Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

volcan (suite)

Les phénomènes postvolcaniques

Après la phase paroxysmale, le retour au calme correspond à un refroidissement lent, à faible profondeur, du magma assagi. D’abord persistent quelques tremblements de terre et grondements souterrains ; les fumerolles restent nombreuses, mais passent successivement du stade des fumerolles sèches (température supérieure à 500 °C) jusqu’à celui des fumerolles froides et des solfatares, puis des mofettes, bien que la température reste longtemps élevée au-dessous de la surface du sol. Ainsi, en Auvergne, où le dernier volcanisme actif remonterait environ à 3 500 ans (sous réserve de dates plus récentes non encore confirmées), les dégagements de CO2 sont encore nombreux et le degré géothermique s’abaisse à 14 m, au lieu de la trentaine des moyennes générales.

Les sources thermales et les sources froides, très chargées en CO2, sont également des relictes de volcanisme ancien, qui paraissent subsister pendant de longs millénaires. Les geysers en constituent un cas particulier fort spectaculaire. Dans les régions de volcanisme récent, leur jaillissement est produit par de la vapeur d’eau sous pression qui laisse un concrétionnement siliceux (Islande, États-Unis, Nouvelle-Zélande) ; dans celles de volcanisme plus ancien, la pression vient du CO2 et l’eau dépose du calcaire (sources « pétrifiantes » du Massif central français). Il est d’ailleurs certain que beaucoup de tufs calcaires doivent être considérés comme des traces ultimes de tels phénomènes postvolcaniques.


Le volcanisme sous-marin

En ce qui concerne le volcanisme sous-marin, nous ne connaissons guère que la preuve des activités paroxysmales, et encore lorsqu’elles se déclenchent à une profondeur assez faible. Tremblements de terre d’origine volcanique et explosions gazeuses provoquent dans bien des cas une agitation de la mer qui peut arriver jusqu’à la genèse de raz de marée, ou tsunamis (d’après leur nom japonais, mais l’expression la plus adéquate et imagée est l’italien mare-moto, mouvement de mer). Des projections insuffisamment fortes pour gagner la surface donnent une coloration jaunâtre et une sorte d’aspect boueux de la mer en une large tache au-dessus du point de sortie. Par contre, lorsque la force explosive est accrue ou que la sortie se produit sur un haut-fond, ce sont des jets de paquets de lave, scories et cendres, hauts parfois de 1 km, qui jaillissent dans l’air. Ces jets, dits « cypressoïdes » par Haroun Tazieff parce qu’ils ont l’aspect de gigantesques cyprès noirs, sont tout à fait silencieux, à l’opposé des explosions des volcans subaériens, qui se montrent toujours particulièrement bruyantes. Les débris de lave « trempée » dans l’eau de mer et pulvérisée par une infinité de « micro-explosions phréatiques » contribuent à créer les accumulations d’hyaloclastites entourant les bouches ainsi que des nuages de cendres particulièrement épais, que les vents emportent sur la mer et les terres proches (exemple de l’éruption du volcan de Capelinhos, au large de l’île de Faial, aux Açores, en 1957). Il peut d’ailleurs se créer ainsi des « îles de cendre », presque toujours très fragiles et vouées à la destruction par les flots, comme la célèbre et éphémère île Julia, au large de la Sicile, en 1831, qui faillit provoquer une guerre entre les puissances revendiquant sa propriété.


Les types de dynamismes volcaniques

Ainsi que nous venons de l’indiquer sommairement, suivant que l’émission présente une dominance de produits gazeux, solides (haute viscosité) ou liquides (faible viscosité), le dynamisme éruptif et la morphologie de l’édifice volcanique en résultant appartiendront à des types variés.


Le type explosif (vulcanien)

Le volcan de Vulcano (îles Lipari, Italie) a servi de modèle pour ce dynamisme, caractérisé essentiellement par l’émission de gaz, formant des nuées volcaniques, qui transportent des solides ou des liquides en proportion relativement faible. Plusieurs sous-types méritent d’être distingués.

Le sous-type des nuées cendreuses, ou « ultravulcaniennes », correspond à la pulvérisation complète des roches anciennes et des rares laves nouvelles lors d’une explosion brutale, où l’apport est presque exclusivement gazeux (exemple déjà cité du Krakatau indonésien). Sans doute, la plupart des éruptions de types variés émettent-elles des cendres (sables et poussières), mais, ici, la dominance se montre écrasante. Au moment de l’explosion, la nuée gagne des hauteurs de 10 à 50 km au-dessus du sol, avec un aspect qui a été comparé autrefois à un « pin parasol » et plus récemment à un « champignon atomique ». Les retombées peuvent se produire sur d’immenses espaces. Ce sous-type englobe les éruptions dites « phréatiques », résultant de la vaporisation d’eau, mais aussi celles que l’on qualifie de pliniennes ou de vésuviennes (en souvenir de l’éruption du Vésuve en 79, dans laquelle Pline l’Ancien perdit la vie) et qui correspondent à l’explosion d’une cheminée bouchée à la fin d’une éruption antérieure. Dans ces derniers cas, le dynamisme se modifie ensuite assez vite, après évacuation de l’excès des gaz.

Le sous-type des nuées à blocaux, ou « péléennes » (d’après les éruptions de la montagne Pelée, à la Martinique* en 1902 et en 1929), correspond à une explosion initiale généralement un peu moins forte, mais qui possède ensuite une énergie propre due à la libération des gaz inclus dans le matériel solide projeté. Il y a donc présence à la fois de gaz libres et de gaz fusant hors de gros blocs anguleux, qui peuvent se propager au-dessus du sol comme un véhicule sur « coussin d’air », sans être affectés par les dispositions topographiques tant que le dégazage n’est pas achevé. Il en résulte un dépôt de « brèches ignées » où éléments fins et blocs sont mélangés d’une façon parfaitement chaotique, aussi bien à plusieurs kilomètres du centre explosif que près de lui. Soulignons que le type dit « péléen » par beaucoup d’auteurs est en réalité un type composite où se sont succédé plusieurs dynamismes, notamment explosif et extrusif, mais que ceux-ci ne sont pas nécessairement associés et qu’il y a donc lieu de les examiner séparément.