Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bade (suite)

Grâce à la force du courant démocratique, le Bade traverse sans encombre les années troubles 1918-1919. Devenu État de la nouvelle république de Weimar, il donne au nouveau Reich son premier président, Friedrich Ebert, et des hommes politiques comme Matthias Erzberger et Joseph Wirth. Devant la montée du nazisme, démocrates, catholiques et socialistes gardent encore la majorité aux élections du 5 mars 1933 (713 000 voix contre 677 000). Après sa victoire, le nazisme allait balayer l’État libéral badois.

La Seconde Guerre mondiale et l’occupation bouleversent le Bade. Les zones d’occupation scindent le pays, dont le Sud passe sous contrôle français et le Nord sous contrôle américain. Les délimitations arbitraires de ces zones d’occupation frappent les membres du Conseil parlementaire constituant de 1948. La Loi fondamentale de 1949 prévoit un remembrement entre Länder, d’où la création d’un État allemand du Sud-Ouest où entraient le Bade, le Wurtemberg-Bade et le Wurtemberg-Hohenzollern. Après des discussions passionnées au Parlement de Bonn, après de difficiles négociations avec les autorités d’occupation, un référendum, en décembre 1951, approuve la création du Land de Bade-Wurtemberg. Intégré au nouveau Land, le Bade y apporte ses caractères de pays clérical et libéral, et y fait preuve, malgré les problèmes de son agriculture parcellaire, d’un grand dynamisme.

P. R.

➙ Allemagne / Bade-Wurtemberg / Confédération germanique / Confédération du Rhin / Kulturkampf / National-socialisme / Weimar (république de) / Wurtemberg.

 J. Sigmann, la Révolution de 1848 dans le pays de Bade (Fribourg, 1948). / F. L’Huillier, Étude sur le Blocus continental (P. U. F., 1952). / B. Sütterlin, Geschichte Badens (Karlsruhe, 1965 ; 2 vol.).

Bade-Wurtemberg

En allem. Baden-Württemberg, État de la République fédérale d’Allemagne ; 35 750 km2 ; 8 895 000 hab. Capit. Stuttgart.


Sur le plan physique, le Land est composé d’éléments hétérogènes : plaine de Bade, massif de la Forêt-Noire, plateau sédimentaire du Wurtemberg. La vallée du Rhin, dont le pays de Bade n’est qu’un élément, n’est pas économiquement la région la plus importante du Land, dominé par le Wurtemberg, groupé autour du Neckar. C’est en décembre 1951 que les trois parties, Bade, Wurtemberg-Bade et Wurtemberg-Hohenzollern, ont été réunies dans le Land de Bade-Wurtemberg, le troisième de la R. F. A. pour la population (après la Rhénanie-du-Nord-Westphalie et la Bavière), le premier par son dynamisme, bien que peu favorisé par la nature. Sur le plan administratif, le Land est divisé en quatre districts (Regierungsbezirke) : Wurtemberg-Nord (Stuttgart), Bade-Nord (Karlsruhe), Bade-Sud (Fribourg) et Wurtemberg-Sud-Hohenzollern (Tübingen).


La diversité du milieu physique

La plaine de Bade est une partie du fossé rhénan, et la zonation rappelle l’Alsace voisine : rieds, plaine lœssique, cônes de déjections étalés des cours d’eau arrivant dans la plaine, collines précédant le massif de la Forêt-Noire. Celui-ci rappelle, à son tour, les Vosges (plus disséquées toutefois). Le Nord, plus bas, est gréseux ; le Sud est cristallin et légèrement plus élevé que les Vosges (Feldberg, 1 493 m). Les sédiments secondaires s’appuient sur le versant est, montant plus haut que dans les Vosges. Le Kraichgau correspond à un compartiment effondré (trouée de Pforzheim), dont la fonction de passage a été tôt exploitée. Il s’ouvre aux pays du Neckar, dont la géologie rappelle la Lorraine. L’alternance de dureté (calcaires, argiles, marnes, grès, etc.) ainsi que la dissection par les cours d’eau ont déterminé la formation de petites régions appelées Gau (au singulier). Le « Schwäbisch-Fränkisches Stufenland » s’étend jusqu’à l’Odenwald, qui rappelle la Forêt-Noire gréseuse, et les pays du Main. À l’est et au sud-est, les cuestas de la Schwäbische Alb et de la Fränkische Alb, quoique constituées de calcaires jurassiques, ressuscitent un aspect de moyenne montagne. Le drainage n’est pas toujours conforme à la structure. La Kinzig rejoint le Rhin, et le Danube coule conformément au pendage des couches. Par contre, le Neckar mord sur l’Odenwald pour atteindre le Rhin, défiant ainsi la structure.

Le climat de la plaine de Bade est analogue à celui de l’Alsace. La Forêt-Noire est un massif très arrosé (plus de 2 m de précipitations certaines années). Par contre, le Wurtemberg est situé dans son ombre pluviométrique, si bien que Stuttgart reçoit environ 600 mm par an. D’une manière générale, la retombée orientale de la Forêt-Noire, exposée aux rayons du soleil levant, peut être considérée comme un gigantesque adret, où la limite des cultures se situe plus haut que dans le massif vosgien.

Sur le plan des ressources naturelles, il faut souligner que la région ne recèle ni charbon ni minerai de fer, ce qui la distingue de la Lorraine, dont l’évolution géologique est, pourtant, similaire.


L’expansion démographique récente

Fait de pièces hétéroclites, le Land a néanmoins connu sur le plan démographique une évolution assez homogène, et l’augmentation de la population a été continue depuis le xixe s.

L’accroissement a été relativement lent dans la seconde moitié du xixe s., à une époque où l’économie agricole prédominait dans de larges contrées. L’augmentation rapide des dernières décennies est à mettre en rapport avec l’industrialisation, qui a déterminé un appel de main-d’œuvre. Le bilan migratoire est largement positif. Jadis région d’émigration, le Land constitue aujourd’hui un des principaux foyers d’appel de travailleurs. On comptait 412 000 étrangers en 1967.

L’accroissement démographique reflète l’inégal développement urbain et industriel selon les Regierungsbezirke.