Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
W

Weber (Carl Maria von) (suite)

Les principales œuvres de C. M. von Weber

Musique instrumentale

1. piano : 6 fuguettes (1798), 6 variations (1800), 6 pièces à 4 mains, 12 allemandes (1801), 6 écossaises (1802), 7 variations (1807), Thème varié, Grande Polonaise (1808), 6 pièces à 4 mains (1809), 3 concertos (1810, 1812, 1821), 4 sonates (1812, 1816, 1816, 1822), l’Invitation à la valse (1819).

2. instruments divers : 1 quatuor, 1 trio, 6 sonatines pour piano et violon, 6 ouvrages pour clarinette (dont 2 concertos) et différentes œuvres pour flûte, basson, cor.

3. orchestre : 2 symphonies et plusieurs ouvertures.

Musique vocale

7 cantates, 3 messes, 2 offertoires et 78 lieder avec accompagnement de piano ou de guitare.

Musique dramatique

1. singspiele : Die Macht der Liebe und des Weins (1798 ; perdu), Das Waldmädchen (1800), Peter Schmoll und seine Nachbarn (1801), Rübezahl (1804), Silvana (1810), Abu Hassan (1811), Die drei Pintos (1821), Der Freischütz (1821), Preziosa (1821), Oberon (1826).

2. mélodrames : Turandot (1810), le Roi Yngurd (1817), Henri IV König von Frankreich (1818), Lieb’ um Liebe (1818), Der Sachsensohn vermählt heute (1822).

3. opéra : Euryanthe (1823).

G. F.

 F. W. Jähns, Carl Maria von Weber in seinen Werken (Berlin, 1871). / G. Servières, Weber (Laurens, 1907). / W. Saunders, Weber (Londres et New York, 1940 ; trad. fr. Janin, 1947). / A. Coeuroy, Weber (Denoël, 1953). / J. Chantavoine et J. Gaudefroy-Demombynes, le Romantisme dans la musique européenne (A. Michel, 1955).

Weber (Max)

Économiste, sociologue et philosophe allemand (Erfurt 1864 - Munich 1920).


Ce sont probablement les deux conférences célèbres de Max Weber sur le savant (« la Science comme vocation ») et le politique (« la Politique comme vocation ») qui symbolisent de la manière la plus fidèle l’intuition fondamentale dont est issue l’œuvre immense que constitue l’œuvre webérienne.

Au plus haut niveau d’abstraction, cette intuition est celle d’une séparation radicale du monde de l’action et du monde de la pensée ou de la connaissance. Alors que, traditionnellement, « il suffit de bien juger pour bien faire », ou encore que « nul n’est méchant volontairement », Max Weber se situe dans la tradition d’un Kant pour qui il n’est plus de science de la liberté.

La sociologie webérienne se joue donc d’emblée dans un décor presque tragique et, en tout cas, pessimiste. Dans des formules célèbres, Weber montre qu’il relève de l’essence même de l’existence politique de se situer dans un univers de valeurs irréductiblement antagonistes, dont, même si certaines peuvent être jugées mauvaises, on ne peut, cependant, jamais prouver ni l’invalidité ni la validité ; — ainsi, le monde politique est le théâtre d’une « lutte inexpiable des dieux ». Il ne faudra pas s’étonner que, dans cet univers, auquel le culte des valeurs donne une tonalité passablement nietzschéenne, s’élève l’homme charismatique comme ce surhomme capable de mettre momentanément un peu d’ordre dans le chaos. C’est aussi à l’occasion de cette évocation que Max Weber accule l’homme politique au choix célèbre entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité ; choix qu’il faut comprendre comme un choix entre la morale et les exigences de l’action ; pour Max Weber, l’action politique est déchirante parce que celui qui a les mains pures n’a pas de mains, tandis que tout politique a les mains sales.

Malgré les apparences, on est ainsi conduit au cœur même de la sociologie webérienne, que l’on peut qualifier de science de l’action, de science de l’homme en tant qu’il est un être agissant. De telles formules ont plusieurs significations.

• L’antinomie de l’action et de la connaissance, l’impossibilité de discerner le choix fondamental qui préside à toute action, tout cela fait que la science ne peut plus aider à découvrir une quelconque vérité des valeurs fondamentales. Bien plus, l’intérêt du savant pour tel ou tel objet est, à bien des égards, comparable au choix de l’homme d’action pour tel ou tel objectif, la relativité aux valeurs est la même qu’il s’agisse d’agir ou de comprendre.

Et cette relativité se redouble d’autre part de celle qu’elle hérite de son objet même : les actions humaines ne peuvent plus être comprises qu’en fonction des valeurs qui les ont commandées.

Mais, comme le nautonier de Platon, qui ne peut jamais savoir s’il doit conduire ses passagers au port mais qui doit seulement savoir comment les y conduire, le savant, qui ne peut jamais dire si un choix est bon, peut au moins dire deux choses ; il peut en dessiner les conséquences éventuelles et il peut, d’autre part, placer l’acteur — fût-ce lui-même — en face de son acte et le contraindre ainsi à prendre conscience à la fois de ce qui l’a fait agir et du degré de validité de son mobile ou de ses valeurs. En un mot, la science sociologique devient science des moyens de l’action, d’une part, et connaissance de soi ou lucidité, d’autre part.

• Science de l’action, la sociologie est dite « science compréhensive », selon l’expression de Max Weber. À certains, partisans d’un positivisme d’ailleurs passablement naïf, qui considèrent que la science de l’homme doit être construite à l’image des sciences de la nature, Weber répond que l’homme qui agit ne peut être étudié comme une pierre qui tombe, précisément parce que l’homme agit, c’est-à-dire a une volonté, un but, un mobile. Mais, d’autre part, à ceux qui veulent instaurer une compréhension de l’individu fondée sur on ne sait quelle participation affective ou quelle sympathie, il répond qu’il faut constituer une véritable science qui obéisse aux critères d’objectivité, de contrôle. C’est dire qu’il n’y a aucune connotation psychologique dans la notion de compréhension. Si l’action est définie comme une relation de moyens à fins, comme effet d’une volonté choisissant la fin et d’un entendement calculant les moyens qui y sont les plus adéquats, la compréhension sera celle de la fin choisie, ensuite la compréhension des moyens adoptés pour y parvenir. En un mot, comprendre un acte, c’est comprendre sa rationalité par rapport à sa fin, et c’est encore cette rationalité qui servira à comprendre ce qu’il peut y avoir en lui d’irrationnel : il suffira alors de mesurer l’écart par rapport à une rationalité idéale. Rien là que de parfaitement objectif, rien là de moins psychologique. La science n’élimine certes pas la dimension de l’incompréhensible, qui tient à l’existence de la liberté humaine — et Weber prendra toujours soin de ne parler qu’en termes de probabilité — mais elle permet de saisir dans cette liberté tout ce qu’elle peut avoir d’intelligible.