Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Villars (Claude Louis Hector, duc de) (suite)

Gouverneur de Provence, Villars est chargé de discuter avec le Prince Eugène des bases du traité de Rastatt (1714). Élu à l’Académie française, membre du Conseil de régence et président du Conseil de guerre, il soutient la politique de rapprochement avec l’Espagne. En 1733, pour reconnaître ses mérites exceptionnels, Louis XV l’élève à la dignité de maréchal général de France, qui lui donne le pas sur tous les autres maréchaux et l’envoie, malgré ses quatre-vingt-un ans, se battre en Italie pour soutenir le roi de Sardaigne. L’attitude équivoque de ce dernier conduit Villars à demander son rappel, quand il tombe malade et meurt à Turin.

H. de N.

➙ Louis XIV / Succession d’Espagne (guerre de la).

 H. Carré, le Maréchal de Villars, homme de guerre et diplomate (Hachette, 1936). / P. Paul, Denain (Guy Victor, 1963).

ville


La population mondiale s’urbanise progressivement. Longtemps, jusqu’à la fin du xviiie s., les villes avaient de la difficulté à s’accroître au-delà d’une certaine limite, à compter plus de quelques milliers ou de quelques dizaines de milliers d’habitants. À l’échelle d’une nation, elles groupaient rarement plus de 10 p. 100 de la population totale, 5 p. 100 seulement même bien souvent. Il n’y avait guère que dans les pays déjà avancés de l’Europe occidentale qu’on observait des taux d’urbanisation plus élevés : 15 p. 100 en France, 30 p. 100 en Angleterre. Les transformations qui ont totalement modifié le rapport des villes et des campagnes commençaient, en effet, à s’y faire sentir. Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir plus de 80 p. 100 de la population groupés dans les villes, et cela même dans des contrées qui continuent à tirer une large part de leurs ressources de la terre, comme c’est le cas de l’Australie ou de l’Argentine.


La notion de ville

L’étude des villes tient une place de plus en plus grande dans les sciences sociales : la concentration progressive de la population dans leurs enceintes attire naturellement sur elles l’attention convergente du sociologue, de l’économiste, de l’historien ou du géographe. Les problèmes des grandes métropoles ont pris une telle acuité depuis une dizaine d’années aussi bien en Amérique du Nord qu’en Europe ou dans les pays du tiers monde que l’opinion publique suit de plus en plus attentivement les recherches dans ce domaine. La situation est ainsi bien différente de celle qui prévalait au début du siècle ou entre les deux guerres mondiales : les problèmes spatiaux apparaissaient sans intérêt pour l’économiste, pour le sociologue comme pour l’historien ; le géographe se plaisait plus à analyser les paysages contrastés des campagnes qu’à percer les régularités et l’uniformité relative des organisations urbaines.

Il est en effet difficile de parler des cités de manière scientifique. Qu’est-ce qu’une ville ? La chose paraît claire à chacun, mais, lorsqu’il s’agit de préciser la définition qu’on en donne, le doute apparaît. Le paysage ? il est souvent trompeur, et la concentration ou simplement la présence de monuments n’indiquent pas nécessairement que l’agglomération soit une ville au sens plein du terme : les exemples abondent de centres importants qui ne groupent que des paysans ou des ouvriers (des mineurs souvent) et qui ne sont pas, malgré les apparences, des villes au sens plein du terme.

Quel critère retenir alors ? Les sociologues ont un temps insisté sur la présence de certaines catégories, de certaines classes sociales, d’une bourgeoisie, mais c’est un peu une tautologie que de dire qu’il y a ville à partir du moment où apparaît une bourgeoisie. Les économistes insistent sur les avantages qui naissent souvent du regroupement des forces productives sur d’étroits espaces. Les historiens confirment l’intuition des sociologues et montrent le rôle des groupes d’entrepreneurs, de commerçants, d’industriels ou d’administrateurs dans la formation de la ville moderne, mais ils indiquent aussi que les propriétaires fonciers, vivant des rentes qu’ils prélevaient, ont longtemps constitué en Europe la part la plus significative de la population urbaine ; il continue à en être ainsi dans beaucoup de pays du tiers monde.

Les ethnologues ont souligné l’opposition qui existe, au plan des mentalités, de l’aptitude à communiquer et des attitudes, entre les groupes qui vivent dans l’horizon étroit des communautés locales et ceux qui participent, dans le cadre des villes, à une série plus variée d’activités et de relations.

Pour comprendre la ville, il est sans doute indispensable de tenir compte de ces diverses observations : il est difficile de présenter une théorie de la formation des cités qui ne soit pas interdisciplinaire dans son principe. L’étude de la ville appartient à toutes les sciences de l’homme et de la société, et il importe de tirer parti des enseignements de toutes pour démêler ce qui explique sa genèse.


Objectifs et nature de la ville

L’humanité est conduite à poursuivre des fins divergentes. Elle cherche dans l’environnement les ressources indispensables à son épanouissement matériel ; elle se plaît à bénéficier de la sécurité, de l’intimité, de la chaleur humaine qui naissent dans les petites communautés bien soudées, dont les membres se connaissent intimement ; elle sait aussi apprécier les avantages qu’apportent des opportunités multiples en matière de travail, de relations commerciales, de vie artistique ou intellectuelle. On peut estimer que chaque civilisation cherche à concilier de la manière la plus efficace ces trois types d’objectif : elle est à la recherche d’un optimum.

Chacune des options de la société pousse à un type différent de morphologie : la recherche des ressources naturelles conduit à une répartition éclatée, à une dispersion intégrale lorsque la totalité de la population doit s’employer dans le secteur agricole. Le goût de la chaleur et de la sécurité amène à former de petits groupements : hordes, clans ou tribus nomades, hameaux et villages dans les pays de sédentaires. Le souci de bénéficier d’opportunités variées dans le domaine des activités, des relations économiques, artistiques et intellectuelles est à l’origine des formes de concentration, des villes donc. On peut donc dire que celles-ci constituent des morphologies destinées à faciliter au maximum toutes les formes de l’interaction sociale.