Vincennes (suite)
L’histoire
Le premier document qui fasse mention de Vincennes pour la première fois remonte à 847 ; Vincennes porte alors le nom de Vilcena. Au xiie s., le roi Louis VII y fit bâtir un manoir, qui servait de rendez-vous de chasse, au milieu des bois dominant la vallée de la Marne.
Cette demeure fut agrandie ou reconstruite à plusieurs reprises. Philippe Auguste l’embellit, et Saint Louis prit plaisir à y séjourner ; le chroniqueur Joinville a lui-même rapporté l’épisode célèbre du chêne de Vincennes : « Maintes fois ai vu que le bon saint, après qu’il avait ouï messe, il se allait esbattre au bois de Vincennes et se seoit au pied d’un chesne et nous faisait asseoir tout auprès de luy. Et tous ceux qui avaient affaire à luy, venaient à luy parler sans ce que aucun huissier ne autre leur donnast empeschement. »
Après Saint Louis, les rois de France résidèrent souvent à Vincennes ; Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel y moururent. Mais ce sont les Valois qui firent édifier le château actuel, un des spécimens les plus importants de l’architecture militaire du Moyen Âge. Philippe VI de Valois fit commencer en 1337 les travaux, qui furent achevés sous son petit-fils Charles V, lequel entreprit en outre en 1379 la construction de la chapelle, imitée de la Sainte-Chapelle de Paris. Le roi d’Angleterre Henri V mourut à Vincennes en 1422, ainsi que Charles IX en 1574 et le cardinal Mazarin en 1661.
Le donjon de Vincennes servit également de prison à partir du règne de Louis XI ; d’illustres personnages y furent enfermés, comme le prince Henri II de Condé en 1617, Saint-Cyran sous Richelieu, le Grand Condé, le prince de Conti, le duc de Longueville et le cardinal de Retz durant la Fronde ; plus tard, on y vit Diderot, Mirabeau et le marquis de Sade.
La prison fut supprimée en 1784. Dans la nuit du 20 au 21 mars 1804, Bonaparte faisait fusiller dans les douves du château, après une parodie de jugement, le duc d’Enghien, qu’il avait fait enlever du territoire badois. La forteresse fut illustrée en 1814 et en 1815 par son gouverneur, le général Daumesnil, dit la « Jambe de Bois », qui la défendit contre les Alliés. En 1830, Daumesnil sauva des fureurs de la populace les ministres de Charles X, dont le prince de Polignac, qui y avaient été incarcérés.
En 1860, le bois de Vincennes était acquis par la Ville de Paris, qui le fit aménager par Jean-Charles Alphand.
P. R.
G. Poncet de La Grave, Mémoires intéressans pour servir à l’histoire de France, t. I et II contenant Vincennes et toutes ses dépendances (Nyon l’aîné, 1788). / M. Lemarchand, le Château royal de Vincennes, de son origine à nos jours (Daragon, 1907). / M. de Pradel de Lamase, le Château de Vincennes (Calmann-Lévy, 1932). / A. Hurtret, les Tragédies de Vincennes (Éd. de Fontenelle, 1947). / M. Enjalric, le château de Vincennes (Nouv. éd. latines, 1975).