Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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zoologie (suite)

Michel Adanson (1727-1806) montra cependant que l’examen de la seule coquille était insuffisant, celui de l’animal qui y était enfermé étant indispensable. Il fut suivi dans cette voie par Antoine Joseph Dezallier d’Argenville (1680-1765). Citons également les contributions d’Étienne Louis Geoffroy (1767), de Jean Guillaume Bruguières (1789), de Poli (1746-1825), qui divisait les Mollusques d’après leurs organes de locomotion en Céphalopodes, Gastropodes et Acéphales, noms encore utilisés aujourd’hui dans la systématique de ce groupe.

Les Insectes furent étudiés dans de nombreux ouvrages, le plus important étant constitué par la série des Mémoires pour servir à l’histoire des insectes (1734-1742) de René Antoine Ferchault de Réaumur, qui, outre d’excellentes observations morphologiques illustrées de nombreuses figures originales, s’intéressa, le premier, à l’éthologie (étude des mœurs) de ces Invertébrés, qu’il s’agisse des Lépidoptères (chenilles et papillons), des Diptères, des Hémiptères (pucerons, cigales) ou des Hyménoptères sociaux (abeilles, guêpes). Il faut aussi mentionner l’étude anatomique (1760) de la chenille du saule par Pierre Lyonel (1706-1789), qui est un modèle du genre, avec de splendides planches représentant avec une très grande exactitude les muscles, nerfs, trachées, etc., de cet insecte. Citons encore les travaux de Johann Christian Fabricius (1745-1808) et de Carl De Geer (1720-1778).

À la fin du siècle parurent diverses faunes entomologiques nationales (France, Allemagne, Angleterre, Suède, etc.), et, à la même époque (1792), François Huber (1750-1831) décrivit la fécondation de la reine d’abeille au cours du vol nuptial (nous verrons plus loin la découverte de la parthénogenèse chez les pucerons par Charles Bonnet).

Les Crustacés, encore confondus avec les Arachnides (araignées, scorpions, etc.), furent individualisés en une classe spéciale par Brisson (1756), tandis que Plancus (1760) décrivait des crabes, les pagures, l’anatife et les balanes (Cirripèdes), et également un Isopode parasite de Poissons (notons qu’un autre Isopode bopyrien parasite de crevettes aurait été vu par Deslandes dès 1722). Herbst publia en 1782 une importante monographie sur les crabes, où sont décrits un grand nombre d’espèces de ces Décapodes et également des Isopodes et Amphipodes.

Les Vers constituaient alors un ensemble très hétérogène malgré les essais de classification de O. F. Müller (1771), qui rattacha aux Planaires les Némertiens, dont la première espèce avait été décrite en 1758. Les Vers intestinaux (Nématodes, Cestodes) firent l’objet de nombreux travaux, parmi lesquels il faut citer ceux de Nicolas Andry (1700), de Goeze (1782), de Bloch (1788), et, en vue d’expliquer leur apparition chez leurs hôtes, des théories opposées s’affrontaient. Pour Pallas (1760), c’est par leurs œufs provenant de l’extérieur que l’Homme et les animaux s’infesteraient, tandis que divers auteurs croyaient encore à leur génération spontanée.

Il faut maintenant examiner les principales contributions à l’étude des Vertébrés.

Pour ce qui est des Poissons, c’est un ami de Linné, Peter Artedi (1738), qui posa les véritables fondements de leur étude et créa la nomenclature encore en usage, notamment en ce qui concerne les noms de certains ordres. Les autres ichtyologistes du xviiie s. furent, pour ne citer que les principaux : Gronovius (Jan Frederik Gronov), Antoine Gouan, Giovanni Antonio Scopoli, Henri-Louis Duhamel du Monceau, Auguste Broussonet et surtout M. B. Bloch (1723-1799), auteur d’un ouvrage en 12 volumes sur les Poissons exotiques publié de 1785 à 1797. Mentionnons encore l’ouvrage de A. Monro (1785) et rappelons la contribution de Lacepède, déjà citée. Ce dernier s’occupa aussi des Reptiles, étudiés avant lui par Laurenti (1768), qui les avait divisés en sauteurs (grenouilles et crapauds), marcheurs (tritons, salamandres, crocodiles) et rampants (serpents). Comme on le voit, des Amphibiens (grenouilles, crapauds, tritons et salamandres) étaient encore considérés comme des Reptiles. Dufay (1732) et August J. Roesel de Rosenhof (1758) consacrèrent respectivement des mémoires aux salamandres et aux grenouilles. Diverses espèces exotiques (Pipa, Sirena) ou cavernicoles (protée) furent découvertes au cours du xviiie s.

L’ornithologie, ou étude scientifique des Oiseaux, est marquée par les contributions de Frisch (1734-1763) [espèces d’Europe centrale et d’Allemagne], Catesby (1731) et Edwards (1743) [espèces américaines], tandis que Moehring (1752) et Brisson (1760) proposaient de nouvelles classifications.

Les Mammifères furent étudiés, pour ce qui est de leur classification, par Schreber (1739-1810), T. Pennant (1771), Stow (1780), Étienne Geoffroy Saint-Hilaire et G. Cuvier* (1795).

Des espèces, jusqu’ici inconnues, du continent australien (ornithorynque, échidné) furent décrites par G. Shaw (1794) et E. Geoffroy Saint-Hilaire, qui consacra une étude d’ensemble aux Marsupiaux (1796), tandis que Pallas (1778) donnait une excellente monographie des Rongeurs.

Par ailleurs, l’Homme fut étudié par Buffon (1749) et Friedrich Blumenbach (1775), qui décrivirent les diverses races, que ce dernier considérait comme des variétés d’une espèce unique.


Anatomie comparée

Parmi les anatomistes du xviiie s. qui s’occupèrent des Vertébrés, il faut citer Petrus Camper (1722-1789), pionnier de la craniologie moderne (mesure de l’angle facial), qui étudia l’anatomie de l’orang-outan, de l’éléphant et du rhinocéros ; John Hunter (1728-1793), médecin et chirurgien, qui créa à Londres un splendide musée d’anatomie humaine et animale (existant encore en partie de nos jours) et s’intéressa à la pneumaticité des os des oiseaux ; Félix Vicq d’Azyr (1748-1794), qui fut le continuateur de l’œuvre de Daubenton (avec qui il était apparenté) par ses nombreux travaux sur l’anatomie comparée des Oiseaux et des Poissons. Il eut l’intuition du principe de la corrélation des organes et peut être considéré comme le précurseur direct de E. Geoffroy Saint-Hilaire et de Cuvier. C’est également lui qui rédigea l’article « Anatomie pathologique » dans l’Encyclopédie de Diderot et de d’Alembert.