Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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zoologie (suite)

Au ive s., Basile* le Grand consacra trois passages de son Hexaméron aux animaux, utilisés ici dans un but théologique. Le voyageur Cosmas Indikopleustês (vie s.) consacra un livre de sa Topographie chrétienne aux animaux de l’Inde, qu’il n’aurait cependant pas visitée. Dans les Geoponica, recueil de textes agricoles du xe s., se trouvent des passages concernant divers animaux utiles, parmi lesquels le ver à soie (Bombyx mori), que les Byzantins introduisirent dès le vie s. d’Extrême-Orient à Constantinople et de là en Europe occidentale.

Tout comme en islām, certains médecins byzantins (Aetios d’Amida, Alexandre de Tralles, Paul d’Égine, etc.) ont étudié dans leurs ouvrages divers animaux parasites de l’Homme ou venimeux.

Les Byzantins eurent également le mérite non négligeable de transmettre à l’Occident les écrits zoologiques d’Aristote.


Le xvie siècle

Aux siècles relativement obscurs du Moyen Âge, où la pensée scientifique était soumise à la scolastique et à des impératifs religieux, va succéder une période durant laquelle elle va tenter de se débarrasser de cette double tutelle : la Renaissance.

La plupart des zoologistes du xvie s. sont des humanistes encore tributaires de l’Antiquité, et en particulier d’Aristote, dont les écrits zoologiques furent édités dès 1483 par Théodore Gaza, le développement de l’imprimerie étant un facteur important pour la diffusion des connaissances scientifiques.

Par ailleurs, le xvie s. fut également l’époque des premières expéditions dans le Nouveau Monde, tandis que se poursuivait l’exploration de l’Asie et de l’Afrique, à laquelle participèrent divers zoologistes.

On peut diviser ces derniers en plusieurs catégories : les érudits polygraphes, les « spécialistes », les anatomistes et médecins, auxquels il faut ajouter des voyageurs. Parmi les polygraphes, il faut citer : Conrad Gesner (1516-1565) de Zurich, auteur d’une Historia animalium totalisant 4 500 pages in folio illustrées par plusieurs centaines de gravures ; Ulisse Aldrovandi (1522-1605), qui rédigea un traité zoologique en onze volumes de 7 000 pages in folio comportant également une bonne illustration. De tels ouvrages sont encore alourdis par une pesante érudition : pour chaque animal sont indiqués ses noms dans diverses langues (anciennes et modernes), son origine, son habitat, ses caractères morphologiques, ses maladies, ses mœurs, son rôle alimentaire ou thérapeutique, enfin des considérations étymologiques sur son nom et les proverbes qui lui sont liés. C’est ainsi que le cheval n’occupe pas moins de 176 pages chez Gesner et 294 chez Aldrovandi.

Comme « spécialistes », on peut citer Guillaume Rondelet (1507-1556), Ippolito Salviani (1514-1572) et Pierre Belon (1517-1564), qui écrivirent tous trois des ouvrages sur les « Poissons » où étaient considérés non seulement les poissons véritables, mais également toutes sortes d’autres animaux aquatiques (hippopotame, phoque, crocodile, divers Amphibiens et Invertébrés marins). Pierre Belon fut également un naturaliste voyageur qui visita de 1547 à 1549 l’Italie, la Grèce et le Proche-Orient et qui publia (1553) un ouvrage sur l’histoire naturelle de ces régions où figure la description de divers animaux exotiques (hippopotame, dromadaire, girafe, buffle, zébu, etc.). Il est également l’auteur d’un ouvrage consacré aux Oiseaux (1555) où l’on trouve l’illustration juxtaposée d’un squelette humain et d’un squelette d’oiseau, ce qui a fait considérer Belon, à tort, comme le fondateur de l’anatomie comparée.

