Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

volcan (suite)

Les théories explicatives

Nombreuses sont les théories qui ont tenté de résoudre ces problèmes d’origine, d’évolution et de localisation des volcans en fonction de la structure générale du globe terrestre. Nous ne mentionnerons que celles dont on admet qu’elles renferment une part de vérité.

• Il s’agit d’abord de la théorie de la dérive des continents (A. Wegener). Pour elle, les continents sont des radeaux de sial (silicates d’alumine = sédiments et croûte granitique) qui flottent sur le sima (silicates de magnésie = magma basaltique). À leur avant, par « effet de proue », naissent des chaînes monoliminaires du type des cordillères américaines ; à leur arrière, par « effet de poupe », sont larguées des guirlandes insulaires, comme celles de l’est de l’Asie ou des Antilles ; par rencontre entre deux radeaux naissent des chaînes biliminaires (édifice alpin) ; enfin, par étirement et rupture au sein d’un radeau apparaissent des fossés, comme le rift africain. Le volcanisme résulterait de l’injection de sima dans le sial fissuré dans ces divers lieux prédestinés (d’où les possibilités d’hybridations). Quant au domaine océanique, à peu près privé de sial, il permettrait partout la venue de laves de nature essentiellement « simique ».

• D’après la théorie de l’expansion des arcs océaniques (F. B. Taylor, J. H. F. Umbgrove, etc.), les continents s’avanceraient au-dessus des océans, particulièrement du Pacifique, aussi bien dans l’ouest (arcs insulaires) que dans l’est (cordillères). Ce mouvement se réaliserait à la faveur d’une zone de cisaillement oblique passant par les foyers séismiques profonds en arrière de chaque arc, par les foyers moyens sous l’arc lui-même, puis par les foyers superficiels situés dans l’avant-fosse océanique qui le précède. Les volcans naîtraient dans la zone de torsion de l’écorce correspondant au bombement de l’arc au-dessus des foyers séismiques de profondeur moyenne (de 100 à 150 km).

• La théorie des courants de convection (A. Holmes) suppose l’existence de lents courants tourbillonnaires dans le sima infracrustal, entre les profondeurs moyennes précédentes et la base du sial. Là où le courant descend, il y aurait genèse de fosses et d’arcs non volcaniques, tandis que, dans les zones de montée, il y aurait bombement et mobilisation de magma pouvant sortir dans les arcs volcaniques. Cette théorie peut aussi s’appliquer au volcanisme des cratons (H. Cloos), les zones de bombement de la croûte « sialique » étant partiellement fondues, fissurées et injectées par le magma montant, avec possibilités d’hybridation. Elle s’appliquerait aussi aux zones des dorsales océaniques, où le sima n’aurait qu’à soulever et percer une croûte de basalte solide, de composition presque identique, donc sans possibilités d’hybridation.

• Enfin, la récente théorie des plaques part du principe que la vie de la Terre serait commandée par le jeu des dorsales océaniques, dont l’expansion, grâce à des venues magmatiques axiales toujours nouvelles, provoquerait en même temps celle des fonds océaniques de part et d’autre. Un tel fonctionnement serait possible soit avec l’expansion de la Terre entière (les plaques continentales gardant seules leurs dimensions, tandis qu’elles seraient écartées par l’accroissement des plaques océaniques), soit avec un phénomène de résorption des plaques océaniques sous les plaques continentales bordières. Il faut reconnaître que le simple écartement des continents paraît le plus vraisemblable de part et d’autre de l’Atlantique et de l’océan Indien, tandis que la disparition du Pacifique sous ses bords américains et asiatiques est parfaitement admissible. Dans ce cas, la zone de cisaillement (« plan de Benioff »), mentionnée pour la théorie de l’expansion des arcs océaniques, fonctionnerait en réalité en sens inverse : ce ne seraient pas les continents qui progresseraient au-dessus du Pacifique, mais ce serait le fond du Pacifique qui s’engloutirait sous eux. Suivant cette théorie, le volcanisme essentiel serait donc celui des dorsales océaniques, secondairement celui des zones de résorption des plaques océaniques sous les plaques continentales, puis, tout à fait accessoirement, celui des ruptures de plaques (fractures océaniques ou continentales) et des rencontres entre plaques continentales (type alpin).


Les volcans et l’homme

Dans ses relations avec les volcans, l’homme voit d’abord le point de vue « maléfique » du fonctionnement de ces appareils auxquels sont dues quelques-unes des plus grandes catastrophes naturelles de son histoire. Il y a pourtant aussi un point de vue « bénéfique » dont l’importance apparaît capitale dans bien des cas.


Les dangers du volcanisme

Le danger majeur, devant lequel la seule parade consiste en une fuite rapide, est celui des grandes explosions de caractère ultravulcanien. Mais les émissions de nuées ignimbritiques (heureusement rares), de nuées à blocaux (nuées ardentes péléennes) ou les chutes de ponces sont tout aussi inquiétantes, car elles peuvent couvrir en quelques minutes des espaces immenses. Le débouchage des cheminées au début d’un cycle éruptif ainsi que le volcanisme acide à tout moment sont donc les phénomènes devant lesquels l’homme demeure le plus désarmé.

Les émissions de cendres ou celles des laves fluides du volcanisme basique sont habituellement moins instantanées. Elles laissent la possibilité d’une évacuation méthodique. Mais le recouvrement des terrains agricoles, l’incendie des forêts, l’effondrement des bâtiments sous le poids des cendres ou la poussée des laves n’en sont pas moins fâcheux. Parfois ce sont les gaz qui sont toxiques pour la végétation et les animaux (exemple des gaz fluorés de l’Hekla, en Islande, en 1947-48). Les fragments vitreux peuvent perforer les intestins des herbivores (exemple de « cheveux de Pélé » du Nyamlagira, au Zaïre, en 1938). Les lacs retenus dans les cratères ou derrière des barrages de lave peuvent se déverser d’un coup, et leur eau ravager tout le pays situé en aval, ce phénomène étant d’ailleurs encore plus grave s’il s’agit d’une coulée boueuse (lahars d’Indonésie).