Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Var. 83 (suite)

Le climat montre une zone de transition entre les pays du Bas-Rhône (avec un ensoleillement plus important, un nombre de jours de gel plus réduit, facilitant à la fois les cultures de primeurs et une fréquentation touristique plus étalée dans l’année) et la Côte d’Azur. Mais l’aridité des étés favorise la propagation et la multiplication des incendies dans la pinède et la suberaie (forêt de chênes-lièges). La forêt varoise, largement endommagée, détient un record peu enviable : 120 000 ha au total ont été détruits au cours de la dernière décennie. De plus, les pins maritimes subissent depuis quelques années les attaques d’un parasite qui détruit rapidement des arbres centenaires ; enfin, les progrès de l’habitat pavillonnaire contribuent encore à la régression d’espaces jusqu’ici boisés. Depuis 1962, le nombre de permis de construire accordés dans le département ne s’est jamais abaissé au-dessous de dix mille par an.

La population, en croissance rapide, est surtout concentrée dans les villes (87 p. 100 dans des centres comptant au moins 10 000 hab.). Entre 1968 et 1975, Draguignan a progressé de plus de 15 p. 100 ; Brignoles, de 11 p. 100, plus que Toulon (4 p. 100). L’ensemble Toulon-La-Seyne-sur-Mer offre plus de 16 000 emplois industriels et regroupe plus de 220 000 habitants. Viennent ensuite Hyères (39593 hab.), Fréjus (30 607 hab.), fière de ses héritages romains, Draguignan (22 406 hab.), ancienne capitale administrative, et Saint-Raphaël (21 368 hab.). De 1936 à 1975, l’arrondissement de Draguignan n’a gagné que 72 000 habitants, mais Fréjus, Sainte-Maxime et Saint-Raphaël ont vu plus que doubler leur population ; l’arrondissement de Toulon a gagné 152 000 habitants, et désormais la seule ville concentre le tiers de la population du département ; le ruban littoral continue à bénéficier de l’essentiel de la progression démographique.

La production viticole est de qualité avec plus de 2 Mhl de vin, dont les « rosés de Provence » ; s’y ajoutent 850 ha de fleurs (glaïeul, œillet, mimosa, anémone) et 15 000 ha de cultures fruitières et maraîchères (artichaut, pêche, raisin).

Le bassin de Brignoles fournit les trois quarts des bauxites françaises (2,5 Mt sur un total de 3,3 Mt en 1973). Un millier de mineurs se répartit entre les différentes firmes, Aluminium Pechiney (650), Sabop (S. A. des bauxites et alumines de Provence, filiale d’Alcan), Alusuisse-France. Cependant, on peut se demander quel sera l’avenir du bassin devant les importations réalisées ou prévues (de Guinée en particulier) ; les gisements d’accès aisé sont déjà écrémés, et la mine de Mazaugues atteint déjà la cote – 400 m.

Le tourisme reste une activité essentielle par : la présence de stations renommées au niveau international comme Saint-Tropez* ; l’extension de cités lacustres à Port-Grimaud et aux marines de Cogolin, à la Désirade sur les Salins-d’Hyères, qui comptera 7 000 logements et autant de places de mouillage à quai ; la fréquentation accrue des plages, Bandol et Sanary-sur-Mer, Les Sablettes et Saint-Mandrier-sur-Mer, Cavalaire-sur-Mer, Sainte-Maxime et Saint-Raphaël, etc. ; l’agrandissement de ports déjà existants comme à Bormes-les-Mimosas et la descente des « villages perchés », qui voient se multiplier les résidences secondaires. Mais, à la différence de la Côte d’Azur, se maintient dans le Var un tourisme social important ; les nombreuses colonies de vacances placent le département au premier rang de la Région (approximativement 800 000 journées d’accueil pour les enfants) et certainement de toute la façade méditerranéenne.

R. D. et R. F.

➙ Côte d’Azur / Provence-Côte d’Azur / Saint-Tropez / Toulon.

varech

Le terme de varech, d’origine normande, est très ancien, mais, jusqu’à la fin du xviie s., il a désigné les épaves de la mer, de quelque origine qu’elles soient ; il ne s’applique plus qu’aux épaves d’Algues* ou encore aux Algues côtières elles-mêmes. Le terme breton de goémon a exactement la même signification.


Le varech est constitué par les végétaux marins poussant à proximité de la côte et susceptibles d’être coupés à marée basse ou récoltés en épaves (laisses de mer). Les plus abondants de ces végétaux sont des Fucus et des Laminaires, Algues brunes dans les deux cas ; on trouve également d’autres Algues brunes, des Algues rouges, des Algues vertes et même des débris de Phanérogames marines. Bien entendu, la composition spécifique de ces varechs varie considérablement avec le lieu ainsi qu’avec l’époque ; leur composition chimique également.

Les Laminaires ainsi que des Algues rouges fournissent à l’industrie des produits bien définis (alginates, agar-agar) et peuvent être utilisées, après quelques manipulations, même dans l’économie domestique, pour confectionner des gelées alimentaires. On se sert alors plutôt des Algues récoltées sur pied, pour assurer la qualité du produit ; il est bien rare en effet que, dans un tas de varech, une partie au moins ne soit pas promptement décomposée et donc inutilisable pour de tels usages.

Par contre, on peut faire sécher le varech pour en faire un matériau de rembourrage (literie à usage humain, litières pour le bétail) ; ce sont alors les Fucus et autres Fucales qui sont les plus appréciés, vu la résistance de leurs parois.

Mais aujourd’hui le varech n’est plus guère employé que comme engrais. Pour ce faire, il est mis en tas, dessalé, épandu et enfin enfoui. Il contient au départ des sucres, des mucilages, des huiles, des protéines, des sels minéraux, mais le stockage, le dessalage et l’enfouissement modifient profondément sa composition grâce à l’attaque bactérienne classique, qui provoque des phénomènes de putréfaction et d’humification ; c’est en quelque sorte un engrais vert, comparable, sinon identique, au Trèfle ou à la Luzerne, que l’on peut incorporer au sol pour l’améliorer. Le varech est donc, comme dans tous les cas semblables, un producteur de micro-organismes qui assureront la fertilisation du sol.

Une autre pratique consiste à brûler le varech suffisamment desséché. En réalité, cela ne se faisait de façon courante que lorsqu’on cherchait à retirer des cendres de la soude et de l’iode ; cela se pratique encore lorsqu’on s’efforce surtout d’enrichir le sol en sels minéraux.