Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Adenauer (Konrad) (suite)

L’arrivée au pouvoir du général de Gaulle, considéré comme nationaliste et antieuropéen, va-t-elle arrêter la politique de réconciliation franco-allemande et d’unification européenne ? Le chancelier rencontre le général dès le 14 septembre 1958, à Colombey-les-Deux-Églises. Entre ces deux hommes si différents naît une véritable amitié, et cette rencontre prélude à une série de rendez-vous du même genre dont l’histoire culmine avec le triomphal voyage du général de Gaulle en Allemagne, en septembre 1962. Si la politique européenne inaugurée en 1950 ne progresse pas aussi vite qu’Adenauer l’aurait souhaité, du moins peut-il fortifier l’alliance franco-allemande à laquelle le traité de l’Élysée du 22 janvier 1963 vient apporter une consécration solennelle.

Cependant, la carrière du chancelier est sur son déclin. Lors des élections fédérales du 17 septembre 1961, la CDU perd au Bundestag la majorité absolue. L’autorité d’Adenauer, déjà affaiblie par ce résultat, l’est encore davantage du fait des marchandages auxquels il doit recourir pour former, avec les libéraux, un cabinet de coalition bourgeoise. Encore n’est-il réélu chancelier, le 7 novembre, qu’en promettant de quitter la chancellerie à temps pour que son successeur puisse préparer les élections de 1965. Or, aux yeux des députés CDU, ce successeur ne peut être que Ludwig Erhard, celui-là même que le chancelier ne cesse de dénigrer. Les aléas de la politique européenne et l’affaire du Spiegel ont raison du vieux chancelier, qui démissionne le 15 octobre 1963. Le lendemain, Erhard le remplace à la chancellerie, en attendant de lui succéder à la tête de la CDU (1965).

Ses dernières années sont consacrées à la rédaction de ses Mémoires et aux voyages.

P. P. et F. G. D.

➙ Allemagne (République fédérale d’) / Cologne / Démocratie chrétienne / Rhénanie / Weimar (république de).

 R. d’Harcourt, Adenauer (Éditions universitaires, 1955). / P. Weymar, Konrad Adenauer, die autorisierte Biographie (Munich, 1955 ; trad. fr. Konrad Adenauer, souvenirs, témoignages et documents, Plon, 1956). / E. N. Dzelepy, le Mythe Adenauer (Éditions politiques, Bruxelles, 1960). / K. Adenauer, Mémoires (trad. de l’allem., Hachette, 1965-1969 ; 3 vol.). / R. Delcour, Konrad Adenauer (Seghers, 1966).

Ader (Clément)

Ingénieur français (Muret 1841 - Toulouse 1925).


Encore collégien, il conçoit un cerf-volant de grandes dimensions capable d’enlever un homme. Un peu plus tard il construit un vélocipède qui possède, remarquable innovation, des roues caoutchoutées. Pendant la guerre franco-allemande de 1870, il fabrique à ses frais un ballon qu’il donne, la paix signée, à la ville de Toulouse. Installé à Paris en 1876, il y monte en 1880 le premier réseau téléphonique privé, pour lequel il se sert d’un microphone, mis au point par ses soins en 1878, et de tout un appareillage de son invention. À l’exposition d’électricité de 1881 il dévoile son théâtrophone, qui permet d’entendre à domicile, avec un poste téléphonique, les représentations de l’Opéra, et qui connaît un très grand succès.

Devenu riche, Ader se consacre tout entier au but qu’il s’est assigné : découvrir le moyen de voler. Il installe chez lui une immense volière où il réunit tous les oiseaux qu’il peut se procurer, du moineau au vautour, ainsi que de grandes chauves-souris de l’Inde, dont il étudie le vol, la structure des ailes, etc. Ses observations et ses calculs l’amènent alors à l’exécution de son Eole, reproduction fidèle de la grande roussette de l’Inde. Commencé en 1886, achevé en 1889, breveté le 19 avril 1890, cet appareil est équipé d’un moteur à vapeur. Ses ailes de 14 m d’envergure peuvent se replier. Dans le plus grand secret, Ader l’expérimente le 9 octobre 1890 dans le parc du château d’Armainvilliers (près de Gretz) et réussit un bond d’une cinquantaine de mètres à 20 cm du sol. Quelques modifications de détail au moteur font de ce premier appareil l’Eole II qui, en septembre 1891, accomplit un nouveau vol au camp de Satory, obligeamment prêté par le ministre de la Guerre, Charles Freycinet. Malheureusement, les essais sont interrompus à la suite d’un accident qui endommage l’appareil venu buter sur des chariots. Réparé, celui-ci est exposé dans le pavillon de la ville de Paris et intéresse le ministre de la Guerre.

Désormais, les expériences et les essais de l’inventeur se feront sous le couvert du département de la Guerre. Durant six années, Ader se livre à des essais de toutes sortes. Le 24 juillet 1894, une convention est signée entre l’inventeur et le général Mercier, ministre de la Guerre.

Au printemps de 1897, l’appareil définitif, l’Avion III, est prêt et une expérience officielle est prévue pour le 14 octobre au camp de Satory, devant une commission nommée par le ministre de la Guerre (général Billot). Ce jour-là, le temps est mauvais, mais Ader n’ose pas renvoyer les personnalités présentes qui, à l’abri du vent et de la pluie, ont de la peine à suivre, de loin, le comportement de l’appareil. Celui-ci, porté par ses roues sur une soixantaine de mètres, fait d’abord des bonds successifs, puis quitte le sol tout à fait, mais, pris dans un remous d’air, il est rejeté à terre et sérieusement endommagé. Alors s’ouvre une polémique interminable. Les membres de la commission constatent simplement, d’après l’interruption des traces laissées par la roue arrière dans le sol détrempé, l’existence d’une force portante qui avait allégé l’appareil. Ils donnent cependant un avis favorable à la poursuite des recherches. Ader soutient énergiquement qu’il a réussi une « envolée ininterrompue de 300 m ». Quant au ministre de la Guerre, il y voit un échec. Désormais abandonné à lui-même, Ader cherche vainement des concours financiers. Ruiné, il brûle ses esquisses et même ses appareils, n’épargnant que l’Avion III, puis se retire dans sa demeure solitaire du Ribonnet, près de Toulouse.

J. D.