Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

volcan (suite)

Le sous-type des nuées ignimbritiques, ou « katmaiennes » (d’après l’éruption du Katmai, en Alaska*, en 1912), correspond à une émission peut-être moins instantanée, mais cependant certainement rapide d’un matériel liquide « gazéifié » (émulsion) ou formé partiellement de solides fins en suspension dans les gaz (aérosol), qui se répand avec une grande mobilité, comme « du lait en ébullition s’épanche d’un récipient trop chauffé » (A. Lacroix, 1930) ou comme « le champagne jaillit d’une bouteille tiède débouchée brusquement » (P. Vincent, 1960). Bien que l’on n’ait jamais observé directement une telle nuée, on doit considérer que son très large étalement est dû à son énergie interne, c’est-à-dire au dégagement gazeux après émission, mais la fluidité est beaucoup plus grande que dans le sous-type précédent. En tout cas, le dépôt ne renferme aucun bloc ; il se montre homogène, avec tout au plus la présence de « flammes » laviques vers le bas, où la structure fluidale est fréquente, de ponces et de petits paquets de lave scoriacée vers le haut, où l’on passe à une écume tufacée. Les récentes études ont prouvé la très grande importance de ces formations ignimbritiques, que l’on retrouve partout dans le monde. En France même, nos vieux volcans paléozoïques de l’Estérel, par exemple, en ont émis des quantités notables.

Le sous-type des nuées ponceuses, que l’on peut considérer comme « vulcaniennes » proprement dites, a été peu mis en évidence dans les éruptions historiques des volcans européens, mais est, au contraire, très bien connu des volcans japonais (exemple du Komagatake, qui, en 1929, a recouvert 538 km2 par une chute de ponces et 27 km2 par des coulées de ponces). L’étalement des produits se fait par voie aérienne ou au niveau du sol en fonction de l’intensité du dégazage de l’écume de lave postérieurement à l’explosion initiale, elle-même plus ou moins violente. De tels dépôts semblent aussi avoir été jusqu’à maintenant sous-estimés ; on en trouve un peu partout dans le monde, avec des puissances variant entre quelques décimètres et plusieurs décamètres. Les exploitations de pierre ponce de l’île de Lipari, près de Vulcano, en offrent un spectaculaire gisement.


Le type extrusif (dôméen)

Le puy de Dôme (Auvergne), bien que mis en place à une époque antéhistorique, constitue un bon modèle pour le dynamisme des volcans sans cratère, résultant surtout de la montée d’une masse quasi solide dès le moment de l’éruption et pour laquelle les gaz ont seulement joué le rôle de ceux qui poussent un piston dans le cylindre d’un moteur sans l’abîmer en rien. Ici encore, plusieurs sous-types peuvent être reconnus.

Le sous-type des crypto-dômes, que l’on pourrait qualifier d’ultra-dôméen, correspond à la venue d’une grosse masse magmatique en forme de coupole qui soulève les terrains sus-jacents sans les percer entièrement et sans qu’il y ait éruption au sens habituel du terme. Le Shōwa-Shinzan (Japon*) constitue le meilleur exemple historique de croissance d’un crypto-dôme : en 1944-45, le sol s’est soulevé sur un peu plus de 1 000 m de largeur, de 275 m au centre du bombement, qui est resté en partie recouvert par les alluvions au milieu duquel il est né, tandis que la lave est visible uniquement sur un de ses côtés. Il n’est donc pas exclu que certaines coupoles granitiques, dans lesquelles on voit le haut passer à des faciès de microgranites, puis de rhyolites (exemple près du lac Tchad), ne doivent être de même interprétées comme des crypto-dômes au lieu d’appareils plutoniques plus ou moins profonds. Certaines notions classiques de pétrographie devraient, dans ce cas, être reconsidérées.

Le sous-type des cumulo-dômes, ou « tholoïdes », marque seulement une avancée un peu plus forte de l’extrusion, qui traverse franchement les terrains sus-jacents. On supposait autrefois (notamment pour le puy de Dôme) que la lave était sortie par une cheminée étroite pour s’étaler ensuite en une coupole dix ou cent fois plus large, mais des exemples parfaitement clairs (comme l’Oul, dans le Hoggar) prouvent que l’extrusion se réalise franchement par un trou calibré pouvant dépasser un diamètre de l’ordre du kilomètre au milieu des roches antérieures les plus dures.

Le sous-type des aiguilles, ou « bélonites », résulte d’une progression encore plus forte vers le ciel. On en connaît de spectaculaires, quoique anciennes, au Tibesti et au Hoggar, où le climat désertique a permis leur conservation sur plusieurs centaines de mètres de hauteur, avec des largeurs nettement inférieures. La première aiguille dont la mise en place ait été bien observée est celle de 1902 à la montagne Pelée (hauteur maximale de 476 m pour une largeur de l’ordre de l’hectomètre), mais le climat humide de la Martinique a entraîné sa destruction totale, tandis que sa liaison avec l’émission de nuées à blocaux empêche d’y voir un modèle simple. Cependant, une telle liaison n’est pas exceptionnelle, et l’on peut estimer que la venue d’aiguilles constitue le passage entre le volcanisme dôméen et le volcanisme vulcanien, décrit précédemment.

Le sous-type des côno-dômes correspond à la formation d’un petit dôme assez aplati, où de modestes explosions arrivent à provoquer vers le sommet l’apparition d’une légère dépression cratériforme. De même, il arrive que le dôme se déverse latéralement en une sorte de coulée pâteuse, d’ailleurs très courte. Les éruptions de Santorin (mer Égée), bien étudiées depuis 1866, et celle de Tristan da Cunha (Atlantique* Sud), filmée en 1962, illustrent parfaitement la genèse de tels appareils, qui sont un peu intermédiaires entre les dômes vrais et les volcans stromboliens ou hawaiiens.


Le type effusif (hawaiien)

Ce type, défini depuis longtemps aux volcans de la grande île d’Hawaii (surtout le Kilauea), est caractérisé par la prédominance de lave liquide au moment de l’éruption, tandis que solides et gaz ne jouent qu’un rôle mineur.