Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Varèse (Edgard) (suite)

De retour en Amérique, il se heurta de nouveau à l’impossibilité de travailler dans un studio correctement équipé. Il destina donc Nocturnal à une voix de soprano, et chœur de basses à des instruments traditionnels. Il se rapprochait du dépouillement d’un Erik Satie*, lorsqu’il mourut. Nocturnal fut achevé, puis édité par son exécuteur testamentaire, Chou Wen-chung. Cette dernière partition sonne comme un requiem.

O. V.

 F. Ouellette, Edgard Varèse (Seghers, 1966). / G. Charbonnier, Entretiens avec Edgard Varèse, suivis d’une étude de l’œuvre par Harry Halbreich (Belfond, 1970). / L. Varèse, Varèse, a Looking-Glass Diary, vol. I : 1883-1928 (New York, 1972). / H. Jolivet, Varèse (Hachette, 1973). / O. Vivier, Varèse (Éd. du Seuil, 1973).

variation

Notion exprimant le fait que les descendants ne sont pas rigoureusement identiques à leurs ascendants (tant dans le règne végétal que dans le règne animal).


Assez complexe et confuse, cette notion s’est progressivement clarifiée ; les diverses analyses révèlent que la variation se présente sous deux aspects principaux : la variation discontinue et la variation continue.


Variation discontinue

Elle correspond à l’apparition brusque, dès la naissance, d’un ou de plusieurs caractères nouveaux, bien différenciés ; d’emblée héréditaires, ce caractère ou ces caractères constituent une mutation. Ce terme est de H. De Vries ; il est regrettable qu’il ait été utilisé auparavant par le paléontologiste L. Waagen pour désigner des variations insensibles et continues ; l’acception du terme est donc différente. En outre, De Vries a défini la mutation sur des exemplaires d’Œnothères qui en réalité n’étaient pas des mutants ; mais l’usage a consacré le terme de mutation.

La mutation, d’amplitude diverse, qui crée une discontinuité dans l’espèce en modifiant le génotype, revêt plusieurs aspects : mutations géniques, ou ponctuelles, mutations chromosomiques (variations structurales et numériques des chromosomes) [v. génétique].


Variation continue

Due à l’action de l’environnement (considéré dans son sens le plus général), son amplitude est plus ou moins grande ; elle est réversible, c’est-à-dire non héréditaire. Prenons un exemple bien connu : une plante vivace de plaine est partagée en deux parties ; l’une est laissée dans son milieu habituel ; l’autre est plantée dans une station de montagne. Au bout de quelques années, l’aspect des deux plantes est totalement différent ; la plante alpine ne ressemble pas à la plante de plaine ; elle est petite, voire naine, avec des feuilles rassemblées près du sol, formant des touffes et couvertes d’un feutrage ; de l’anthocyane se développe, la coloration est plus vive ; le type alpin classique est acquis ; un accommodat est réalisé. Cette plante à faciès alpin, replantée en plaine, se modifie et réacquiert les caractères de la plante de plaine. Les modifications acquises, propres à l’accommodat, n’affectent pas le génotype et ne sont pas héréditaires. Elles ne portent que sur le soma ; c’est pourquoi le terme somation*, créé par Ludwig Plate (1913), est synonyme d’accommodat.

Un accommodat, une somation correspondent aux variations dans l’expression des potentialités d’un organisme, c’est-à-dire aux phénotypes apparaissant sous l’action de divers facteurs (humidité, température, lumière, salinité, alimentation...). L’étude des variations des phénotypes relève d’une science, la phénogénétique.

Il convient de noter immédiatement que certaines somations copient pour ainsi dire des mutations ; par exemple, un Genévrier de plaine (Juniperus communis) planté en montagne acquiert le phénotype prostré caractéristique d’une altitude supérieure à la limite forestière ; il ressemble alors à un autre Genévrier montagnard (J. nana) qui vit normalement dans les Alpes et les Pyrénées ; souvent, les deux espèces se trouvent côte à côte. Mais la différence entre elles se manifeste lors de la plantation de leurs graines en plaine ; les graines de communis donnent une plante érigée, alors que les graines de nana produisent des nana typiques à faciès alpin. Ces somations spéciales sont des phénocopies (mot de R. B. Goldschmidt, 1935). Nous en signalerons un autre exemple. Des substances tératogènes provoquent, chez les embryons de Vertébrés, des malformations variées qui copient les malformations spontanées. Ces deux catégories de malformations résultent de causes totalement différentes ; les malformations provoquées sont des phénocopies.

L’existence des phénocopies pose un problème de méthode ; une étude correcte des accommodats ou des somations des individus d’une même espèce fréquentant des milieux contrastés (plaine, montagne, eau douce, eau salée, surface du sol, caverne...) exige une connaissance précise du génotype ; ainsi sera évité le risque de confondre les divergences d’origine soit somatique, soit génétique. Le matériel expérimental idéal serait des jumeaux monozygotes porteurs du même génotype ; les différences phénotypiques liées à une vie dans des conditions diverses seraient des somations.

Il faut également se méfier des expériences naturelles ; par exemple, les cavernicoles, hôtes des grottes, comptent de nombreux individus aveugles, alors que les espèces alliées, superficielles, possèdent des yeux. Cette cécité résulte-t-elle de l’obscurité et du non-usage des yeux ou bien la présence d’yeux dégénérés est-elle antérieure à l’entrée dans le milieu souterrain ?


Somations végétales

Incapables de fuir, les plantes doivent supporter l’action de l’environnement ; elles s’accommodent ou disparaissent. Elles présentent donc de nombreuses variations, accommodats ou morphoses ; selon l’agent responsable, ce sont des hygromorphoses (humidité), xéromorphoses (sécheresse), thermomorphoses (chaleur), photomorphoses (lumière), halomorphoses (salinité)...

L’absence d’humidité modifie l’aspect de la plante, car la croissance en longueur est inhibée ; les sols secs hébergent des formes rabougries caractéristiques ; au contraire, un air humide entraîne un allongement. La forme des feuilles présente parfois des modifications selon leur immersion ou leur submersion dans l’eau. Les climats secs favorisent le développement des piquants ; l’Ajonc, dont presque toutes les feuilles sont transformées en piquants, cultivé dans une atmosphère saturée d’eau, perd ses piquants, et des feuilles à folioles se développent.

Les basses températures ralentissent la croissance, d’où l’aspect rabougri des plantes montagnardes. Des plantes maintenues à des températures différentes changent de couleurs.

Les plantes du littoral maritime montrent souvent des caractères de xérophytes : feuilles charnues couvertes de poils, fleurs de couleurs vives. Plantées à l’intérieur des terres, certains caractères disparaissent ou diminuent d’intensité.