Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Varsovie (suite)

Enfin, la reconstruction s’est attaquée à des quartiers périphériques : sur la rive gauche, au sud (le long de la Vistule, se trouvent le parc Łazienkowski, réorganisé, les ambassades et le ministère des Affaires étrangères), à l’ouest (des quartiers résidentiels ont succédé aux interminables faubourgs le long des routes radiales) et au nord (des grands ensembles proches des usines réduisent les mouvements pendulaires) ; sur la rive droite, notamment à Praga et à Bródno.

Les tendances sont dans l’allongement du nord au sud (tracé qui devrait être suivi par une ligne de métro), l’abandon de la zone industrielle au pied du coteau de la Vistule, la décongestion des quartiers du centre, l’extension sur la rive droite, la création d’« unités de voisinage » de 10 000 à 30 000 habitants (ce qui donne des densités de 400 par hectare), réunies en « quartiers » de 40 000 à 70 000 habitants et entièrement équipées sur les plans social, sanitaire, scolaire, commercial et culturel (on compte actuellement 75 unités). Les zones vertes ont été préservées et agrandies (2 000 ha à l’intérieur de la ville, sans compter sa ceinture boisée).

Le financement de la construction a été assuré jusqu’en 1963 par l’État et la ville, et depuis, par les coopératives, qui possèdent environ le tiers des logements.

Le rythme de construction est passé de 8 500 logements en 1955 à 25 000 aujourd’hui. Le rapport de 1,35 personne par pièce (Pologne : 1,40) devrait passer, avec la construction de 430 000 logements d’ici à 1985, à 1 personne par pièce.

Enfin, le périmètre de la ville s’est accru en englobant d’anciennes petites villes de résidence de la périphérie : Varsovie s’étend sur 446 km2.


Le renouvellement démographique

Après la fin des hostilités, la population s’est accrue à un rythme rapide ; déjà presque un demi-million d’habitants en 1946, et le million est atteint vers 1955. Mais le taux de croissance, qui se maintint à environ 4 p. 100 par an entre 1950 et 1956, fléchit progressivement après. Les excédents annuels tombèrent de 50 000 habitants par an dans les années 1946-1953, à 20 000 dans les années suivantes. Les migrations ont intéressé presque toutes les régions de la Pologne et particulièrement la voïévodie de Varsovie (nouveaux venus dans la capitale, mais retour surtout d’anciens Varsoviens, qui avaient quitté la ville durant la guerre ou qui avaient été expulsés par les Allemands). On considère qu’en 1950 les trois quarts de la population se composaient d’habitants de l’avant-guerre. Les autres habitants sont originaires pour 40 p. 100 de la voïévodie de Varsovie, pour le reste des voïévodies de Kielce et de Lublin, ainsi que de Polonais vivant à l’étranger et ayant regagné leur patrie.

La population s’est également accrue par le mouvement naturel. Les taux de mortalité, élevés avant la Première Guerre mondiale (13 p. 1 000), sont tombés pour la première fois à moins de 10 p. 1 000 en 1950 et se maintiennent depuis au-dessous de ce chiffre. La natalité, qui s’élevait à 30 p. 1 000 au début du siècle, fléchit à 15 p. 1 000 et même moins dans les années 30, se relève à plus de 20 p. 1 000 jusqu’en 1956 et se situe à 15 p. 1 000 depuis le début des années 60, si bien que l’excédent naturel annuel est d’environ 0,5 p. 100. Le manque de logements spacieux, malgré tous les efforts de la construction, le désir d’équiper les appartements et de posséder une voiture expliquent en partie la relative faiblesse de la natalité, par rapport aux petites villes et aux campagnes polonaises.


Fonctions et structures socio-professionnelles

Avant 1939, la population active se répartissait ainsi : 26 p. 100 dans l’industrie et le bâtiment, 16 p. 100 dans l’artisanat, 20 p. 100 dans le commerce, 21 p. 100 dans les administrations et les professions libérales, le reste étant dispersé entre plusieurs secteurs de moindre importance appartenant aux services. Après la guerre, la proportion des ouvriers de l’industrie et du bâtiment s’élève à 47 p. 100 : Varsovie, ville de manufactures et d’artisanat, devient une grande cité industrielle. De 100 000 environ en 1939, le nombre d’ouvriers passe à 350 000, ce qui représente 6,5 p. 100 du total de la population industrielle de la Pologne. On dénombre 3 500 entreprises industrielles, mais 44 entreprises employant chacune plus de 1 000 ouvriers concentrent plus de la moitié de la population industrielle. La métallurgie et la mécanique occupent la première place, assurant 55 p. 100 de la valeur de la production globale ; la chimie en fournit plus de 10 p. 100 ; le reste se répartit entre la polygraphie, le travail du cuir, l’alimentation et un peu de textile (celui-ci étant surtout représenté dans la région de Varsovie, dans la ville de Żyrardów). Ce sont les industries chimiques et électrotechniques qui se développent le plus rapidement. Parmi les principales entreprises, on compte : l’aciérie Warszawa, située au nord de l’agglomération et produisant annuellement 400 000 t d’aciers spéciaux ; l’usine d’automobiles située sur la rive droite, produisant des voitures de tourisme de marque Warszawa, et, depuis peu, à la suite d’un accord conclu avec Fiat, la petite voiture « Polski Fiat » ; enfin des usines de matériel électrique et électronique. Les zones industrielles se situent principalement à l’ouest (quartier de Młynów), sur la rive droite (à Praga et à Żerań) et, en général, dans tous les quartiers extérieurs.

Varsovie est ainsi devenue le second foyer industriel de la Pologne, après le bassin de Haute-Silésie.

Le secteur des services représente 52 p. 100 de la population active (taux le plus élevé de toutes les villes polonaises), dont 15 p. 100 dans le seul domaine des emplois de l’Administration publique. Varsovie joue donc pleinement son rôle de capitale. Elle est le siège d’un grand nombre d’entreprises commerciales et des organismes d’export-import. La Banque nationale de Pologne emploie plus de 3 000 salariés. Le domaine de la culture occupe plus de 13 p. 100 des actifs. Varsovie est le siège de l’Académie polonaise des sciences, de treize écoles supérieures, dont l’École polytechnique (25 000 étudiants), d’une grande université (13 000 étudiants). Ses bibliothèques renferment la moitié des ouvrages conservés par toutes les bibliothèques polonaises. La ville compte une vingtaine de musées. Il faut ajouter l’Opéra, une quinzaine de théâtres et de nombreux autres lieux de spectacle et de distraction. Enfin, la capitale de la Pologne a une puissante station de radio et de télévision, et son aéroport est un des plus actifs de l’Europe de l’Est. Le tourisme commence à se développer en Pologne, et la capitale, grâce à ses nouveaux hôtels et à ses services d’accueil, voit passer ou séjourner plusieurs centaines de milliers d’étrangers par an.

Cependant, elle est loin d’accaparer les fonctions de services comme des capitales d’autres pays socialistes, Sofia et surtout Budapest. Les grandes métropoles régionales équilibrent la centralisation d’une capitale, qui ne prend jamais de caractères excessifs.