Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

vétérinaire (art) (suite)

La seconde période

À peine installées, les deux écoles voient affluer des élèves envoyés par les pays d’Europe, et, pendant près de deux siècles, la pensée féconde de Bourgelat, homme d’action et réalisateur autoritaire, va engendrer la création d’institutions analogues à l’étranger.

Parmi les enseignants français du xixe s., comparables aux grands médecins de l’époque et dont la notoriété franchit rapidement les frontières, il faut citer : Henry Bouley (1814-1885) ; Jean Reynal (1816-1893) ; Auguste Chauveau (1827-1917), dont les préceptes relatifs à l’expérimentation ont permis l’acquisition de données fondamentales ; Edmond Nocard (1850-1903), dont le nom est lié à celui de Pasteur comme, en Allemagne, celui de Wilhelm Schütz (1839-1920) est associé à celui de Robert Koch (1843-1910) ; ultérieurement, Gustave Barrier (1853-1945) ; Emmanuel Leclainche (1861-1953) ; Henri Vallée (1874-1947) ; Édouard Bourdelle ; Charles Porcher (1872-1933) ; Émile Nicolas...

Le doctorat vétérinaire est créé en 1923, les agrégations en 1925.

Les matières enseignées dans les trois écoles, selon un programme identique, sont progressivement étendues et, par voie de conséquence, le nombre des chaires se trouve accru (anatomie, physiologie et thérapeutique, histologie et anatomie pathologique, parasitologie, pharmacie et toxicologie, physique et chimie biologiques et médicales, pathologie médicale et chirurgicale, reproduction, maladies contagieuses, pathologie générale, zootechnie et économie rurale, alimentation des animaux) et les laboratoires amplement développés.

L’Académie vétérinaire succède, en 1928, à la Société centrale de médecine vétérinaire, qui avait, en 1848, réuni la Société vétérinaire du département de la Seine à la Société de médecine vétérinaire et de médecine comparée, nées quatre ans auparavant. À l’Académie nationale de médecine, six fauteuils de membre titulaire sont réservés à des vétérinaires.

Dans le dessein de combattre plus efficacement les maladies contagieuses et de protéger la France et l’Europe contre les invasions toujours menaçantes de la peste bovine, un premier congrès vétérinaire international est réuni en 1863. En 1924 est créé, à Paris, l’Office international des épizooties. En outre, plusieurs conférences sont organisées, notamment à Genève sous l’égide de la Société des Nations.

De telles activités ont été constamment stimulées par les conséquences des épizooties, provoquées ou favorisées par des guerres incessantes, la plus redoutée des contagions étant pendant longtemps la peste bovine en raison de la brutalité de ses apparitions et des hécatombes qui lui sont imputables, puis, principalement en Europe centrale, la péripneumonie contagieuse des Bovins, aux dommages également énormes.

Les épidémies de rage observées au cours du xviiie s. se sont reproduites au xixe s. La menace existe encore, ainsi que le montrent les cas observés dans l’est de la France.

La morve a décimé les armées de la Révolution et de l’Empire et s’est répandue dans les campagnes, où l’on a observé des milliers de malades, mais elle a été efficacement combattue dès 1850. La plupart des pays d’Europe en sont maintenant indemnes ; il n’en est pas de même en Asie et en Afrique.

La fièvre charbonneuse et le charbon symptomatique sont depuis plusieurs années réduits à des formes sporadiques.

Les maladies « rouges » du Porc ont été différenciées : rouget, peste, pneumo-entérite.

Les vaccinations résultant des travaux de Pasteur ont considérablement amélioré la situation.

La dourine (Équidés), bien connue des Arabes du xie s., n’est plus observée que dans le nord de l’Afrique et en Asie Mineure ; elle ne sévit qu’accidentellement en Europe. Il en est de même pour la clavelée.

Depuis une trentaine d’années, la lutte contre la tuberculose bovine s’est intensifiée et systématisée ; elle a abouti à un taux d’infection égal ou inférieur à 0,5 p. 100, ce qui paraît être le seuil au-dessous duquel il est pratiquement impossible de descendre. À ce sujet, les gains économiques par diminution ou suppression des saisies de viandes dans les abattoirs sont inestimables.

La brucellose, ovine ou bovine — la première forme si dangereuse pour l’Homme (fièvre de Malte ou fièvre ondulante), et la seconde si préjudiciable à l’élevage (avortements) —, est depuis peu l’objet de mesures généralisées (vaccination, abattage), mais, selon le mot de Charles Nicolle (1866-1936), cette maladie « insaisissable » sera difficilement vaincue.

La fièvre aphteuse — dont les ravages, par vagues successives parfois imprévisibles, ont fréquemment bouleversé les économies agricoles — n’est plus que temporaire et localisée si la vaccination, efficace à son encontre, est obstinément répétée.

Les mammites, surtout bovines, sont spécifiquement combattues par une prophylaxie bien conduite, car la découverte des antibiotiques n’en a pas permis l’élimination.

Partout, les travaux de laboratoire identifient avec succès des formes pathologiques nouvelles, la virologie succédant à la microbiologie, avec des moyens d’approche de plus en plus perfectionnés.

Les prestigieuses réalisations de la bactériologie qui ont caractérisé l’ère pastorienne à la fin du xixe s. ont été très heureusement complétées par l’étude des maladies parasitaires, également causes à la fois de pertes énormes et de graves contagions humaines.


La situation professionnelle actuelle

En France, la profession vétérinaire se divise en deux branches d’activité : la médecine vétérinaire praticienne, responsable des soins donnés aux animaux, et les services vétérinaires de l’État, les praticiens, qui exercent une profession libérale, exerçant en outre, très souvent, en même temps comme agents de l’État.

Si, en raison de la motorisation, le Cheval n’est plus, de façon générale, représenté que par le Cheval de selle, la thérapeutique des vétérinaires de clientèle s’applique toujours aux animaux d’élevage et à ceux qui sont dits « de compagnie ».

La plupart de ces praticiens sont chargés, à temps partiel, d’interventions relevant de la police sanitaire (surveillance de l’isolement et des abattages en cas de maladie contagieuse), du dépistage de la tuberculose (tuberculinations) ainsi que des vaccinations contre la fièvre aphteuse et la brucellose.