Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Viêt-nam (suite)

La fin de la guerre et la réunification

Les événements se précipitent à la fin de l’année 1974, après que le Sénat américain a voté la réduction de l’aide militaire à Saigon. Le 15 décembre, le G. R. P. amorce une offensive militaire de grande envergure le long de la frontière cambodgienne et dans le Delta. Le 7 janvier 1975, ses troupes s’emparent d’un premier chef-lieu de province de la république du Viêt-nam du Sud ; le 24 mars, Huê tombe dans les mains du G. R. P., cinq jours seulement avant la chute de Da Nang.

Acculé, le président Thiêu démissionne (21 avril), laissant la place à son vice-président, Trân Van Huong : celui-ci cherche vainement un Premier ministre, tandis que le gouvernement français lance un appel pour l’ouverture de négociations. Après six jours de présidence, Huong est remplacé par le général Duong Van Minh (28 avril), qui ne peut rien contre la pression des forces communistes sur Saigon. La capitale tombe entre leurs mains dès le 29 avril ; débaptisée, elle devient Hô Chi Minh Thanh Tho.

En se rendant à son vainqueur, le général Minh le laisse maître du Viêt-nam. Les grandes villes de l’ancienne république du Sud sont aussitôt dirigées par des comités administratifs militaires qui préparent le terrain aux Comités révolutionnaires qui seront chargés d’appliquer au Sud la devise choisie dès 1969 par le G. R. P. : « Indépendance, démocratie, paix, neutralité. » À Saigon, où la « révolution culturelle » commence dès le 23 mai, le premier Comité est présidé par le général Trân Van Tra.

Outre le changement progressif de régime et de mentalité à assurer au Sud se pose le délicat problème de la réunification effective du pays. En juin 1976 se réunit une Assemblée nationale élue par l’ensemble des Vietnamiens et qui fait du Viêt-nam réunifié la république socialiste du Viêt-nam.

P. P., M. H. et N. p. L.

➙ Champa / Chine / Empire colonial français / Hô Chi Minh / Indochine / Indochine (guerres d’) / Indochine française.

 P. Mus, Viêt-nam, sociologie d’une guerre (Éd. du Seuil, 1952). / P. A. Huard et M. Durand, Connaissance du Viêt-nam (A. Maisonneuve, 1954). / J. Chesneaux, Contribution à l’histoire de la nation vietnamienne (Éd. sociales, 1955). / Lê Thanh Khoi, le Viêt-nam, histoire et civilisation (Éd. de Minuit, 1955). / J. Lacouture et P. Devillers, la Fin d’une guerre (Éd. du Seuil, 1960). / B. B. Fall, The Two Viet-Nams (New York, 1963, 2e éd., 1967 ; trad. fr. les Deux Viêt-nam, Payot, 1967). / W. G. Burchett, Vietnam : Inside Story of the Guerilla War (New York, 1965). / Lê Chau, le Viêt-nam socialiste, une économie de transition (Maspero, 1966). / Récits de la résistance vietnamienne, 1925-1945 (Maspero, 1966). / J. Buttinger, Viêt-nam (New York, 1967 ; 2 vol.). / Histoire du Viêt-nam (en vietnamien, Hanoi, 1971 ; 2 vol.). / Nguyen Khac Vien, Histoire du Viêt-nam (Éd. sociales, 1974). / D. Hemery, Révolutionnaires vietnamiens et pouvoir colonial en Indochine (Maspero, 1975). / J. et S. Lacouture, Vietnam, un voyage après une victoire (Éd. du Seuil, 1976).


La géographie du Viêt-nam


Le Viêt-nam du Nord

158 750 km2 ; 22 millions d’habitants. Capit. Hanoi*.

La nature est assez simple : un cadre montagneux développé au nord et fort arrosé, enserrant trois deltas, de plus en plus petits, deltas du Sông Koi, ou fleuve Rouge (Tonkin), du Sông Ma (Thanh Hoa), du Sông Ca (Nghê An) auxquels succèdent les minuscules plaines littorales de Ha Tinh et Dông Hoi. Le peuplement oppose, d’une part, deltas et plaines où s’entasse une population vietnamienne très homogène, qui atteint ici d’énormes densités rurales, et, d’autre part, les montagnes peu peuplées aux populations très variées.


Les montagnes

Le cadre montagneux est une sorte de triangle dont la base serait la frontière chinoise. L’ensemble est vigoureux : les pentes sont abruptes au-dessus des plaines ; le point culminant Fan Si Pan (Hoang Liên Son) atteint 3 144 m. La vigueur du relief est due cependant plus à la profondeur des vallées fortement burinées et à la raideur des versants qu’à l’allure des crêtes généralement lourdes. Les roches sont variées, et donc les paysages : les schistes et grauwackes permo-triasiques et aussi les granites donnent des échines assez lourdes, qui contrastent fortement avec les extraordinaires karsts développés dans les calcaires sombres ouralo-permiens (plateaux [Bac Son] aux falaises verticales trouées de grottes et coupés de cañons [cañon de la rivière Noire, ou Sông Da], et surtout « forêts de pitons » [hums] aux formes étranges, telles celles que la mer a envahies aux baies d’Along [Ha Long] et de Fai Tsi Long).

Au nord du Sông Koi, moyennes montagnes et collines dominent, séparées par de larges vallées, notamment celles du Sông Lô (rivière Claire) et de ses affluents ; la frontière chinoise est bordée de massifs élevés, notamment de calcaires, mais les altitudes s’abaissent en lisière du delta (« Moyenne Région », dominée par le Tam Dao à l’horizon d’Hanoi). Deux lignes directrices émergent : les « virgations » tonkinoises, arcs convexes vers l’est et le sud-est, et surtout la longue dépression étirée de Cao Bang à Lang Son et à Tiên Yên, qui est parallèle à la frontière chinoise. La population, relativement nombreuse (en dépit du paludisme), est variée : Mans (jusque vers 800 m d’altitude), Méos (au-dessus de 800 m) [v. Miaos et Yaos], les uns et les autres principaux responsables de la destruction des forêts au profit de savanes à Imperata (tranh), Nungs, Thôs (v. Thaïs), Vietnamiens. Les Vietnamiens peuplent de longue date la « Moyenne Région » (Tuyên Quang-Thai Nguyên). Les Nungs, Thaïs sinisés, pêcheurs, agriculteurs, contrebandiers, avaient occupé la côte entre Tiên Yên et Mong Cai (Moncay), aux portes de la Chine : ils sont partis en grand nombre en 1954 au sud du 17e parallèle. Les Thôs, Thaïs vietnamisés, riziculteurs, peuplent densément les petites plaines de Cao Bang et de Lang Son. Les ressources minières sont notables : zinc à Cho Diên (raffiné à Quang Yên) ; étain à Thin Tuc (raffiné à Cao Bang) ; un peu de fer et de charbon cokéfiable à Thai Nguyên, devenu centre sidérurgique ; anthracite non cokéfiable à Hông Gai (Hongay) et à Câm Pha, en bordure de la baie d’Along (exploité dans les meilleures conditions [veines épaisses], alimentant le delta ou exporté vers le Japon). En baie d’Along, dans l’île de la Cat Ba, les Soviétiques ont installé un centre de conserves de poisson.