Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vienne (suite)

Les quartiers

Si Vienne, politiquement, correspond à une province autonome, elle est, administrativement, divisée en vingt-trois arrondissements, ou Bezirke. La taille de ces derniers varie considérablement ; elle est fonction des périodes de croissance, c’est-à-dire d’annexion.

L’arrondissement le plus peuplé est le Xe, au sud (Favoriten, Oberlaa, Rothneusiedl, Unterlaa), qui a aussi la plus forte population active industrielle. Suit le IIIe arrondissement, au sud-est du centre-ville, correspondant au quartier de la Landstrasse. Sa situation stratégique sur la route menant vers la Hongrie lui a valu très tôt un rôle décisif. Plus de la moitié des actifs sont employés dans l’industrie, mais le commerce et les services administratifs y sont bien représentés.

Le XVIe arrondissement, ou Ottakring, déborde déjà sur les collines de l’ouest. Il est encore à majorité industrielle. Il est suivi par le IIe arrondissement (Leopoldstadt), à l’est, entre la vieille ville et le Danube. Les grandes gares sont proches, et cela explique la prédominance des actifs industriels. Toutefois, proportionnellement à la population des autres arrondissements, cet arrondissement est un de ceux qui comptent le plus fort pourcentage de travailleurs dans la distribution (commerce de gros, entrepôts).

Sur le plan des densités, les différences sont considérables d’un arrondissement à l’autre. Ainsi, le Ier arrondissement (le centre) totalise encore plus de 100 habitants à l’hectare. Il est pourtant dépassé, et de loin, par le IVe (Wieden), avec environ 250 habitants, le Ve (Margareten), avec environ 350, le VIe (Mariahilf) et le VIIe (Neubau), approchant tous les deux le chiffre de 300 habitants, le VIIIe (Josefstadt), dépassant légèrement ce chiffre. Il s’agit essentiellement des quartiers entourant immédiatement le noyau historique. Le XVe (Rudolfsheim-Fünfhaus) fait partie de cette ceinture de fortes densités. Par contre, dans les quartiers de l’ouest, les densités sont généralement moins élevées. Les deux arrondissements de la rive gauche du Danube ont une densité moyenne faible. Ces chiffres laissent entrevoir les possibilités d’expansion de la ville.

Sur le plan typologique et fonctionnel, on peut dégager une demi-douzaine de types de quartiers.

• Le centre. Il conserve un maximum de bâtiments anciens. Les bâtiments administratifs sont nombreux, surtout à proximité du Ring. Les palais aristocratiques sont fréquents. La fonction culturelle est importante : on compte au moins une dizaine de théâtres, et les musées sont nombreux. Le centre est le cœur de Vienne avec ses vieilles rues et ses petites places. Le commerce de détail occupe une place de choix.

• Les quartiers à l’ouest du centre. Leur aménagement a été largement déterminé par les vallées parallèles, issues de la Wienerwald et dont la vallée de la Wien est l’élément le plus important. Il existe donc comme un système de grandes voies radiales se branchant d’abord sur le Gürtel et ensuite sur le Ring. À l’époque baroque, certaines de ces voies furent transformées en allées plantées d’arbres. La route de Linz est la voie radiale la plus importante. À l’approche du Ring, les quartiers sont mixtes, unissant les fonctions résidentielles et administratives, voire commerciales. L’allure géométrique prédomine encore plus dans la forme des blocs de maisons en hauteur des quartiers situés plus à l’ouest.

• Les anciens villages du rebord de la Wienerwald. Ceux de la partie nord (Nussdorf, Grinzing, Sievering) sont profondément marqués par la viticulture, qui, ici, remonte au Moyen Âge. Ce sont souvent des marchés aux vins établis en bordure de la forêt viennoise. L’urbanisation est ancienne. On y trouve beaucoup de propriétés religieuses, bourgeoises et nobiliaires. Nombre de vignes sont clôturées d’un mur de pierre. Les demeures sont pittoresques, et la topographie ajoute aux charmes d’un habitat bien conservé. Les villas ont tendance à envahir ces coteaux, qui passent pour fournir les plus beaux sites de Vienne.

• Les quartiers du sud-ouest. Il s’agit souvent de quartiers issus d’agglomérations villageoises établies le long des routes menant vers le sud. Le long de la Blätterstrasse, l’ancienne route du vin, s’étaient développés des villages viticoles ; à l’époque de la « Gründerzeit », la Triesterstrasse avait vu se développer des tuileries (vers 1870), en partie abandonnées de nos jours. Entre les deux s’enchevêtrent les habitations modestes, les zones maraîchères, les friches et les établissements industriels. L’ensemble n’est pas encore très bien intégré dans le corps urbain.

• Les quartiers du sud. La partie méridionale de la ville présente des possibilités presque idéales pour un développement de celle-ci en forme d’éventail. La zone entièrement bâtie va du Ring au Gürtel. La Favoritenstrasse, plus au sud, est l’axe principal d’une deuxième zone densément occupée. Les gares du Sud et de l’Est introduisent une barrière entre le quartier de Wieden, qui présente encore des caractères des quartiers résidentiels coûteux, et Favoriten, où les types d’habitations sont plus variés. Les constructions récentes sont aussi plus nombreuses dans Favoriten. Au début du xixe s., cette zone était encore consacrée à l’agriculture ; l’immigration tchèque et slovaque y avait donné des caractères originaux.

Le quartier de Wienerberg abritait à la fin du xixe s. la plus grande briqueterie d’Europe. Les façades monotones, en brique, des maisons ouvrières sont l’héritage d’une activité quasi disparue. Quant à la colline du Laaerberg, peut-être à cause de la proximité des briqueteries, les essais d’y implanter des résidences secondaires ont échoué constamment. Les surfaces agricoles ont mieux résisté à l’urbanisation qu’ailleurs.

• Les quartiers du sud-est. Ils présentent quelques caractères communs. Avant l’apparition du chemin de fer, ils étaient axés sur une voie de communication unique. Le développement urbanistique y a été plus hésitant. Enfin, la région du sud-est a connu un développement par stades successifs.

La construction des ponts sur le Danube, plus au nord, a donné à l’ensemble de ces quartiers une impulsion considérable, permettant des liaisons ferroviaires entre les pays tchèques et slovaques, d’une part, et la Hongrie, d’autre part.