vassalité (suite)
vassalus, doublet du mot vassus, formé sans doute sur l’adjectif celtique dérivé de gwas. Le mot vassalus, dont dérive le vocable français vassal, désigne, à partir du xe s. en France et du xie s. en Allemagne, un homme dont la dépendance personnelle à l’égard d’un dominus est consacrée par la prestation de l’hommage et d’un serment de foi à ce dernier, qui, en échange, lui remet un bien : le fief, ainsi nommé depuis la fin du ixe s.
vassus, terme dérivé du mot celtique gwas, latinisé très tôt et signifiant « jeune garçon », « serviteur ». Il désigne un esclave dans la Gaule mérovingienne selon la lex salica, qui date du début du vie s. S’il garde ce sens jusqu’au viiie s., il en acquiert un autre dès le viie s. : celui d’homme libre en état de dépendance, ainsi que l’attestent certains textes de la lex Alamannorum et de la lex Bajuvariorum.
vassus casatus, littéralement « vassal chasé », c’est-à-dire vassal royal qui obtient des souverains carolingiens un bénéfice en général prélevé sur les domaines des anciens souverains ou sur ceux des rebelles dans les pays récemment conquis : Aquitaine, Italie, Bavière, etc.
vassus ou vassalus dominici, littéralement « vassal du seigneur » ; en fait « vassal du seigneur roi », jouissant d’une considération particulière, parfois qualifiée d’« honor » en raison de l’importance des hautes fonctions politiques, judiciaires et administratives qui lui sont généralement confiées par les souverains carolingiens. S’il ne réside pas à proximité du palais royal, il prête serment au souverain entre les mains des missi dominici.
vassus pauperior, littéralement « vassal pauvre », expression par laquelle les Annales de Lorsch désignent dédaigneusement au début du ixe s. le vassal entretenu par le roi au palais et donc non chasé.
vassus regalis, littéralement « vassal royal » ; en fait « vassus dominici », « chasé » (casatus) dans une partie du royaume, mais non titulaire d’honores (fonction publique). Soutenant avec vigueur, au ixe s. et au début du xe, les rois contre les prétentions des potentats locaux (ducs, marquis, comtes), les vassi regales sont généralement médiatisés par ces derniers au xe s.
P. T.
➙ Capétiens / Carolingiens / Charlemagne / Charles II le Chauve / Féodalité / Louis Ier le Pieux / Mérovingiens.
P. Guilhiermoz, Essai sur l’origine de la noblesse en France au Moyen Âge (A. Picard, 1902). / Recueils de la Société Jean Bodin, les Liens de vassalité et les immunités (Libr. encyclopédique, Bruxelles, 1936 ; 2e éd., 1959). / M. Bloch, la Société féodale (A. Michel, coll. « Évolution de l’humanité », 1939-40 ; nouv. éd., 1968, 2 vol.). / F. L. Ganshof, Qu’est-ce que la féodalité ? (Office de publicité, Bruxelles, 1944 ; 4e éd., Presses universitaires de Bruxelles, 1968). / G. Duby, la Société aux xie et xiie siècles dans la région mâconnaise (A. Colin, 1954). / R. Coulborn (sous la dir. de), Feudalism in History (Princeton, 1956 ; nouv. éd., 1965). / R. Boutruche, Seigneurie et féodalité (Aubier, 1959-1970 ; 2 vol.). / G. Fourquin, Seigneurie et féodalité au Moyen Âge (P. U. F., 1970).
