Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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zoologie (suite)

Le xxe siècle

Les acquisitions de notre siècle amenèrent la zoologie à son état actuel, sur lequel on ne peut insister de façon détaillée, car, de nos jours, les progrès de cette discipline se confondent souvent avec ceux de la biologie et de la physiologie animales. Voyons cependant rapidement quelles furent les plus importantes de ces acquisitions.


Méthodes d’étude

La zoologie actuelle a beaucoup bénéficié des progrès constants de la microscopie optique (construction de microscopes binoculaires, d’ultramicroscopes, de microscopes à lumière ultraviolette, à lumière polarisée, à contraste de phase) et surtout de la microscopie électronique, qui permet des grossissements considérables. Parallèlement furent réalisées des coupes ultrafines (de l’ordre de 100 Å) permettant l’observation microscopique au niveau moléculaire.

Le cinéma scientifique appliqué à la zoologie, qui débuta en 1904 (film d’Antoine Pizon sur le développement d’une Ascidie), a fait des progrès considérables, et la méthode de l’accélération a permis de voir des mouvements très lents, tandis que celle du ralenti autorisait l’analyse des mouvements rapides.

L’utilisation des radio-isotopes (ou marqueurs radioactifs) a permis de suivre les déplacements d’insectes (par exemple fourmis dans la fourmilière) ou des Vertébrés (oiseaux).

Les progrès de la biochimie ont permis de rapprocher ou de séparer diverses espèces d’après leurs caractéristiques chimiques. La spectrographie a été également utilisée pour déterminer la spécificité biochimique de certains parasites vis-à-vis de leurs hôtes. Le xxe s. a vu paraître plusieurs grands traités de zoologie, tels ceux de Willy Kukenthal, publiés à partir de 1925, d’Auguste Lameere (1929, 7 vol.), et enfin celui qui est dirigé par Pierre-Paul Grassé (32 vol. parus en 1975).


Inventaire faunistique

Avec le perfectionnement des méthodes d’étude, le nombre d’espèces animales connues s’est accru considérablement à partir de 1900, et des groupes zoologiques jusqu’ici entièrement inconnus furent découverts. Tel est le cas des Protoures, Zoraptères, Notoptères, trois ordres d’insectes décrits respectivement par Filippo Silvestri (1907, 1913) et G. C. Crampton (1915). Il en est de même des Pogonophores, vers marins benthiques découverts en 1914 et qui constituent un nouvel embranchement, et de la sous-classe des Mystacocarides (Crustacés), individualisée en 1943 dans le milieu aquatique dit « interstitiel ». D’autres découvertes concernent des animaux appartenant à des groupes que l’on croyait éteints. Tel est le cas des Mollusques monoplacophores du genre Neopilina découverts dans le Pacifique en 1952 et du cœlacanthe, poisson du genre Latimeria (Crossoptérygiens) mis en évidence sur la côte orientale d’Afrique en 1938 et retrouvé depuis au voisinage des Comores.

L’okapi (Giraffidé) a été découvert dans les forêts du Congo au début du siècle.


Acquisitions diverses

Une des grandes découvertes zoologiques du xxe s. est la mise en évidence du rôle des Insectes piqueurs dans la transmission de diverses maladies infectieuses (pou et fièvre récurrente : Edmond Sergent et Foley, 1908 ; pou et typhus exanthématique : Charles Nicolle et collaborateurs, 1909, etc.).

Les toxoplasmes (Toxoplasma) furent découverts chez les Rongeurs (1908), puis chez l’Homme (1937). On les classe aujourd’hui dans les Sporozoaires. Il faut signaler aussi dans ce même groupe la découverte du cycle exo-érythrocytaire des Plasmodium d’Oiseaux et de Mammifères. Cette acquisition devait avoir une grande importance en médecine clinique.

L’étude cytologique des Protozoaires (libres et parasites) a fait l’objet de nombreux travaux, et leur ultrastructure a pu être précisée grâce au microscope électronique.

Le rôle de certains d’entre eux (Flagellés), vivant en symbiotes de termites et de blattes dans la digestion du bois consommé par ces insectes, a pu être précisé.

La lutte contre les insectes nuisibles a été entreprise à l’aide d’autres insectes dits entomophages qui vivent en parasites de ceux-ci, et, à partir de 1939, ont été mis au point les insecticides de synthèse (D. D. T., H. C. H., etc.).

Un autre domaine de recherches, relativement récent, est celui de l’endocrinologie des Invertébrés (Crustacés, Insectes, Mollusques). On a pu en effet mettre en évidence chez ceux-ci des organes neuro-sécréteurs qui déterminent le déclenchement de la mue (travaux de N. Hanström, de V. B. Wigglesworth, de C. Williams, etc.).

Hélène Charniaux-Cotton a montré que la différenciation sexuelle des mâles génétiques de certains Crustacés résulte de la sécrétion d’une glande spéciale : la glande androgène.

Des travaux importants ont été également réalisés dans les domaines de la sexualité (parthénogenèse, intersexualité, gynandromorphisme, etc.) et de l’embryologie de divers Invertébrés ou Vertébrés. Les recherches écologiques ont également fait de grands progrès en raison du perfectionnement des méthodes d’étude (mesures des divers facteurs du milieu, méthodes de prise des échantillons, etc.).

L’exploration faunistique de divers milieux biologiques jusqu’alors inconnus ou inaccessibles a pu être entreprise. C’est le cas notamment des grandes profondeurs marines (au-delà de 10 000 m), où ont pu descendre les bathyscaphes (engins sous-marins capables de supporter de très fortes pressions) munis d’appareils de photographie et de cinématographie sous-marines. Chacun connaît également le scaphandre autonome de Y. Cousteau, permettant à des zoologistes (Pierre Drach, 1946) l’exploration des fonds littoraux jusqu’à 60 m environ.

La faune interstitielle (organismes vivant dans la pellicule d’eau entourant des grains de sable) des eaux continentales ou marines donna lieu à de nombreuses études poursuivies dans divers pays d’Europe et aux États-Unis à partir de 1927. Cette faune très particulière se compose de Protozoaires (Ciliés), d’Acariens, de Crustacés, etc., dont de nombreuses espèces jusqu’ici inconnues ont été découvertes.