Dufourcq, l’Espagne catalane et le Maghreb aux xiiie et xive siècles (P. U. F., 1966). / C. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, 1380-1462 (Mouton, 1968 ; 2 vol.). / R. Courtot et R. Ferras, Barcelone (la Documentation française, « Notes et études documentaires », 1969).


Barcelone, ville d’art

Le nom de gothique, attribué au plus ancien quartier de Barcelone, est un hommage au style qui marque le plus fortement dans le passé le visage artistique de la cité. Non que les époques antérieures s’y soient toutes montrées stériles, mais elles ne sont plus généralement représentées que par des témoins modestes.

De la domination romaine subsiste la puissante enceinte dont la ville s’entoura dans la seconde moitié du iiie s. Les fouilles ont en outre livré nombre de fragments d’architecture et de sculpture qui révèlent que l’art universaliste de Rome sut acquérir ici, à l’occasion, des accents plus personnels. On s’étonnera peut-être de constater que cette relative médiocrité se prolonge à l’époque romane. N’est-elle pas celle du premier essor de l’art catalan ? Mais, à cette époque, les centres créateurs, qui sont les abbayes bénédictines, se trouvent encore dans les campagnes. Les édifices romans barcelonais, quant à eux, sont rares et modestes. S’il est vrai que la peinture romane fit une entrée brillante dans la ville, ce n’est qu’au xxe s. avec les riches collections du musée d’art catalan de Montjuich.