Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Yougoslavie (suite)

À l’époque du baroque, Federiko Benković (Bencovich Schiavon, 1677-1753), apparenté à Tiepolo, peint à Bologne, Venise et Vienne. En Croatie du Nord, une place à part revient à l’ordre paulinien, qui crée au couvent de Lepoglava d’abord la première université croate (fin du xviie s), ensuite un important centre artistique. Ivan Ranger (1700-1753), d’origine tyrolienne, y organise un atelier de peinture qui exécute dans les environs de Zagreb de nombreux retables et des fresques en trompe l’œil (Lepoglava, Belec, Remete). En même temps, les demeures seigneuriales sont décorées de scènes galantes et mythologiques (Bistra, Lobor).

Au xixe s. apparaît le bref éclat ingresque de Vjekoslav Karas (1821-1858), auquel succède un courant académique. Le paysagiste Nikola Mašić (1852-1902) séjourne à Paris, d’où il rapporte le goût du travail en plein air. À sa suite s’y rendent Josip Račić (1885-1908), Miroslav Kraljević (1885-1913) et Vladimir Becić (1886-1945), artistes de tendance impressionniste qui sont à la source de la peinture moderne croate. À Split, Emanuel Vidović (1870-1953) pratique par lui-même la nouvelle peinture. Après la fondation en 1907 de l’École supérieure des arts, devenue en 1921 Académie des beaux-arts (dirigée par Meštrović), Zagreb devient le centre d’un courant de « réalisme poétique » dans lequel se distinguent Ljubo Babić (1890-1974), Ignjat Job (1895-1936), Marin Tartaglia (né en 1894), Oton Gliha (né en 1914). À côté de cette tendance à dominante plastique, Krsto Hegedušić (né en 1901) fonde en 1929 le groupe « Zemlja » (terre), consacré à la critique politique et sociale et dont sont issus les peintres-paysans du village de Hlebina (Ivan Generalić, né en 1914).

Après une brève période de « réalisme socialiste » consécutif à la Seconde Guerre mondiale, deux courants essentiels se manifestent : l’un abstrait lyrique, l’autre constructiviste. Le premier est notamment illustré par le tachisme d’Edo Murtić (né en 1921) et l’expressionnisme de Ferdinand Kulmer (né en 1925). Le second a pour promoteurs Vjenceslav Richter (né en 1917), Aleksandar Srnec (né en 1924) et Ivan Picelj (né en 1924), qui animent les groupes « Exat 51 », puis « Tendances Nouvelles », ce dernier constitué en 1961 et orienté vers le cinétisme. Miroslav Šutej (né en 1936) se rattache au constructivisme également, Goran Trbuljak (né en 1948) à l’art conceptuel, tandis que Jagoda Buic (née en 1930) se consacre à la rénovation de la tapisserie.


L’art slovène


Architecture

Déterminée à la fois par les courants vénitiens et autrichiens, elle ne se manifeste guère qu’à partir de l’époque gothique : les premiers monuments importants sont les églises de Kostanjevica et de Ptuj, du xiiie s. L’église de Ptujska Gora (xve s), avec ses trois nefs d’égale hauteur (selon le type d’église-halle créé par l’école de Peter Parler à Prague), a fourni le modèle de la plupart des églises paroissiales. Durant le xviie s. s’implante le baroque. Le monument principal en est la cathédrale de Ljubljana, élevée au début du xviiie s. sur les plans du jésuite italien Andrea Pozzo (1642-1709). Les châteaux de Brežice, de Dornava et de Slovenska Bistrica relèvent du somptueux baroque viennois. Après l’époque « Biedermeier », au xixe s., l’architecture se rapproche de la « Sécession » viennoise à travers les activités de Jože Plečnik (1872-1957) et prend une direction fonctionnaliste avec Ivan Vurnik (né en 1884).


