Urbino (suite)
Le palais fut achevé sous la direction de Francesco di Giorgio Martini* (auteur, également, d’une église à plan ramassé, San Bernardino). Dans les salles aux voûtes harmonieuses, la décoration, répartie avec discernement, témoigne d’un goût exquis. Des stucs ornent les cheminées et les encadrements de portes ; les vantaux comptent parmi les chefs-d’œuvre de la tarsia, cet art qui fait servir l’assemblage de bois découpés à une représentation très intellectuelle de l’espace et des volumes. Botticelli* et d’autres grands artistes ont pu donner les dessins de ces vantaux, comme ceux des magnifiques tarsie, d’environ 1475, qui revêtent la zone inférieure du studiolo ducal, cabinet de travail dont le programme iconographique célèbre les activités de l’esprit. Ici, les panneaux représentent les Vertus théologales, des armures, des instruments de musique et de science, des livres, un paysage, etc. Sous un riche plafond à caissons, la zone supérieure du studiolo montrait, disposées sur deux registres, vingt-quatre figures peintes de philosophes, de théologiens, de savants et de poètes — les unes aujourd’hui au musée du Louvre, les autres à la Galleria delle Marche — ainsi qu’un portrait de Federico en armure et lisant un manuscrit, en compagnie de son jeune fils Guidobaldo (ibid.). L’attribution de cet ensemble semble devoir être répartie entre Joos Van Wassenhove (Giusto di Gand, v. 1435/1440 - apr. 1480), l’Espagnol Pedro Berruguete* et peut-être Melozzo* da Forli. Le premier, en tout cas, est l’auteur de la Communion des Apôtres peinte vers 1475, dans la manière flamande, pour le sanctuaire du Corpus Domini, avec une prédelle de Paolo Uccello* (Galleria delle Marche). Des séjours de Piero della Francesca, dont l’influence a été capitale, on garde le souvenir avec la Flagellation, la Madone de Senigallia (ibid.), le double portrait de Federico et de son épouse (Offices, Florence), la pala de San Bernardino (pinacothèque Brera, Milan).
Le palais abrite encore le temple des Muses, achevé au temps du duc Guidobaldo et dont les figures sont peintes par l’éclectique Giovanni Santi (v. 1440-1494), père de Raphaël*. Sous Francesco Maria Della Rovere, puis sous Guidobaldo II, dans la première moitié du xvie s., on relève les travaux de Titien* pour la cour ducale. C’est aussi, à Urbino comme à Gubbio et à Castel Durante (auj. Urbania), la grande époque de la majolique à l’éclatant décor lustré, dont Nicolo Pellipario (av. 1480 - entre 1540 et 1547) fut le maître le plus renommé.
L’affaiblissement du pouvoir ducal (qui aboutira en 1631 au rattachement d’Urbino au domaine de l’Église) amène dès la fin du xvie s. un dépérissement, auquel échappe cependant l’art aimable de Federico Barocci*.
B. de M.
P. Zampetti, Il Palazzo Ducale di Urbino e la Galleria nazionale delle Marche (Rome, 1951). / L. Moranti, Bibliografia Urbinate (Florence, 1959). / F. Mazzini, Guida di Urbino (Vicence, 1962).