Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
W

Wesley (John) (suite)

En 1735-1738, il fait un voyage en Géorgie et, à cette occasion, rencontre les membres de communautés moraves, à la fois piétistes et théologiens orthodoxes, qui cultivent une authentique intériorité et sont largement ouverts sur l’extérieur. Des amitiés se nouent qui se prolongeront à Londres, où Wesley se livre à une sorte de « révision de vie », pour examiner si sa foi est bien celle qui justifie. Or, le 24 mai 1738, entendant lire la préface de Luther à l’Épître aux Romains, il sent, pour la première fois, « son cœur se réchauffer ». C’est la rencontre décisive avec le Christ libérateur.

Wesley se met dès lors à prêcher la justification par la grâce, par le moyen de la foi, rejoignant totalement, à deux siècles de distance, l’intuition illuminatrice de Luther*. Contre toute attente, les foules reçoivent avec ferveur le pur évangile retrouvé ; les prêtres, par contre, et toutes les autorités ecclésiastiques s’y opposent violemment. Afin de ne pas s’épuiser en de stériles conflits, Wesley et son ami George Whitefield (1714-1770) se mettent à prêcher en plein air : la date du 2 avril 1739 est, à plus d’un titre, celle de la constitution officielle du méthodisme* ; Wesley prêche sur une prairie des environs de Bristol : 3 000 personnes l’écoutent avec une attention passionnée et, désormais, le mouvement fait tache d’huile...

Dès lors, la vie de Wesley est étroitement liée à sa croissance : incessants voyages missionnaires, à travers l’Angleterre et l’Irlande, prédications en dehors des sanctuaires hostiles, lutte contre l’intolérance du clergé anglican, contre l’ignorance primitive des masses populaires, conversions nombreuses et spectaculaires, fondation de sociétés religieuses. Au milieu de tout cela, des ruptures : avec les moraves trop mystiques pour son esprit pratique ; avec son compagnon Whitefield, en 1741, trop prédestinatien pour son sens de l’action et de la responsabilité de l’homme ; avec les illuminés de tous ordres qui essaient de le déborder. Toute cette existence est remplie d’une inlassable activité et de spectaculaires conflits.

À près de cinquante ans, Wesley éprouve soudain comme intolérable la solitude personnelle dans laquelle il vit : il épouse en 1751 une veuve au caractère difficile et maladivement possessive qui, durant vingt ans, sera son bourreau domestique. Enfin, elle le quitte : « Ce n’est pas moi qui l’ai abandonnée, je ne l’ai pas renvoyée, je ne la rappellerai pas », écrit-il dans son journal personnel. Comme beaucoup de ministres protestants, il fait la douloureuse expérience que, si le célibat imposé est intolérable et inhumain, le mariage est loin de résoudre tous les problèmes.

Libre de nouveau, n’ayant plus d’autre famille que les communautés méthodistes, il voyage sans cesse pour en fonder de nouvelles ; il parcourt entre six et huit mille kilomètres par an, la plupart du temps à cheval ; à plus de quatre-vingts ans, il est encore capable de marcher quatre ou cinq heures, de prêcher trois ou quatre fois par jour, de sillonner l’Angleterre, « sa paroisse », l’Irlande et la Hollande, d’entretenir une immense correspondance, de publier une foule d’ouvrages de styles divers et de rédiger un magazine mensuel. Il meurt à Londres, le 2 mars 1791, entouré d’un respect unanime, et prend immédiatement place parmi les grands hommes de l’Angleterre.

À cause de la profondeur de sa piété, de l’ardeur de son zèle, de sa puissance oratoire, de son sens du gouvernement des hommes, Thomas Macaulay l’a comparé à Richelieu. C’est avant tout son génie de l’organisation qui a permis à son œuvre de durer et de rester, aujourd’hui encore, une des forces vives du protestantisme et de l’œcuménisme mondiaux. Son œuvre littéraire est énorme : deux cents volumes destinés au public populaire et consacrés à la théologie, à l’histoire, aux biographies, à la philosophie, à la poésie, à la linguistique, à la médecine, etc. Il est le signe que la foi cesse d’être elle-même si elle « a honte de l’Évangile » (saint Paul) et que, si elle est vivante, elle rayonne, de façon irrésistiblement contagieuse.

G. C.

➙ Méthodisme.

western

Film dont l’action a généralement pour cadre les plaines et les prairies du Far West, et qui évoque les étapes les plus caractéristiques de la conquête et de la pacification de l’Ouest américain : la guerre contre les puissances étrangères, la guerre de Sécession et ses suites, la guerre contre les Indiens, la guerre contre les hors-la-loi.


Selon le critique André Bazin, « le western est né de la rencontre d’une mythologie avec un moyen d’expression ». Selon Henri Langlois, « c’est le western qui est l’essence même du cinéma américain, qui l’amena à découvrir une conception nouvelle du montage, c’est l’action des westerns qui permit peu à peu au cinéma américain de bouleverser le jeu des acteurs en lui donnant l’apparence du réel ».

Genre typiquement américain parce que relatif à des événements essentiellement nationaux, le western a tenté, en tant que « genre cinématographique », plusieurs autres pays, qui ont affadi le mythe au profit de ses apparences les plus spectaculaires (prédominance de l’action, savant dosage de chevauchées, d’idylles et de violences). Mais le plus souvent il s’agit alors d’une parodie plus ou moins réussie du western américain. Déjà en 1916 l’acteur William S. Hart disait : « Je ne sais pas ce que le western représente pour l’Europe, mais dans notre pays il représente la quintessence de la vie nationale. »


Les westerns américains


Le western muet

• Naissance du western
En 1894, Buffalo Bill et Annie Oakley répètent, devant la caméra de W. K. Laurie Dickson, l’un des pionniers du cinéma américain qui travaille pour le compte d’Edison, certains numéros d’adresse qui ont fait leur renommée. Cette nouvelle forme de magie, qui recrée les spectacles les plus populaires de l’époque (rodéos, tournées du Wild West Show), conquiert les spectateurs des kinétoscopes. On ne peut à cette date parler de la naissance véritable d’un genre cinématographique défini, puisque l’appareil capable de projeter sur un écran des images — jusqu’alors tributaires de la vision binoculaire — n’est pas encore inventé, mais il n’en est pas moins vrai que déjà le décor et les personnages typiques du western semblent constituer un excellent appât commercial.