C’est néanmoins lui qui « a tiré l’ornithologie du chaos où l’avait laissée le Moyen Âge » (P. Delaunay). La découverte du Nouveau Monde amena celle de la faune américaine par divers voyageurs portugais, espagnols, italiens, français et anglais. Parmi les plus importants, il faut citer : Gonzalo Hernández de Oviedo (1478-1557), qui consacra quatre livres de son Histoire générale et naturelle des Indes (1525-1535) aux Mammifères, aux animaux aquatiques, aux Oiseaux et Insectes de Saint-Domingue (Haïti) ; José de Acosta (1540-1600), qui publia en 1590 une Histoire naturelle et morale des Indes après avoir séjourné aux Antilles, au Pérou et au Mexique ; André Thevet (1502-1590), qui visita l’Amérique du Sud et écrivit les Singularités de la France antarctique (1558), où sont décrits divers animaux de ces régions : paresseux, opossum, lamantin, tapir, tandis que Thomas Harriot publiait (1560-1621) en 1588 un ouvrage consacré à la Virginie, d’où il avait rapporté une trentaine d’animaux encore inconnus en Europe.

Pour ce qui est des observations sur la faune de l’Ancien Monde, il faut citer, outre P. Belon déjà mentionné, Pierre Gilles (1489-1555), d’Albi, qui visita le Proche- et le Moyen-Orient (Turquie, Perse, Arménie, Mésopotamie, Syrie), où il étudia l’anatomie de l’éléphant, de la girafe et de divers autres animaux. Il fut surnommé le « Père de la zoologie française ».

Certains anatomistes et médecins de la Renaissance ont également fait œuvre de zoologiste. Si l’œuvre anatomique de Léonard* de Vinci concerne surtout l’Homme, il a néanmoins disséqué également d’autres Mammifères (singes, Bovidés, Équidés, Carnivores), s’est intéressé à la nage des poissons et au vol des oiseaux, des chauves-souris et des insectes. Volcher Coiter (1534-1576) fut un des pionniers de l’anatomie comparée ; il disséqua de nombreux Amphibiens, Reptiles, Oiseaux et Mammifères et tenta, le premier, une classification générale des Oiseaux d’après les différences existant entre leurs divers genres. Carlo Ruini (1530-1598) est l’auteur d’un remarquable ouvrage sur l’anatomie et les maladies du cheval, qui eut 15 éditions entre 1598 et 1769. Le célèbre chirurgien Ambroise Paré (v. chirurgie) s’était occupé aussi de zoologie, disséquant des animaux rares pour son époque (autruche, toucan) et consacrant 26 chapitres de ses Œuvres aux animaux ; il reste encore tributaire d’Aristote, appelant « Poissons » tout ce qui vit dans l’eau et « Oiseaux » tout ce qui vit dans l’air, considérant la « reine » d’abeille comme un « roi » et croyant encore à la génération spontanée des parasites dans le corps de leur hôte. Il connaissait cependant l’Acarien de la gale (Sarcoptes scabiei), dont l’existence ne sera définitivement admise qu’en 1834, et aurait publié la première figure du cachalot. S’il croyait encore à l’existence de dragons tuant des éléphants, il mettait en doute l’existence de la mythique licorne, dont la « corne » utilisée dans la pharmacopée d’antan n’est autre que la défense d’un cétacé : le narval (Monodon monoceros). Il faut encore citer le Livre des quadrupèdes de Michel Herr, exhumé de l’oubli par E. Wickersheimer (1957), les Exoticorum libri decem de Charles de Lécluse (1526-1609), compilation illustrée sur les animaux exotiques où sont figurés le tatou (Dasypus), le paresseux (Bradypus), le casoar, le « dodo », le poisson-scie (Pristis) et le limule. Comme autres médecins zoologistes du xvie s., mentionnons les Anglais Edward Wotton (1492-1555) et Thomas Moufet (1553-1604) [qui s’occupa des insectes et dont l’ouvrage posthume ne parut qu’en 1634].