Bâle (suite)
Les vieux quartiers de Bâle conservent un ensemble important de portes (la belle Spalentor, à l’entrée du faubourg des aubergistes, selliers, forgerons, etc., qui témoigne de l’abondance des voyageurs dans cette ville internationale), d’édifices publics (hôtel de ville du début du xvie s.), de fontaines (Fischmarktsbrunnen du xve s.), de maisons et de ruelles anciennes. Il s’y ajoute une architecture du xviiie s. avec le Stadthaus, ancienne poste (1771-1775), avec les demeures des riches bourgeois qui adoptèrent un style français un peu guindé, mais agrémenté de magnifiques ouvrages de ferronnerie.
Toute la vie religieuse, sociale, artistique de Bâle durant cinq siècles revit dans ses deux musées principaux (elle en compte une vingtaine), le Musée historique et le musée des Beaux-Arts. Installé dans l’ancienne église des cordeliers, le premier a réuni beaucoup d’objets d’art religieux sauvés des destructions de 1529, sculptures, peintures (comme la Danse des morts, attribuée à tort à Holbein, et qui décorait le cimetière des dominicains), vitraux, tapisseries. Il possède deux étonnants « trésors » d’orfèvrerie : l’un religieux, celui de la cathédrale (croix, calices, ostensoirs dont le plus célèbre est celui que cisela Georg Schongauer, frère du peintre), l’autre civil, celui des corporations (hanaps, couronnes, etc., ainsi que des bannières et insignes).
Quant au musée des Beaux-Arts, installé depuis 1936 dans un édifice moderne fort bien conçu, ses deux « dominantes » traduisent avec éclat le mécénat éclairé de la société bâloise — celle de la Renaissance et celle d’aujourd’hui. D’une part, en 1661, la ville achetait et ouvrait au public le cabinet célèbre de B. Amerbach, l’ami d’Erasme et de Holbein : d’où la richesse exceptionnelle du musée en peintres allemands et suisses du xve s. et de la Renaissance, Grünewald et Baldung Grien, Niklaus Manuel Deutsch — peintre des guerriers suisses et des déesses maniéristes — et les deux maîtres bâlois Konrad Witz (polyptyque du Salut) et Holbein (portraits, Christ mort, etc.). D’autre part (outre une galerie de classiques et de romantiques suisses), une politique d’achats intelligents a constitué un ensemble de peinture moderne unique en Europe, de Cézanne et Van Gogh au cubisme, au groupe « der Blaue Reiter », à l’école de Paris.
P. G.
G. Revilliod, la Cité de Bâle au xive siècle (Genève, 1863). / J. Haller et G. Beckmann, Concilium Basileense. Studien und Quellen zur Geschichte des Konzils von Basel (Bâle, 1896-1936 ; 8 vol.). / E. Sainte-Marie-Perrin, Bâle, Berne, Genève (Laurens, 1907). / R. Wackernagel, Geschichte der Stadt Basel (Bâle, 1907-1924 ; 3 vol.). / XIVe Congrès international d’histoire de l’art (Bâle, 1936). / S. Streicher, Basel. Geist und Antlitz einer Stadt (Bâle, 1937). / G. Lendorff, Bâle, cité médiévale (Le Griffon, Neuchâtel, 1949). / R. Fellmann, Basel in römischer Zeit (Bâle, 1955). / P. Burckhardt, Geschichte der Stadt Basel (Bâle, 1957). / E. Bonjour, Die Universität Basel, 1460-1960 (Bâle, 1960). / Öffentliche Kunstsammlung Basel, Katalog (Bâle, 1961-1969 ; 3 vol.). / J. Gill, Constance et Bâle-Florence (Éd. de l’Orante, 1965) ; Quellen und Forschungen zur Basler Geschichte (Bâle, 1966).