Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

vertèbres (suite)

Le début de l’affection se manifeste avant tout par la douleur, progressive, exagérée par l’effort et la fatigue, calmée par le repos. La marche est raide, guindée, le sujet évitant de se pencher en avant, de s’incliner à droite ou à gauche ; fatigue, amaigrissement, anorexie sont de règle. L’examen met en évidence la rigidité du segment vertébral atteint, témoin de la contracture des muscles, une douleur à la mobilisation, une saillie des muscles latéro-vertébraux, une douleur à la pression d’une apophyse épineuse. L’examen capital est la radiographie, qui va montrer une diminution de hauteur du disque intervertébral, un pincement discal, parfois déjà une petite usure des bords du corps vertébral, voire une caverne au centre de l’os.

À un stade plus avancé, dit « de pleine évolution », se produit une destruction des vertèbres et des disques, avec, à la radiographie, un écrasement d’une ou de plusieurs vertèbres, qui dans la région dorsale provoque la classique « bosse » pottique. Des abcès apparaissent, qui ont tous les caractères des abcès tuberculeux : froids, évoluant à bas bruit, migrateurs, évoluant vers la fistulisation. L’évolution du mal de Pott se faisait autrefois en trois à quatre ans, la guérison étant obtenue par soudure spontanée des vertèbres déformées, laissant une gibbosité, voire une paralysie, et cela dans les meilleurs cas, lorsque la surinfection d’un abcès fistulisé, une généralisation tuberculeuse n’avaient pas entraîné une issue fatale. Le seul traitement consistait en une immobilisation plâtrée rigoureuse associée à la cure héliomarine (Berck).

Aujourd’hui, le pronostic a été transformé par les thérapeutiques modernes, et le mal de Pott de l’enfant, bien traité dès la phase de début, doit guérir parfaitement : traitement médical par les antituberculeux, immobilisation relative, la cure héliomarine étant toujours souhaitable.

Chez l’adulte, le traitement médical seul est en général insuffisant et il faut avoir recours à la chirurgie : abord direct du foyer, curetage de l’abcès, greffe osseuse.

P. D.


Pathologie médicale


Lésions osseuses des vertèbres

L’ostéoporose, caractérisée par une raréfaction des travées du tissu osseux, a pour conséquence une fragilisation de l’os. Sur le plan vertébral, cela se traduit par des tassements vertébraux, avec apparition de déformation du rachis (cyphose) accompagnant des déformations vertébrales (vertèbres cunéiformes, trapézoïdales).

Parallèlement existent des douleurs rachidiennes, dorsales et lombaires, chroniques et aiguës. L’ostéoporose est le plus souvent primitive, apparaissant vers la cinquantaine. Le traitement comporte l’emploi de calcium, d’œstrogènes et d’anabolisants. À l’opposé, certaines ostéoporoses accompagnent des maladies endocriniennes (hypercorticisme, acromégalie, hypogonadisme, affection thyroïdienne, hyperparathyroïdie), digestives (défaut d’absorption calcique), rénales, diabétiques. L’immobilisation peut créer une ostéoporose (plâtre pelvi-pédieux, paralysie étendue...) ; il en va de même du traitement par les dérivés cortisoniques au long cours. Signalons que, chez les cosmonautes, l’apesanteur peut également provoquer un certain degré de déminéralisation.

L’ostéomalacie frappe également le rachis. Se rencontrant surtout chez la femme après quarante ans, elle se traduit par des douleurs lombaires et par des fractures spontanées atteignant les os longs des membres inférieurs et les vertèbres. Le traitement, favorable, est la vitamine D et le calcium.

Dans le rachitisme*, l’atteinte vertébrale est rare, se voyant seulement dans les formes graves.

L’hyperparathyroïdie s’accompagne de lésions vertébrales à type d’ostéoporose, de fractures, ainsi que de géodes (cavités dans l’os).

La maladie d’Albers-Schönberg est une ostéosclérose (durcissement osseux) où les os contiennent trop de tissu osseux minéralisé. C’est la maladie dite « des os de marbre », où les vertèbres sont atteintes au même titre que les autres os. Bien d’autres ostéoscléroses de causes diverses (endocrinienne, métabolique, toxique) existent, frappant plus ou moins le squelette vertébral.

L’acromégalie (v. hypophyse) frappe le rachis, provoquant la formation d’ostéophytes, déformant les vertèbres en les allongeant (par hyperactivité du périoste).


Affections rhumatologiques

L’arthrose (v. rhumatisme) frappe très fréquemment le squelette vertébral. Les lésions atteignent les articulations intervertébrales, entraînant plus tard des altérations des os voisins. Il y a également une atteinte du disque intervertébral. L’affection est d’une grande fréquence, surtout après cinquante ans. Sa survenue est facilitée par le surmenage discal que réalisent toutes les professions exigeant le port d’objets lourds, par l’existence de cyphose, de scoliose. La maladie se traduit par des douleurs, de la fatigue et une raideur. L’altération discale provoque souvent la survenue d’une sciatique*. Radiologiquement, l’arthrose se traduit par un pincement de l’interligne intervertébral par des ostéophytes. Les lésions sont définitives, et les troubles provoqués chroniques. L’atteinte du rachis est générale ou localisée (lombarthrose, cervicarthrose). Le traitement est médical (antalgiques, kinésithérapie, cures thermales), sauf cas exceptionnels nécessitant une action orthopédique.

La spondylarthrite ankylosante est une affection de cause inconnue frappant avec prédilection l’homme jeune, caractérisée par des arthrites intervertébrales multiples et extensives, d’évolution chronique et ankylosante. Elle se traduit par des douleurs rachidiennes, mais aussi thoraciques, dans les membres (sciatique), en ceinture, et une raideur du rachis caractéristique (en fin d’évolution, le rachis est totalement raide, soudé, donnant à la radiographie un aspect en « tige de bambou »). D’évolution lente, la maladie s’aggrave régulièrement au cours des années, débutant classiquement au rachis sacro-lombaire pour gagner de façon ascendante tout le reste de la colonne vertébrale. Quelquefois, la maladie semble se localiser à un seul segment vertébral. Les poussées s’accompagnent d’une altération de l’état général (inappétence, amaigrissement). Finalement, en dix, quinze ou vingt ans, le malade est totalement bloqué, ne marchant presque plus. Par contre, à ce stade, il ne souffre pratiquement plus. Le traitement fait appel aux antalgiques, aux dérivés cortisoniques, aux sels d’or, à la radiothérapie, mais aussi à l’orthopédie, qui permet de fixer la colonne grâce à un corset plâtré, puis amovible, calmant ainsi les douleurs et s’opposant au développement des déformations (et corrigeant en partie ces dernières).