Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Zapotèques et Mixtèques (suite)

Le centre cérémoniel de Monte Albán s’élève sur une colline dominant de 400 m la vallée d’Oaxaca ; le sommet en a été nivelé pour créer une place de 300 sur 200 m, entourée de plates-formes supportant des « palais » et un jeu de balle. L’apparence générale de ces monticules et bâtiments évoque Teotihuacán. L’architecture en est sévère ; le décor sculpté, rare, se concentre sur les linteaux et les montants des portes ; nombreuses sont par contre les constructions stuquées et peintes. Quelques stèles sculptées représentent des personnages et des glyphes, parmi lesquels on a pu déchiffrer des dates. Les plus belles des nombreuses tombes découvertes dans le site sont de plan cruciforme, couvertes de voûtes à encorbellement et ornées de fines fresques dont le style dérive de Teotihuacán ; ces fresques représentent des glyphes ainsi que des hommes et des dieux, dont on retrouve les effigies modelées sur d’innombrables urnes funéraires. Chaque dieu porte une coiffure très élaborée, où figure le symbole qui le caractérise ; on identifie ainsi le dieu de la Pluie, Cocijo, le dieu du Maïs, Pitao Cozobi, le Serpent à plumes, le vieux dieu du Feu et la déesse de l’Eau...

D’abord uniquement centre cérémoniel ou civique, Monte Albán devint sans doute un centre urbain ; les nombreuses plates-formes d’habitation construites sur les pentes de la principale colline et des collines avoisinantes en témoignent. Mais l’éloignement des points d’eau ne permettait sans doute pas de supporter cette population croissante ; certains auteurs attribuent à ce facteur l’abandon, vers 900 (sauf comme lieu de sépulture), de Monte Albán, qui, ainsi que les autres centres de la vallée d’Oaxaca, tomba graduellement en ruine.


Mitla

Quelle que soit la raison de cet abandon, la civilisation zapotèque semble avoir mieux résisté aux causes encore obscures qui ont provoqué au nord (Teotihuacán) et au sud (cités mayas) une chute brutale. Car un nouveau centre zapotèque, Mitla, s’éleva au sud-ouest d’Oaxaca pendant le postclassique ancien (900-1200). Selon la légende qui a donné son nom à ce site — mictlan signifie « lieu de la mort » en nahuatl —, il existerait là une grande chambre souterraine, tombeau des rois et des nobles zapotèques ainsi que des héros morts au combat. Probablement construit pendant la pauvre période Monte Albán IV (correspondant à l’ère toltèque* sur le haut plateau), Mitla comprend cinq groupes de bâtiments d’une admirable architecture. Le plus remarquable, le « groupe des colonnes », doit son nom à une grande salle rectangulaire de 37 m de longueur, dont le toit plat était soutenu par une rangée de six colonnes. Résidence du grand prêtre de la nation zapotèque, si puissant que le souverain lui-même lui devait obéissance, Mitla, avec son organisation théocratique, constitue le meilleur exemple du conservatisme zapotèque. Plus tard soumis à l’influence mixtèque, ce centre cérémoniel reste cependant, de nos jours encore, vénéré par les Indiens de langue zapotèque, évalués à plus de 200 000 en 1950 ; dans l’église coloniale édifiée à l’intérieur de l’un des anciens palais se mêlent, parmi les fumées du copal, les célébrations de vieux rites zapotèques et de cérémonies chrétiennes.


Les Mixtèques

Ainsi la civilisation zapotèque s’épanouit-elle longtemps sans troubles dans sa belle vallée. Mais, à partir du xiiie s., les Mixtèques, « Ceux du pays des nuages », descendirent de leur région montagneuse originelle, la Mixteca, et repoussèrent graduellement les Zapotèques vers l’est. La généalogie des rois mixtèques et l’histoire de leurs conquêtes depuis l’an 692 de notre ère sont connues grâce à des codex de la région mixteca-puebla miraculeusement parvenus jusqu’à nous. Ces manuscrits sur peau de cerf, écrits pour la noblesse mixtèque dans les derniers jours avant la conquête, combinent pictographies et « rébus » avec les dates du calendrier aztèque de cinquante-deux ans. Les Mixtèques réutilisèrent le vieux site zapotèque de Monte Albán pour inhumer leurs morts de haut rang, peut-être dans l’intention d’établir leur continuité avec les dynasties qui y avaient régné pendant plus de mille ans. Le fantastique trésor de la tombe 7 de Monte Albán V est le plus éloquent témoignage de leur richesse et de leurs qualités artistiques : magnifiques objets d’or et d’argent, mosaïques de turquoise, colliers de cristal de roche, d’ambre, de jais et de corail, milliers de perles et d’os de jaguar gravés de scènes historiques et mythologiques. L’influence artistique des Mixtèques s’étendit au nord jusqu’à Cholula, où elle se manifesta dans le style hybride mixteca-puebla, qui produisit certains des manuscrits, des sculptures, des poteries et des mosaïques de turquoise les plus beaux des derniers jours du Mexique ancien. On retrouve ce style dans les mosaïques de pierre à motifs géométriques et les peintures polychromes, également superbes, qui ornent les murs des différents bâtiments de Mitla.

À la fin du xve s., les Aztèques* commencèrent leurs campagnes militaires dans l’Oaxaca et défirent les Mixtèques dans le nord-ouest de cette région. Mais ni les Zapotèques, ni les Mixtèques ne furent jamais complètement vaincus par l’État aztèque. Orgueilleux de leurs langues et de leur richesse culturelle, ils s’unirent avec succès contre l’envahisseur et résistèrent jusqu’à l’arrivée des Espagnols, échappant ainsi au sort malheureux de tant d’autres nations du Mexique asservies par les sanglants « aigles » aztèques.

M. S.-A.

➙ Amérique précolombienne / Indiens.

 I. Marquina, Arquitectura prehispánica (Mexico, 1951 ; 2e éd., 1964). / J. Soustelle, l’Art du Mexique ancien (Arthaud, 1966). / E. K. Easby et J. F. Scott, Before Cortes, Sculpture of Middle America (Greenwich, Connect., 1970).

Zarathushtra

Nom du réformateur de l’ancienne religion de l’Iran, né vers 700 av. J.-C., longtemps appelé Zoroastre en Occident.