Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vatican (État de la cité du) (suite)

L’exécutif est confié à un délégué spécial, assisté d’un secrétaire général du gouvernorat et d’un conseil de vingt-quatre laïques romains et de six membres étrangers honoraires. Le gouvernorat comprend dix directions générales : 1o affaires générales, philatélie, numismatique, bureau légal, personnel et état civil, comptabilité, postes et télégraphes, marchandises, tribunal de première instance, bureau d’information ; 2o monuments, musées et galeries pontificaux ; 3o services techniques, bâtiments, installations, aménagements, surintendance, inspection, restauration, service auto et téléphone ; 4o Radio-Vatican ; 5o services économiques ; 6o services sanitaires ; 7o observatoire de Castel Gandolfo ; 8o études et recherches archéologiques ; 9o direction des villas pontificales de Castel Gandolfo ; 10o service civil de surveillance (87 membres), qui, avec les gardes suisses (75), constitue l’ensemble des forces de protection et de police. Tout le personnel bénéficie de la sécurité sociale. La monnaie de l’État de la cité du Vatican suit les fluctuations de la lire italienne. Le commerce est monopole d’État.


Le pape et la curie romaine

L’État de la cité du Vatican n’existe que pour permettre au pape d’exercer en toute indépendance son pouvoir spirituel au service des 670 millions de catholiques répandus à travers le monde, en collégialité avec ses frères dans l’épiscopat. Afin d’exercer cette tâche complexe, l’évêque de Rome s’est constitué autour de lui un groupe de collaborateurs stables, qui l’aident dans l’examen et la solution des innombrables affaires soumises à sa décision. Telle est l’origine de la curie romaine, formée de commissions de cardinaux, peu à peu institutionnalisées depuis le xvie s. de manière assez empirique.

L’ensemble des bureaux qui la constituent la font souvent comparer aux rouages d’un État, dont le chef monarchique serait le souverain pontife assisté d’un Premier ministre, le cardinal secrétaire d’État, directement chargé de deux organismes : la Secrétairerie d’État, ou secrétariat du pape, et le Conseil pour les affaires publiques de l’Église, sorte de ministère des Affaires étrangères. Les autres grands secteurs d’activité de l’Église catholique sont confiés à autant de ministères, appelés dicastères ou congrégations. L’ensemble ne régit nullement des Églises qui lui seraient subordonnées, mais est au service de l’évêque de Rome, garant de leur unité dans une même communion de foi et de charité. Créée par Sixte Quint (constitution Immensa aeterni Dei du 22 janvier 1588) et réorganisée par Pie X au lendemain de la disparition du pouvoir pontifical temporel (constitution Sapienti consilio du 29 juin 1908), la curie romaine a été réformée par Paul VI, selon le désir du deuxième concile du Vatican*, par la constitution apostolique Regimini Ecclesiae universae du 15 août 1967, entrée en vigueur le 1er mars 1968 et suivie, depuis lors, d’une série de mesures complémentaires.


La Secrétairerie d’État

Sous l’autorité du cardinal secrétaire d’État, la Secrétairerie d’État est dirigée par un substitut. Elle peut être comparée au cabinet privé d’un chef d’État et au secrétariat général d’un gouvernement. Chargée de préparer la correspondance ordinaire avec les évêques, les représentants du Saint-Siège, les gouvernements et leurs ambassadeurs, le clergé et les fidèles, elle fait en même temps fonction de plaque tournante entre les divers organismes de la curie. Pour faire face au volume croissant du courrier, des équipes de collaborateurs travaillent en diverses sections linguistiques (italien, anglais, français, espagnol, allemand et portugais pour l’essentiel). Les services généraux regroupent le chiffre, le protocole, l’expédition, les télégrammes, la reprographie et la dactylographie. Les autres sections se répartissent ainsi : rapports avec les dicastères de la curie, lettres et brefs apostoliques, bureau d’information-documentation, cérémonial, organismes internationaux, bureau du personnel, services administratifs, bureau central de statistique de l’Église, archives. Les employés sont au nombre d’une centaine : prêtres séculiers, religieux et laïques, dont une quinzaine de femmes depuis 1968. Le personnel est astreint à un horaire hebdomadaire de trente-trois heures, sans compter les permanences des dimanches et jours de fête, et doit toujours se tenir à la disposition de ses chefs de service.


Le Conseil pour les affaires publiques de l’Église

À côté de l’activité intense de la Secrétairerie d’État, au même troisième étage du palais du Vatican, c’est-à-dire au voisinage immédiat du Saint-Père, se déroule l’action plus discrète, mais non moins importante, du Conseil pour les affaires publiques de l’Église.

C’est le domaine de la diplomatie pontificale, dont les agents se définissent en premier lieu par leur fonction ecclésiale et pastorale auprès des Églises locales, et, en second lieu seulement, par leur charge diplomatique auprès des gouvernements, selon les dispositions prises par Paul VI dans le motu proprio Sollicitudo omnium ecclesiarum du 24 juin 1969. Le Saint-Siège, qui est comme le gouvernement central de l’Église catholique au plan international, jouit, en effet, des prérogatives reconnues aux États souverains par le droit international, c’est-à-dire avant tout le droit de légation actif et passif, qui lui donne la faculté d’envoyer et de recevoir des agents diplomatiques.

Dans l’esprit du deuxième concile du Vatican, la diplomatie pontificale n’entend revendiquer aucun privilège du pouvoir civil, mais obtenir une authentique liberté pour tous les fidèles et collaborer au bien commun des peuples et à la paix entre les nations. Comme Paul VI le déclarait devant les représentants des Nations unies à New York le 5 octobre 1965, cet échange de représentants manifeste hautement l’esprit d’indépendance et de collaboration réciproque qui marque les relations entre l’Église et l’État, après des siècles de subordination, puis de séparation. Le premier de ces représentants du pontife romain est le nonce, de droit doyen du corps diplomatique, selon le règlement de Vienne de 1815, confirmé par la nouvelle convention de Vienne de 1961 : hommage rendu aux valeurs spirituelles et morales, dont le Saint-Siège se veut le gardien dans la communauté internationale. Le prononce est un représentant diplomatique pontifical qui, comme le nonce, est accrédité par des lettres de créance d’ambassadeur, mais ne jouit pas du décanat de droit. Lorsque, enfin, il n’existe pas de relations diplomatiques avec un pays où l’Église est cependant présente par sa hiérarchie et ses fidèles, le Saint-Siège est représenté auprès de cette Église locale par un délégué apostolique.

Le Saint-Siège dispose à travers le monde de 77 nonciatures, dont 42 sont dirigées par un prononce, et de 19 délégations apostoliques. Il faut y ajouter ses représentants permanents auprès des grandes organisations internationales, soit actuellement 10 envoyés.