Valenciennes (suite)
La Réforme protestante fait à Valenciennes suffisamment de progrès pour que, en 1566, les Réformés soient un moment les maîtres de la ville. Déclarée rebelle, prise par les Espagnols en 1567, celle-ci vit sous la terreur du duc d’Albe, mais elle reste fidèle à l’Espagne — qui assure ses débouchés commerciaux et sa prospérité culturelle — durant les troubles des Pays-Bas (1576-1582) et la guerre des trois Henri (1582-1598). Si bien que c’est sans joie que, le 17 mars 1677 — après un siège long et meurtrier —, les Valenciennois se rendent aux troupes de Louis XIV : le roi de France laisse d’ailleurs à la ville et à sa bourgeoisie leurs privilèges (20 mars), qui sont entérinés par le traité de Nimègue (1678) : celui-ci fait de Valenciennes une ville française. Il n’empêche que Valenciennes connaît alors une pénible période d’adaptation, d’autant plus que s’y répercute la misère sanglante des dernières guerres de Louis XIV (Malplaquet, 1709 ; Denain, 1712).
Siège de l’intendance du Hainaut, Valenciennes jouit au xviiie s. d’une grande prospérité, grâce, notamment, à la draperie, à la dentelle et aussi à l’exploitation du charbon de terre dans les environs. C’est alors qu’elle mérite pleinement le titre d’« Athènes du Nord » : car, bien avant la création de l’académie de peinture et de sculpture (1782), elle s’honore d’être la patrie, entre autres, des peintres Antoine Watteau* et Jean-Baptiste Pater (1695-1736) ainsi que du graveur Charles Eisen (1720-1778).
La vente des biens nationaux et les effets désastreux du siège de 1793 par les Autrichiens — Valenciennes a été le point de départ de l’armée du Nord — privent la ville d’une bonne partie de ses nombreux monuments religieux. Lors de la création des départements (1790), Valenciennes ne peut obtenir d’être le chef-lieu d’un département formé avec l’ancienne généralité du Hainaut : elle n’est que chef-lieu de district, titre qu’elle perdra en l’an VIII. Ville autrichienne du 30 juillet 1793 au 30 août 1794, elle connaît ensuite la Terreur jacobine (exécution d’émigrés, de prêtres réfractaires et de la communauté des Ursulines), mais la Convention reconnaît qu’elle « a bien mérité de la patrie » (1795).
Ruinée, la ville ne devient chef-lieu d’arrondissement qu’en 1824. Elle relève progressivement son commerce (toiles, dentelles) en attendant que l’exploitation intensive et diversifiée du bassin charbonnier en fasse la métropole industrielle de la vallée de l’Escaut. Parallèlement, sa renommée culturelle s’étend avec Jean-Baptiste Carpeaux* et bien d’autres artistes. Si bien que sous le second Empire se fortifie un courant d’opinion qui voudrait voir Valenciennes devenir le chef-lieu d’un département de l’Escaut : le poids économique et démographique de la ville et de sa région n’ayant cessé de s’accroître, cette question est plus que jamais à l’ordre du jour, d’autant que l’établissement d’un centre universitaire a récemment ravivé la tradition culturelle de la ville.
Valenciennes a beaucoup souffert des deux guerres mondiales ; en 1940, notamment, une bonne partie de son centre a été incendiée.
P. P.
➙ Escaut (l’) / Hainaut / Nord / Nord-Pas-de-Calais.
H. Lancelin, Histoire de Valenciennes depuis ses origines (Giard, Valenciennes, 1933).