Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vélasquez (suite)

 E. Lafuente Ferrari, Velázquez (Londres, 1943) ; Vélasquez (Skira, Genève, 1960). / J. Ortega y Gasset, Velázquez (Madrid, 1959 ; nouv. éd., 1963). / J. A. Gaya Nuño, Bibliografía crítica y antológica de Velázquez (Madrid, 1963). / J. Lopez Rey, Velázquez : catalogue raisonné (Londres, 1963). / J. Camón Aznar, Velázquez (Madrid, 1965 ; 2 vol.). / P. M. Bardi, L’opera completa di Velásquez (Milan, 1969 ; trad. fr. Tout l’œuvre peint de Vélasquez, Flammarion, 1969). / J. Gallego, Velázquez en Sevilla (Séville, 1974). / J. Gudiol, Velázquez (Barcelone, 1974).

Venceslas (saint)

En tchèque, Václav, en allem. Wenzel, duc et saint patron de la Bohême (Libušín, près de Kladno, v. 907 - Stará Boleslav, près de Prague, 929 ou 935).



La vie

Le grand-père de Venceslas Bořivoj Ier, de la dynastie des Přemyslides, a été baptisé par l’évangélisateur des Slaves, saint Méthode, et sa femme, sainte Ludmila, a protégé le clergé chrétien. Mais l’opposition des païens reste forte, et nulle église n’est encore construite à Prague. Avant l’effondrement de l’empire de la Grande-Moravie*, au début du xe s., la Bohème* échappe de plus en plus à son influence et reconnaît en 895 la suzeraineté de l’Empire. Elle cesse de dépendre de l’évêché de Nitra (dans la Slovaquie actuelle) pour passer sous le contrôle de l’évêché de Ratisbonne. La liturgie slave décline rapidement, et la Bohême n’aura un évêché autonome, à Prague, qu’en 973.

Vratislav († v. 921), duc vers 916, épouse Drahomíra, princesse chrétienne de la tribu des Stodoranes. L’aîné de ses enfants, Venceslas, a été baptisé par le clergé slave ; il subit l’influence de sa grand-mère Ludmila ; pieux et instruit, il apprend le latin. Son père, duc de Bohême, doit lutter contre les invasions hongroises et, en 920-21, il meurt au cours d’une expédition. Venceslas est proclamé duc, mais il est encore mineur et la régence est exercée par sa mère, Drahomíra, et sa grand-mère Ludmila. En 921, un conflit oppose les deux femmes. Drahomíra, alliée à la noblesse païenne, fait étrangler sainte Ludmila. Désormais, le paganisme triomphe, et Venceslas lui-même ne peut prier qu’en secret. En 923-24, le duc de Bavière Arnulf († 937) veut profiter des querelles internes et il envahit la Bohême. Venceslas, malgré sa jeunesse, combat avec succès contre l’invasion. Il s’émancipe de l’influence de sa mère et, à partir de 925, à dix-huit ans, il gouverne seul.

Toutes les chroniques soulignent sa piété. Plus moine que guerrier, il s’entoure de prêtres, vit dans la pauvreté et la chasteté. Venceslas profite de ses droits de haut justicier pour réduire les condamnations à mort et il essaie d’appliquer avec humanité la justice brutale de son temps. Il fonde des églises, mais les chroniques ne mentionnent que l’église Saint-Guy, à Prague.

Il doit tenir compte de la puissance de l’Empire. Henri Ier, qui règne depuis 919, envahit la Bohême en 929. Venceslas se rend compte qu’une lutte armée serait trop inégale et il répugne à la guerre. En 929, il reconnaît la suzeraineté de l’Empire et accepte de lui verser tribut, afin de préserver l’existence de la Bohême.

Mais il règne depuis trop peu de temps pour établir solidement son pouvoir. Il se heurte à l’opposition de son frère Boleslav († 967), qui rassemble ses partisans et leur fait élever un château en pierre à une vingtaine de kilomètres de Prague, à Stará Boleslav. Jaloux de son frère Venceslas, Boleslav veut se débarrasser de lui pour des raisons religieuses, mais aussi politiques. Il le tue de sa propre main, à coups d’épée, devant la porte de l’église de Stará Boleslav. On ignore la date précise de ce meurtre. On ne sait si ce fut à la date légendaire du 28 septembre, qui sera désormais la fête de saint Venceslas. La tradition place sa mort en 929, mais certains historiens, s’appuyant sur la correspondance d’Henri Ier, pensent qu’il aurait été tué en 935.

Le corps de Venceslas fut déposé en l’église Saint-Guy de Prague. La canonisation semble avoir été presque immédiate, dès le xe s., à une date inconnue. Dès 972, une église est consacrée à saint Venceslas, martyr, à Prosek près de Prague. Les sacramentaires de la fin du siècle mentionnent déjà, au 28 septembre, la fête de saint Venceslas.


Le culte

Par une étrange évolution, le duc-moine devient l’idéal du roi chevalier, il est en effet représenté l’épée à la main, en défenseur de la nation bohémienne. Les rois prěmyslides invoquent le saint lors des combats et, dès la fin du xiiie s., l’épée de Venceslas sert à adouber les nouveaux chevaliers à la cour de Prague. Charles IV fait agrandir la cathédrale Saint-Guy de Prague, avec une chapelle magnifiquement ornée dédiée à saint Venceslas. En 1346, il décide que la couronne de Bohême portera désormais le nom de « couronne de saint Venceslas », et cette dénomination survivra.

Le culte de saint Venceslas est très répandu dans le peuple de Bohême. Le cantique de saint Venceslas composé au xiiie s., ou au xive s., en langue tchèque, à la fois religieux et national, correspond à une période d’éveil national à l’époque des Přemyslides. Il continue à être chanté de nos jours dans les églises tchèques. Mais le culte de Venceslas est commun aux deux nationalités de la Bohême : le nom de Wenzel est aussi répandu parmi les Allemands que Václav parmi les Tchèques.

À l’époque baroque, saint Venceslas est célébré par les catholiques de la Contre-Réforme, surtout à partir de la fin du xviie s. Avec saint Jean Népomucène (v. 1330 - v. 1393), il est le grand saint de la Bohême, et on les trouve sur les calvaires et colonnes votives associés à saint Jacques et à saint Roch.

La renaissance nationale du xixe s. exalte en lui le défenseur de la nation. En 1848, le Congrès slave de Prague s’ouvre par une messe sur la place du Marché-aux-Chevaux, près d’une ancienne statue de saint Venceslas ; la place devient, à la fin du siècle la place Saint-Venceslas (Václavské náměstí), et, en 1908, y est installée une statue de bronze due au meilleur sculpteur tchèque de ce temps, Josef Václav Myslbek (1848-1922). Son socle porte les vers du cantique : « Saint Venceslas, ne nous laisse pas périr, nous et notre descendance. » La place Saint-Venceslas devient dès lors le centre des grandes manifestations nationales.

B. M.

➙ Bohême.

 F. Dvornik, Svatý Václav (Saint Venceslas) [Rome, 1968].