Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

volcan (suite)

• Le volcanisme des zones océaniques paraît encore moins complexe, car il ne peut y avoir contamination des basaltes par les roches constituant les croûtes continentales. Seules les différenciations magmatiques conduisent à l’apparition accidentelle, et en petites quantités, de laves variées, mais sans qu’une évolution systématique avec le temps soit décelable à l’échelle mondiale. Suivant les grandes rides des axes médio-océaniques, souvent rompues par des fossés longitudinaux analogues à ceux des cratons continentaux ou par des fractures transversales, naissent des volcans sous-marins, réduits peut-être, à plus grande profondeur, à de multiples injections filoniennes parallèles aux disjonctions tectoniques et qui en écarteraient progressivement les bords.


Le problème de la localisation géographique

Les volcans actuellement actifs et ceux qui l’ont été à des époques récentes (Plio-Quaternaire) occupent des positions géographiques fort précises, qui paraissent s’expliquer simplement par référence aux conditions géologiques mentionnées sommairement ci-dessus.

• À la chaîne alpine (au sens large) se rattachent les volcans éteints d’Europe (Auvergne, Eifel, Hongrie, Crimée, etc.) et de l’Afrique du Nord (surtout Maroc), les volcans actifs d’Italie (Vésuve, Stromboli, Vulcano, Etna), de Grèce (Santorin), du Caucase (Elbrous), de Turquie (Argée, Nemrut), les volcans récents mais non actifs d’Iran et d’Afghānistān, puis, après une interruption causée sans doute par le serrage intense de l’Himālaya, ceux des îles Andaman et des îles de la Sonde (une centaine, dont le Krakatau, le Merapi et le Tambora), de Nouvelle-Guinée, de Nouvelle-Bretagne, des Salomon et des Nouvelles-Hébrides (une cinquantaine). Au total, ce sont à peu près deux cents édifices actifs ou subactifs et plusieurs centaines d’autres à peine antéhistoriques qui jalonnent cette suture majeure ou les zones de détente de ses abords, entre le bloc eurasiatique au nord et des éléments de l’ancien Gondwānā (Afrique, Arabie, Inde, Australie) au sud.

• À la « ceinture de feu » du Pacifique correspondent les volcans des chaînes plissées en arcs insulaires de l’ouest et des chaînes continentales de l’est de cet océan : arc des Aléoutiennes (78 volcans), arc Kamtchatka-Kouriles (67), arc du Japon et des Ryūkyū (55), arc de Formose et des Philippines (58), arc des Mariannes (21), Tonga-Kermadec et Nouvelle-Zélande (20), montagnes Rocheuses (15), cordillères de l’Amérique centrale (60) et leur annexe atlantique des Antilles (17), cordillère des Andes (70), puis les Antilles australes (12) et les quelques volcans de l’Antarctique qui bouclent le cercle dans l’extrême Sud. Cet ensemble, proche de cinq cents centres éruptifs actuels ou très récents, est le plus important du monde. Il s’explique par la mobilité constante et la fragilité de la suture entre le Pacifique et tous les continents qui le bordent.

• Le grand rift africain est, pour sa part, le site modèle des volcans de cratons continentaux, même si la mer le pénètre localement. Depuis le nord-ouest de la Syrie, par la mer Rouge, il se poursuit en Éthiopie et dans la région des grands lacs de l’Afrique orientale avec une soixantaine de volcans actifs, soit dans son fond, soit le plus souvent sur ses bordures. Le grand volcanisme récemment éteint de Madagascar pourrait être considéré comme étant relativement dans son prolongement. Il existe d’ailleurs dans le socle africain d’autres cassures analogues, quoique moins importantes, tantôt permettant un volcanisme encore actif (ligne du Cameroun), tantôt un volcanisme subactif (Tibesti) ou maintenant éteint (Hoggar, Fezzan). Cependant, il est intéressant de constater qu’il n’y a rien de semblable dans les autres vieux socles continentaux : aucun volcan récent n’a été découvert dans les boucliers canadien et brésilien ; quant à tout l’ensemble du bloc eurasiatique proprement dit, il ne renfermerait que trois ou quatre petits cônes subactifs, d’ailleurs mal connus (Xinjiang [Sin-kiang] et Mandchourie).

• Les fractures océaniques sont au contraire le lieu d’une activité privilégiée. Sur la ride, ou dorsale, médio-atlantique se trouvent l’île Jan Mayen (1 volcan actif), surtout l’Islande (une trentaine de centres), les Açores (12), Tristan da Cunha (1), Bouvet (1) et une dizaine de volcans sous-marins. Les îles du Cap-Vert (1) et les Canaries (3), situées latéralement, jalonneraient des fractures indépendantes. Pour l’océan Indien*, la dorsale est complexe et, semble-t-il, peu volcanisée aujourd’hui. Les volcans actifs de la Grande Comore, de la Réunion et de l’île Heard, comme les fumerolles de Saint-Paul et des Kerguelen, ne lui paraissent guère associés. Pour le Pacifique, il en est à peu près de même : la dorsale dite « du Pacifique-Est » n’est jalonnée, latéralement d’ailleurs, que par le groupe éteint de l’île de Pâques et, un peu latéralement, par celui des Galápagos (11 centres plus ou moins actifs). Ce sont au contraire des fractures O.-E. à N.-O.-S.-E. qui permettent la montée actuelle des magmas au groupe de Juan Fernández (4), devant le Chili, ainsi que dans ceux des Hawaii (5) et des Samoa (4), dans le Pacifique central, où le volcanisme, éteint mais récent, explique aussi tous les grands alignements insulaires de la Polynésie. Par conséquent, la liaison entre les rides médio-océaniques accompagnées de leurs rifts et le volcanisme actif subaérien n’est pas toujours évidente. Même sur l’axe atlantique, approximativement nord-sud, la moitié des volcans d’Islande sont groupés suivant une ligne ouest-est. Quant à ceux des Açores, situés un peu à l’est de l’axe, ils s’alignent suivant des directions O.-N.-O.-E.-S.-E. Rappelons, cependant, que les données océanographiques nouvelles semblent indiquer que de grands épanchements laviques sous-marins se sont produits en permanence suivant les dorsales en injectant leur axe et en refoulant leurs bords, depuis 200 millions d’années environ : la genèse des océans et l’écartement des blocs continentaux leur seraient dus. Peut-être y aurait-il donc à distinguer deux types de volcanisme océanique, l’un essentiellement sous-marin et encore insuffisamment connu, lié aux dorsales, l’autre parfois sous-marin, mais arrivant souvent à être subaérien, lié à de grandes fractures crustales transverses, les rapports entre ces deux types apparaissant comme purement accidentels.