Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

vinylique (résine) (suite)

Les polyoléfines (polyéthylènes, polypropylène, polybutylène) prennent de plus en plus d’importance. L’éthylène peut être polymérisé sous forte pression et à haute température. Il conduit à un polymère de basse densité, flexible, dont la structure moléculaire rappelle la paraffine, dont il a le toucher :
...—CH2—CH2—CH2—CH2—CH2—...

Polymérisé sous basse pression, en présence de catalyseurs complexes organométalliques, il donne des polymères de haute ou de moyenne densité plus rigides et moins fusibles. Le propylène est polymérisé par cette dernière méthode et donne un polymère résistant à 160 °C. Le groupe des polyoléfines représente 30 p. 100 de la consommation de tous les polymères.

Le polystyrène est préparé soit par polymérisation en masse, procédé le plus ancien, comprenant d’abord une prépolymérisation à 80 °C d’une partie du monomère, puis un chauffage ultérieur à 180 °C, soit par polymérisation en solution dans le toluène ou le xylène, le polymère étant ensuite séparé par centrifugation et séchage sous vide, soit par polymérisation en émulsion, pour les copolymères non destinés au moulage, ou enfin par polymérisation en suspension, selon une méthode analogue à celle qui est utilisée pour le chlorure de vinyle. Dans cette dernière méthode, qui est actuellement la plus employée, la température est réglée d’abord vers 90 °C, puis à 115 °C. Le polymère est centrifugé, lavé à l’acide dilué, à l’eau, puis séché.

Le polyméthacrylate de méthyle a été longtemps fabriqué seulement sous forme de plaques par coulée du monomère catalysé dans des moules en verre et par polymérisation au bain-marie. Maintenant, on prépare aussi des poudres à mouler ou à extruder.


Usages

Les usages du chlorure de polyvinyle se répartissent à parts égales entre formules souples (plastifiées) et rigides. Les produits souples sont des feuilles calandrées et des revêtements de sols (30 p. 100 du total), des isolants de câbles (12 p. 100), des tissus enduits (8 p. 100), etc. Les produits rigides concernent surtout les tuyauteries (26 p. 100), les bouteilles (12 p. 100), etc. Le polyéthylène à basse densité (0,905) est employé à plus de 55 p. 100 sous forme de films et de feuilles ; les autres usages concernent les pièces injectées (15-20 p. 100), l’enduction de papier (12 p. 100), la câblerie (9 p. 100). Le polyéthylène à haute densité (0,96) est transformé en corps creux (bouteilles [50 p. 100]) et en pièces injectées (30 p. 100). Le polypropylène est injecté (environ 50 p. 100) et transformé en bandelettes pour tissage (30 p. 100), films et feuilles (15 p. 100). Le polystyrène sert maintenant surtout à l’emballage (28-30 p. 100), aux jouets et aux articles de ménage (25 p. 100), à l’industrie des réfrigérateurs (20 p. 100). Le polyméthacrylate de méthyle est encore utilisé pour 50 p. 100 sous forme de feuilles coulées type Plexiglas pour enseignes lumineuses, décoration, vitrages, etc. Les polymères fluorés de l’éthylène sont utilisés pour des usages techniques à haute performance.

J. D.

➙ Éthylène / Plastique (matière) / Polymère pétrochimique / Polymérisation.

viole de gambe

Instrument de musique à cordes frottées.


Apparue dès la dernière décennie du xve s., la viole de gambe se partage au xve s. avec la viole de bras les faveurs des compositeurs et des mélomanes. Les noms respectifs de ces instruments s’expliquent par la différence de tenue. Alors que les violes de bras s’appuient contre la clavicule — d’où le terme italien de viola da spalla —, puis sous le menton (exception faite des grands modèles correspondant au violoncelle ou à la contrebasse), les violes de gambe se posent toutes sur ou entre les genoux. Ce n’est d’ailleurs qu’une parmi les nombreuses divergences entre les deux sortes de violes, que l’on prend fréquemment à tort l’une pour l’ancêtre et l’autre pour le descendant.

Au début du xvie s., on connaît trois modèles de violes montés de cinq cordes : le dessus (sol2, do3, mi3, la3, 4), le ténor, ou taille (do2, fa2, la2, 3, sol3), et la basse (sol1, do2, mi2, la2, 3). Rapidement, cependant, on ajoute une sixième corde au grave, à la quarte inférieure. Les premiers textes se trouvent à Florence dans une collection de manuscrits datant d’avant 1500. Puis viennent les ensembles de trois à sept violes de S. Ganassi (v. 1492-?) en Italie, de D. Ortiz (v. 1510-?) en Espagne, de M. Agricola (1486?-1556) en Allemagne, de E. Du Caurroy* en France. Le répertoire est constitué de danses ou de formes contrapuntiques : ricercari, fantaisies. Cependant, à l’inverse des sonores violes de bras, le timbre de ces violes, fin et distingué, les fait réserver aux salons, aux cours royales ou princières ; elles sont les interprètes de prédilection de la musique savante.

Cette tendance va se développer au xviie s., qui voit leur apogée. À côté des ensembles apparaît la forme de la cantate avec basse continue, dont l’exécution requiert la présence, pour soutenir le clavecin, d’une basse de viole. Celle-ci suit d’abord fidèlement la main gauche de clavier, puis s’en écarte peu à peu pour l’orner de variations personnelles. Bientôt, ce procédé va donner naissance au genre particulier des variations, véritables morceaux de virtuosité. Pour interpréter ces variations avec aisance, les artistes adopteront un modèle plus petit, plus commode que l’instrument habituel ; la division viol ou lyra viol. L’école anglaise fournit les plus brillants compositeurs et exécutants : J. Jenkins (1592-1678), M. Locke (v. 1630-1677), A. Ferrabosco (né près de Greenwich, v. 1575-1628), J. Cooper dit Coperario (v. 1575-1626) et Th. Simpson. Leur talent rayonne et attire les étrangers. Le violiste français A. Maugars (v. 1580 - v. 1645) fait partie pendant quelque temps de l’orchestre du roi Jacques Ier. Cependant, la fin du siècle voit naître l’école française avec Sainte-Colombe (?-v. 1700) et le plus représentatif de ses élèves, Marin Marais (1656-1728). Sainte-Colombe, pour étendre encore les possibilités de son instrument, lui ajoute une septième corde au grave, le la.