Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

voie (suite)

Évolution de la voie

La voie moderne, équipée de longs rails soudés posés sur des traverses mixtes en béton et en acier, s’avère être bien adaptée pour des vitesses élevées (jusqu’à 300 ou 350 km/h). Les méthodes d’entretien actuelles permettent, d’autre part, de maintenir un état géométrique garantissant les conditions de sécurité et de confort exigées par la pratique de telles vitesses. De nombreuses expériences effectuées dans le monde, et particulièrement en France, l’ont formellement montré. Cependant, de telles vitesses ne sont pas praticables sur les lignes établies au début du chemin de fer en raison de leur tracé, qui comporte de trop nombreuses courbes dont les rayons sont trop faibles. Sur la plupart des grands réseaux, les possibilités offertes par le tracé des voies existantes sont exploitées jusqu’aux limites permises par le confort et la sécurité, et les parcours les mieux tracés ne permettent guère de dépasser 200 km/h. Pour profiter pleinement des possibilités du chemin de fer, certains réseaux ont construit ou envisagent de construire de nouvelles lignes dont le tracé est compatible avec les qualités de roulement offertes par la voie et le matériel à grande vitesse. Ces lignes sont aux réseaux existants ce que sont les autoroutes au réseau routier.

C. M.

➙ Adhérence / Aiguillage / Chemin de fer / Rail / Suspension.

voilier

Navire dont la propulsion est assurée par la force du vent agissant sur les voiles portées par le gréement.



Historique

La navigation à la voile remonte à la plus haute antiquité. Les Égyptiens, qui ont laissé des représentations d’embarcations à voiles, sont souvent considérés comme les premiers constructeurs de voiliers, mais il est possible que les Crétois, les Scandinaves ou encore les Chinois les aient devancés.

Initialement, la voile a été surtout l’auxiliaire de la rame ou de la pagaie, et les voiliers étaient principalement utilisés sur les cours d’eau et le long des côtes. Très vite, cependant, aussi bien en Méditerranée que dans les mers du Nord et sans doute aussi dans l’océan Indien et en Polynésie, des bateaux à voile se sont aventurés en pleine mer. Les premiers voiliers avaient généralement un mât unique et une seule voile carrée. Les formes des bateaux variaient sensiblement selon leur utilisation : bateaux longs, aux formes fines, sur lesquels la rame jouait un rôle essentiel, pour le combat, et bateaux ronds, aux formes ventrues, dont la voile était le principal moyen de propulsion, pour le commerce. Le gréement carré de ces derniers était surtout adapté à la navigation par vent arrière ou de travers, et les voiliers de ce temps naviguaient souvent en suivant les vents périodiques. Un progrès considérable pour la navigation à la voile fut, à partir du ixe s., en Méditerranée où les vents sont irréguliers, le développement de la voile triangulaire, dite voile latine, portée par une longue vergue et pouvant être orientée jusqu’à coïncider presque avec le plan longitudinal du navire. Cette disposition permit le louvoyage et la navigation par vent contraire. La voile latine fut l’ancêtre de la voile aurique, voile à corne quadrangulaire.

Les bateaux ronds de l’Antiquité donnèrent naissance à la célèbre nef médiévale, très largement répandue : nef du Levant, aux voiles triangulaires, en Méditerranée, et nef du Ponant, aux voiles carrées, dans l’Atlantique. Par la suite, l’invention de la boussole et du gouvernail articulé, permettant aux navires d’effectuer de longues traversées, amena vers la fin du Moyen Âge un renouveau maritime. Les gréements latins et carrés furent souvent combinés sur des bateaux à plusieurs mâts. À cette époque apparurent notamment deux types de voiliers destinés au commerce ou au combat : la caraque et la caravelle. La caraque, gros bateau lourd, gréé de deux à quatre mâts, avait des voiles carrées aux mâts avant et des voiles latines aux mâts arrière. La caravelle, d’origine portugaise, était un excellent navire de mer, aux formes fines, à trois ou quatre mâts portant des voiles latines, avec parfois une ou deux voiles carrées au mât avant, et capable de naviguer « au plus près ». Elle fut utilisée par les grands navigateurs de l’époque (la Santa María de Christophe Colomb). À côté de ce développement méditerranéen, la voile connut également dans d’autres régions du monde un essor considérable avec les drakkars et les snekkars des Vikings, aux voiles carrées, les grandes pirogues polynésiennes, les boutres arabes, au gréement latin, les jonques chinoises, aux voiles carrées en bambou, etc.

Les grandes découvertes maritimes de la Renaissance eurent pour conséquences la naissance de l’ère coloniale et l’essor du grand commerce maritime, avec les rivalités et les guerres sur mer qu’ils entraînèrent. Au xviie et au xviiie s. apparurent les grandes flottes militaires de haute mer, comprenant notamment, différenciés par leurs dimensions, le nombre de leurs ponts et de leurs canons :
— les vaisseaux, à deux ou trois entreponts garnis de batteries de canons en abord, qui constituaient le corps de bataille des escadres ;
— les frégates, généralement à un seul entrepont, chargées de missions particulières ;
— les corvettes, enfin, sortes de petites frégates.

Tous ces navires de guerre avaient trois mâts et des voiles carrées. Parmi tous les remarquables vaisseaux construits pendant cette période figurent le Sovereign of the Seas (1637), le premier navire à trois ponts et le plus beau bâtiment de son temps (45 m de long et 15 m de large), et l’Océan, mis en chantier en 1785 et lancé en 1790, le meilleur vaisseau de guerre de son époque (63 m de long et 17 m de large), jaugeant 5 000 tonneaux et portant plus de 3 000 m2 de voiles. L’Océan fut construit à Brest sous la direction de l’ingénieur français Jacques Noël Sané (1740-1831), le plus célèbre « architecte naval » de cette période.