Sculpture

La sculpture médiévale ne s’enracine qu’au xve s. Au xviie apparaissent les autels baroques en bois sculpté et doré (« autels d’or »), dont l’église de Muljava offre le meilleur exemple. Au début du xviiie s. s’organise à Ljubljana un atelier de sculpture où Francesco Robba (1698-1757) exécute les autels de la cathédrale. Après l’œuvre romantique d’Ivan Zajec (1869-1952) apparaît la sculpture moderne avec Boris Kalin (né en 1905) et son frère Zdenko (né en 1911), disciples de Meštrović. De nos jours se distingue l’expressionniste figuratif Drago Tršar (né en 1927).


Peinture

La peinture gothique, d’abord de style anguleux (Crngrob), ensuite de style courtois (Stična), est introduite par les maîtres du Frioul et de l’Autriche au xve s. et reste à la mode jusqu’à l’apparition des « autels d’or ». Le baroque apparaît au xviiie s. avec Franc Jelovšek (1700-1764), Fortunat Bergant (1721-1769) et Anton Cebej (1722-1774), peintres des retables et du décor en trompe l’œil. Cet art se perpétue jusqu’au xixe s., pour être relayé par les vues romantiques de Marko Pernhart (1824-1871) et les paysages de Janez Šubic (1850-1889).

L’impressionnisme est apporté par Rihard Jakopič (1869-1943), Matija Jama (1872-1947) et Ivan Grohar (1867-1911), étudiants à Munich. Dans les années 30 prédominent le « réalisme poétique » et les tendances de « Zemlja », apportés par Stane Kregar (né en 1905), Maksim Sedej (né en 1909) et Marij Pregelj (1913-1967) : ces derniers ont été formés à Zagreb, de même que les graveurs Božidar Jakac (né en 1899) et Miha Maleš (né en 1903). Après 1945 se distinguent Gabrijel Stupica (né en 1913) dans une sorte d’art « brut », Riko Debenjak (né en 1908) et Janez Bernik (né en 1933) dans la gravure, Boris Jesih (né en 1943) dans la peinture « hyperréaliste ».


L’art macédonien et serbe


Architecture

Deux types d’églises orthodoxes se sont constitués dans les pays slaves des Balkans : l’un macédonien, de provenance byzantine ; l’autre serbe, issu de la rencontre des courants byzantins et romans. Sainte-Sophie d’Ohrid (fin du xie s.), à plan en croix grecque inscrite et à assises alternées de brique et de pierre, représente le modèle macédonien. De telles églises, à trois nefs et trois absides et surmontées d’une ou de cinq coupoles, s’élèvent du xiie au xive s. à Lesnovo, à Nerezi, à Staro Nagoričino, etc. Par contre, l’église de la Vierge à Studenica, en Serbie (fin du xiie s), dessine une croix aux bras libres et est construite en pierre de taille ; la nef unique porte une coupole byzantine, tandis que l’édifice est décoré extérieurement à la manière romane. Dans ce style byzantino-roman seront construites les églises de Mileševa, de Morača, de Sopoćani (xiiie s), de Dečani (début du xive s.). Par la suite, ce style est abandonné, et les nouvelles églises de Peć, de Gračanica (xive s.), de Ravanica, de Kalenić, de Manasija (xve s.) sont du type macédonien. Celui-ci, devenu canonique, reste en vigueur jusqu’à l’époque moderne (Saint-Marc de Belgrade, 1931 ; cathédrale orthodoxe de Skopje, 1975). Dans le domaine militaire est construite la place forte de Smederevo (xve s.), mais la pierre n’apparaît qu’au xixe s. dans l’architecture civile. Celle-ci est marquée d’abord par le style ottoman, puis, sous l’influence de Vienne, s’imposent les formes académiques occidentales, teintées d’éléments byzantinisants. Dans les années 30, Milan Zloković (1898-1965) introduit quelques nouveautés, mais un véritable changement n’intervient en Serbie qu’en 1956, avec la construction de Novi Beograd, et en Macédoine après 1963, lors de la reconstruction de Skopje.