Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vierne (Louis) (suite)

Musique de chambre : Quatuor à cordes (1894) ; Sonate pour violon et piano (1906) ; Rhapsodie pour harpe (1917) ; Sonate pour violoncelle et piano (1910) ; Quintette avec piano (1917) ; Marche triomphale pour le centenaire de Napoléon pour 3 trompettes, 3 trombones, 3 timbales et grand orgue (1921) ; Soirs étrangers pour violoncelle et piano (1928).

Musique vocale : nombreuses mélodies ; recueils divers : Stances d’amour et de rêves (1912) ; Spleens et détresses (1916) ; Cinq Poèmes de Baudelaire (1921) ; Poème de l’amour (1924) ; les Angélus pour chant et orgue ou orchestre (1929) ; Quatre Poèmes grecs pour chant et harpe ou orchestre (1930).

Œuvres lyriques : les Djinns (1912), Psyché (1914), Eros (1916), poèmes symphoniques pour chant et orchestre ou piano ; la Ballade du désespéré, poème lyrique pour ténor et orchestre ou piano (1931).

Musique symphonique : Poème pour piano et orchestre (1925) ; Ballade pour violon et orchestre (1926).

Œuvres inédites : Praxinoé, légende lyrique pour orchestre, soli et chœurs (1905) ; Symphonie pour orchestre (1908) ; Dal Vertice, ode lyrique pour ténor et orchestre ou piano (1917) ; Méthode d’orgue.

B. G.

 In memoriam Louis Vierne (Desclée De Brouwer, 1939). / B. Gavoty, Louis Vierne, la vie et l’œuvre (A. Michel, 1943). / H. Doyen, Mes leçons d’orgue avec Louis Vierne (Musique sacrée, 1966). / Louis Vierne, numéro spécial de l’Orgue (1970).

Viète (François)

Mathématicien français (Fontenay-le-Comte 1540 - Paris 1603).


Fils d’un procureur, Viète étudie le droit à Poitiers et s’inscrit en 1560 au barreau de Fontenay. En 1564, il entre, en qualité de précepteur de Catherine de Parthenay, au service de la maison de Soubise. On le retrouve en 1571 avocat au parlement de Paris et en 1573 conseiller au parlement de Bretagne. Remarqué en 1576 par Henri III, qui le charge de missions spéciales, Viète devient en 1580 maître des requêtes de l’hôtel du roi, puis membre du Conseil privé. L’hostilité du parti ligueur le fait suspendre de ses fonctions de 1584 à 1589, jusqu’à la rupture d’Henri III avec les Guise. En 1602, Viète doit abandonner sa charge pour raison de santé et meurt à Paris en février 1603, ne laissant qu’une fille sans descendance.

Très absorbé par ses travaux officiels, il n’a guère, dans sa vie, que deux périodes de loisirs relatifs, entre 1564 et 1568, puis entre 1584 et 1589, périodes pendant lesquelles il peut réfléchir à ses grandes découvertes. Il commence par des travaux d’astronomie et de trigonométrie, et il conçoit son Harmonicon cœleste entre 1564 et 1568. Cet ouvrage ne fut jamais imprimé. Il en subsiste des copies à Paris et à Florence. À la même époque, Viète commence à composer son Canon mathematicus, dont l’impression durera de 1571 à 1579. Dans cet ouvrage, où sont calculées les valeurs numériques des fonctions circulaires, apparaît le premier emploi systématique des nombres décimaux, que Simon Stevin (1548-1620) vulgarisera peu après, mais indépendamment.

Entre 1584 et 1589, Viète arrête les grandes lignes de son Isagoge in artem analyticam (1591). Fort versé dans la géométrie des Anciens en même temps que dans l’algèbre du xvie s., il s’efforce de retrouver la méthode de recherche, l’analyse des anciens géomètres. C’est ainsi qu’il reconstitue en 1600 le traité des contacts d’Apollonios de Perga (v. 262 - v. 180 av. J.-C.), dont le plus important problème est la recherche d’un cercle tangent à trois cercles donnés.

La découverte des travaux de Diophante (iiie s. apr. J.-C.) est le point de départ de ses conceptions. Viète arrive alors à mettre en évidence l’isomorphisme fondamental entre, d’une part, le domaine de l’algèbre numérique de Diophante, de Jérôme Cardan (1501-1576), de Niccolo Tartaglia (v. 1499-1557), de Raffaele Bombelli (mort peu après 1572) ou de Michael Stifel (1487-1567), et, d’autre part, le domaine de l’analyse géométrique, qui se devine sous les exposés synthétiques d’Euclide, d’Archimède et surtout d’Apollonios de Perga, et dont les écrits de Pappus d’Alexandrie, retrouvés sur ces entrefaites, donnent une idée plus précise.

Pour traduire cet isomorphisme, Viète invente sa « logistique spécieuse », ou art du calcul sur des symboles (espèces), représentant les grandeurs tant géométriques que numériques. Il subdivise l’analyse en trois parties. La zététique consiste à adopter un symbolisme permettant de noter tant les grandeurs inconnues que les connues, à exprimer les liens qui les unissent et à dégager l’équation qui, sous forme abstraite, résume le problème posé. L’analyse poristique étudie, transforme, discute cette équation. Enfin, l’exégétique, ou analyse réthique, revenant au problème concret, résout l’équation, soit par des constructions s’il s’agit de géométrie, soit par des calculs s’il s’agit d’arithmétique.

Les divers écrits de Viète, publiés de 1579 à 1615 (certaines œuvres sont posthumes), ont été rassemblés en 1646 par Frans Van Schooten (1615-1660). Plusieurs avaient été traduits en français aux environs de 1630. Mais, rapidement tombés en désuétude après l’apparition de la Géométrie de Descartes, ils ne présentent plus qu’un intérêt historique.

J. I.

Viêt-nam

Partie orientale de la péninsule indochinoise, divisée en 1954 en deux États (la république démocratique du Viêt-nam, au nord, et la république du Viêt-nam, au sud), réunis en 1976, au sein de la république socialiste du Viêt-nam.


Introduction

Contrairement aux autres peuples de la péninsule indochinoise, les Vietnamiens sont de civilisation chinoise et non indienne. Dans le delta du Sông Koi, ou Sông Nhi Ha (fleuve Rouge), au nord, ils ont fortement subi, au cours d’une longue occupation chinoise (iiie s. av. J.-C. - xe s. apr. J.-C.), l’influence de la Chine. Écriture, thèmes littéraires et artistiques, philosophie confucéenne, syncrétisme religieux où se mêlent bouddhisme, culte des ancêtres (fête du Têt), culte des génies viennent de Chine, ainsi que, sans doute, les techniques de culture intensive et de minutieuse irrigation, l’attelage à une seule bête tirant par collier d’épaule, la construction à terre d’une maison à belle charpente portant un toit lourd, les jonques à voilure carrée — tous traits humains marqués surtout au nord. Les Vietnamiens, cependant, ont gardé leur originalité, notamment leur langue, monosyllabique et polytonique — romanisée, au xviie s., par Alexandre de Rhodes — la forte organisation villageoise — du moins au nord — de la commune, et le rôle important de la femme.